Les sondeurs et les sondés ne sont pas confinés et le télétravail bat son plein dans ces entreprises-là aussi. Muriel Pénicaud pourra les féliciter, et à plusieurs titres. En effet, les cotes de popularité du Président, du Premier ministre et de tous les ministres font des bonds prodigieux. Selon un sondage Harris Interactive-Epoka publié vendredi, la cote de confiance d’Emmanuel Macron gagne 13 points ! Il se retrouve ainsi, pour la première fois depuis deux ans, au-dessus de la barre des 50 % ! Même ascension vertigineuse pour celle d’Édouard Philippe, qui gagne 10 points (48 %). Quant au nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, il progresse de... 26 points, à 48 %. Pour Bruno Le Maire, c'est +10 points, pour Jean-Michel Blanquer (Éducation) +8, à 43 %, et Christophe Castaner gagne 7 points.

Chez certains macronistes, on n'a même pas la décence de cacher sa joie. Ainsi, ces réactions, glanées sur Twitter : « La crise des gilets jaunes avait divisé les Français ; celle du coronavirus les réunit, on voit que le corps social se resserre autour de la figure présidentielle. » Ou même : « Le match de 2022 est plié. Macron a déjà gagné ! »

La cause de ce regain de popularité, c'est uniquement le coronavirus, la « guerre » déclarée par Emmanuel Macron et la réaction de Français apeurés, bouleversés dans leur mode de vie, inquiets pour leurs parents et grands-parents, pour leur propre avenir aussi. Ce sondage traduit logiquement, aussi, un réflexe légitimiste d'unité nationale en temps de crise. Comme le dit Gilles-William Goldnadel, « la France n'et pas derrière Emmanuel Macron, elle est est derrière le président de la République ». Nuance que n'ont pas saisie nos petits macronistes. On se serre derrière le Président et le gouvernement. Même mauvais, même responsables de la situation. À la guerre comme à la guerre. Peut pas faire autrement.

Car, si nous en sommes là, avec les révélations qui tombent jour après jour - Agnès Buzyn savait, Jérôme Salomon avait prévenu, dès 2016, l'équipe de campagne de Macron que la France n'était pas préparée à une épidémie de ce type, etc. -, c'est bien que des fautes lourdes ont été commises par ceux qui nous gouvernent. Des manques d'anticipation gravissimes. De la légèreté coupable. Une absence de vision, de hiérarchisation des priorités. Pensez donc : il y a encore quelques semaines (il y a un siècle...), la priorité de ce gouvernement en matière de santé, c'était l'ouverture de la PMA, remboursée s'il vous plaît, pour les couples de femmes.

Pour le moment, les Français sont en mode survie, peur, unité. Nous avons déjà connu ce phénomène : après Charlie, la cote de popularité de François Hollande avait, elle aussi, bondi de 20 points, avec les prescriptions d'anxiolytiques. Cela ne dura qu'un mois, le temps que la peur se transforme en prise de conscience, puis en colère, et que les Français remontent le fil des responsabilités. On sait comment finit le bonhomme Hollande et sa cote de popularité. C'est aussi - et ce ne serait que justice - le destin qui attend son ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée.

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21 mars 2020 à 14:52

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