Confinement : les Français ont perdu le chemin de la salle de bains…

douche

N’étaient les bigoudis et les bas depuis longtemps remplacés par des ustensiles sophistiqués, on pourrait croire la chanson d’Aznavour écrite pour ces temps de confinement :

Tu t'laisses aller, Tu t'laisses aller
Tu es belle à regarder
Tes bas tombant sur tes chaussures
Et ton vieux peignoir mal fermé
Et tes bigoudis quelle allure
Je me demande chaque jour
Comment as-tu fait pour me plaire ?
[…]
Pour maigrir, fais un peu de sport
Arrange-toi devant ta glace
Accroche un sourire à ta face
[…]

Eh oui, c’est un sinistre constat qui ressort d’une étude de l’IFOP : pendant le confinement, l’hygiène des Français s’est dégradée. Globalement, s’ils se lavent les mains plus souvent, ils oublient de se laver le reste… Néanmoins, il faudrait un rectificatif à la chanson d’Aznavour : c’est davantage monsieur qui se laisse aller. En effet, selon l’étude en question, 74 % des femmes procèdent quotidiennement à une toilette complète, contre 81 % avant le confinement. Les hommes ne sont plus que 61 % à se laver tous les jours (30 % deux fois par semaine), et moins encore s’ils vivent seuls : 49 % seulement se lavent quotidiennement.

Ce n’est pas mieux, côté linge… Et si le dessus n’est pas brillant – on traîne toute la journée dans son survêt entre le reste de pizza, les cacahuètes et la bière –, le dessous laisse carrément à désirer : un peu plus de deux hommes sur trois (68 %) déclarent changer de slip ou caleçon tous les jours, contre la quasi-totalité des femmes (91 %). Quoi qu’il en soit, il y a moins de lessive à faire, sachant qu’en cette période de macération virale, les « no bra » (celles qui ne portent pas de soutien-gorge) sont passées de 3 à 8 % et les « sans slip » de 1 à 5 %.

D’aucuns verront dans tout cela une raison de plus de porter le masque…

Les sociologues, eux, y voient la marque de l’animal social, justement. Un monsieur Klaus (HuffPost), à moins qu’il ne s’appelle Kraus (Le Parisien), responsable du Pôle genre, sexualités et santé sexuelle à l’IFOP, dans le premier, et directeur du Pôle politique et actualité, dans le second, explique que « la crise sanitaire est le théâtre de tendances divergentes en matière d'hygiène et de propreté : si dans l'une c'est la crainte d'être infecté qui engendre une révolution culturelle en matière d'hygiène sanitaire [on se lave les mains et on reste à distance], à l'inverse, le fait de ne plus craindre d'être stigmatisé pour son manque de propreté ou de négligence vestimentaire se traduit par une détérioration des règles d'hygiène corporelle quotidiennes ».

Bref, c’est la peur du regard de l’autre qui conduit sous la douche : « Les règles d’hygiène restent avant tout motivées par le degré de sociabilité des gens et la prise en compte du regard d’autrui dans son apparence corporelle. Dès lors qu’il n’y a plus de regard d’autrui, on observe des ruptures dans le respect des pratiques hygiéniques de base. » Ainsi se lave-t-on davantage chez les amoureux de fraîche date… et on se pomponne pour la réunion du matin sur Zoom ou Facebook, même si on enlève le bas…

Bonne nouvelle, malgré tout : on se maintient pour les enfants. Comprenez qu’on se lave en famille : dans les foyers de cinq personnes ou plus, 85 % des femmes et 70 % des hommes vont au lavoir quotidiennement.

Précision : l’étude de l’IFOP est restée dans une discrimination strictement hétérosexuelle et n’a pas cherché à savoir ce qui se passe chez les LGBTQIA+ etc.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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