L'article du Guardian publié le 31 juillet dernier révélant que des milliers de travailleurs migrants venus au Qatar se convertissaient au pentecôtisme a surpris beaucoup de personnes, moi en premier, je le concède.

En effet, je croyais béatement que, le Qatar étant officiellement un État islamique et au regard de la prédominance de la religion mahométane dans cette région du monde, mais également de ce que nous savons des pratiques de harcèlement contre les autres religions dans les États islamiques, il était pratiquement impossible d'y voir prospérer des chrétiens dans la manifestation de leur foi. Profitant de cette période de vacances, je me suis donc replongé dans la consultation de livres sur la diversité religieuse dans les monarchies du Golfe, et plus particulièrement sur le cas du Qatar.

C'est incontestable, l'islam est pratiqué dans ce pays par plus de 97 % de la population et seuls les étrangers, généralement expatriés travaillant pour de grands groupes internationaux, fréquentent d'autres lieux de culte que les mosquées.

Le Qatar entretenant des relations diplomatiques avec le Vatican, une grande église catholique a été consacrée à Doha. En outre, d'autres temples ont pignon sur rue, notamment pour les orthodoxes, les anglicans, les chrétiens d'Orient et d'Asie.

Ces religions sont acceptées mais tout en respectant une condition stricte : le prosélytisme est interdit.

Dans les faits, les chrétiens jouissent d'une liberté religieuse intimement liée au puissant employeur étranger à l'origine de leur expatriation. Le lien de subordination est donc un élément déterminant dans le libre arbitre des fidèles.

L'expatrié catholique français qui quitte ses bureaux de la Défense pour rejoindre la délégation à Doha de son employeur au Moyen-Orient n'aura aucun problème pour pratiquer sa foi religieuse.

Les migrants originaires de l'Inde, du Bangladesh, du Sri Lanka, de l'Indonésie et autres, qui viennent au Qatar pour des motifs économiques, sont totalement tributaires de leur employeur. Nous n'allons pas ici rappeler les diverses dénonciations des organisations des droits de l'homme sur les violences, les maltraitances, les viols et toutes les formes d'atrocités dans lesquelles exercent ces populations. C'est leur situation de travailleur asservi qui est régulièrement dénoncée dans les médias et qui pèse sur l'image de marque du pays dans l'organisation de la Coupe du monde de football 2022. Mais que peut faire un migrant économique face à un employeur musulman dans un État islamique ? Pas grand-chose. Se plaindre à son consulat, à la Justice, aux médias ? Nul doute que toute action dans ce sens signe automatiquement la fin de son rêve.

L'Église évangélique des pentecôtistes a la particularité de savoir s'adapter aux circonstances qui vont faciliter la transmission de son message. Elle n'est pas figée sur le jour de messe, sur le lieu de prière et sur le format des relais, ce qui est pratique dans un pays qui interdit le prosélytisme. Ainsi au Qatar, via WhatsApp, les fidèles relaient des informations nécessaires pour la communauté, se portent assistance les uns aux autres en sortant souvent du cadre de la loi local, et tout cela en se rassemblant nuitamment à des domiciles.

Ce modèle de relation, qui est celui généralement mis en place en temps de guerre, a l'avantage de rapidement développer un rapport pyramidal impressionnant, c'est la raison pour laquelle les migrants se tournent massivement vers ces Églises. Ils se sentent écoutés, ils se sentent protégés et obtiennent des réponses immédiates à leurs questions existentielles dans un pays musulman.

La question que nous sommes en droit de nous poser aujourd'hui est celle de la pérennisation de ces lieux de culte après la Coupe du monde de football car il y a fort à parier que, suite à l'article du Guardian, les autorités de l'État islamique mettent en place une action pour lutter contre la prolifération des pentecôtistes.

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09 août 2022 à 11:05

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6 commentaires

  1. Mais voyons les états islamiques tolèrent les chrétiens … si y a du fric à gagner…. Dans le foot il y a plus de fric que de spectateurs…

  2. Décidément , que de ressemblances entre les deux communautés sémites et «  frères -ennemis » !
    Avant toutes les vicissitudes de l’ Histoire , il est vrai que leur « récit familial » est carrément commun .
    Tant dans la filiation que la simple origine géographique .
    Un vrai remake de « le légitime et l’ illégitime » .

  3. Il ne devrait pas y avoir de pérennisation de lieux de culte, puisqu’il s’ agit de réunions dans des domiciles ( nocturnes dires vous). Et chez des migrants, donc, qui plus est, des personnes qui risquent fort de changer de domicile.

  4. Les « travailleurs – esclaves » du sous continent indien ne sont jamais des musulmans car le Coran interdit aux coraniques d’avoir un esclave musulman. Je le sais car je travaille au Moyen-Orient. De même pour les « généreux » donateurs d’organes.

    1. Quelle belle religion de paix et d amour qui interdit l esclavage de ses frères en islam, mais qui autorise, et ca perdure de nos jours,l esclavage des infidèles…

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