Conte de Noël : Les Idées de Liette, de Jules Lemaître

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Qu'est-ce que l'esprit de Noël, la magie de Noël ? C'est peut-être, le temps d'une lecture, retrouver son âme d'enfant.

Boulevard Voltaire propose, pour nous y aider durant ces quelques jours, une sélection de contes de Noël.

Aujourd'hui Les Idées de Liette, de Jules Lemaître (1853-1914), choisi et mis en forme par notre ami Antoine de Lacoste.

Liette a lu les Contes de Perrault, offerts par son parrain. Elle est déçue : plusieurs se terminent mal et d’autres voient les méchants qui ne sont pas punis. Elle n’accepte pas que le Petit Chaperon soit mangé, que la femme de l’Ogre soit si malheureuse ou que la femme de Barbe-Bleue risque la mort pour « une petite désobéissance de rien du tout ».

Alors, elle va transformer ces contes à l’occasion de Noël.
Le jour de Noël, Liette, ayant rassemblé ses petites amies, leur racontait des histoires, ce qui est un de ses grands plaisirs.
Six paires d’yeux limpides étaient fixées sur Liette, et six bouches roses buvaient ses paroles.
Liette disait :
En ce temps-là, Jésus naquit dans une étable, entre le bœuf et l’âne. Marie et Joseph étaient auprès de lui, et les bergers et les rois Mages vinrent l’adorer.
Vers la même heure, le Petit Chaperon rouge, qui ne se souvenait seulement plus d’avoir rencontré le loup, s’amusait à cueillir des noisettes, à courir après les papillons et à faire des bouquets de fleurs.
- Des fleurs à Noël, dit Zette ?
Liette méprisa l’objection et continua :
Elle ne s’était pas aperçue que la nuit venait. Le bois était noir. Le panier qu’elle portait à son bras, et où il y avait une galette et un petit pot de beurre, lui semblait bien lourd. Elle ne connaissait plus son chemin et se mit à pleurer. Mais elle aperçut très loin une petite lumière. Elle marcha de ce côté… et arriva à l’étable où Jésus était couché dans la crèche.
Elle fut d’abord surprise ; mais, comme l’Enfant Jésus lui souriait, elle l’embrassa et elle offrit à la Vierge sa galette, son petit pot de beurre et ses bouquets. La Vierge la remercia et lui dit : « Tu as bien fait de venir ici, petite : sans cela, tu aurais été mangée par le loup. Mais le loup n’a même pas pu manger ta mère-grand, car un homme l’a vu au moment où il essayait d’entrer et l’a chassé à coups de pierres. »
Alors la Vierge commanda à l’un des bergers de reconduire la petite fille chez ses parents, qui devaient être en peine. Et l’un des rois Mages trouva le Petit Chaperon si gentil qu’il voulut l’adopter. « Allez demander à mes parents », dit le Petit Chaperon. Et le roi Mage y alla ; il adopta le Petit Chaperon rouge et l’emmena dans sa Cour avec son père, sa mère et sa mère-grand.
Ce n’est pas tout, poursuivit Liette. Quand le Petit Chaperon rouge fut sorti de l’étable, la femme de l’Ogre arriva tout en pleurs.
Elle dit son malheur à la Vierge, et qu’elle venait de trouver ses sept filles égorgées. La Vierge lui répondit, après avoir parlé tout bas à l’Enfant Jésus : « Rentrez dans votre maison, pauvre femme ; vous y trouverez vos sept filles vivantes dans leurs lits ; elles seront même plus jolies qu’auparavant et, au lieu de leurs longues dents et de leurs nez crochus, elles auront de petites dents et des nez retroussés. Mais recommandez bien à votre mari de ne plus tuer les petits enfants.
- Je n’y manquerai pas, Madame, dit la femme de l’Ogre. Au reste, mon mari est très fâché d’avoir tué ses filles par mégarde et je crois que son chagrin l’a rendu meilleur.
- S’il en est ainsi, dit l’un des rois Mages, je le prendrai à mon service et il sera un des Suisses qui gardent mon palais. »
La femme de l’Ogre fit de grands remerciements et s’en alla bien contente.
Alors, madame Barbe-Bleue entra dans l’étable les cheveux épars, une petite clé à la main. Elle dit son aventure à la Vierge et combien elle craignait le retour de son mari. La Vierge prit la petite clé tachée de sang et la fit toucher à l’Enfant Jésus et le sang disparut aussitôt.
Et La Vierge rendit la clé à madame Barbe-Bleue qui la remercia beaucoup. Madame Barbe-Bleue rentra chez elle, et son mari ne sut jamais qu’elle lui avait désobéi. Il fut donc très gentil pour elle : mais, parce qu’il avait été très méchant en tuant ses premières femmes, il mourut quelques jours après d’un accident de chasse.

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