Confinement : les canards sont entrés dans la ville
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Déjà fort ébahi à la vue des nombreuses mouettes, probablement diabétiques depuis le temps, mendiant, si loin de leurs mers et loin à l’intérieur de nos terres, quelque miette de MacDo ou autre saloperie à l’un ou l’autre des millions de touristes battant le pavé parisien au long des saisons, il m’arrivait, avant le Grand Confinement, de traverser le pont Charles-de-Gaulle reliant la gare d’Austerlitz à celle de Lyon, aux aurores, le concert de mouettes virevoltantes ne cessant de me fasciner : il suffisait de tourner la tête à droite, d’écouter le piaillement strident de ces anges océaniques un peu affolés, d’imaginer que la perspective de la Seine débouche, au sud, à quelques kilomètres, sur un estuaire, pour avoir la parfaite illusion, les innombrables bateaux amarrés alentour aidant, d’être dans quelque ville portuaire de bord de mer… Manquent juste les embruns et le sel.
Millions de touristes, disais-je, battant ce pavé parisien, et dont j’admire toujours l’exquise capacité de pâmoison à la vue, si loin de chez eux, du premier pigeon crasse venu alors que, sur leurs pas de porte, Bruxelles, Venise ou Berlin, que sais-je, c’est carabine en main qu’ils régleraient sur le champ leur compte à ce pathétique mendiant ailé descendant de dinosaures… Et puis, je vous le demande : partir à l’assaut touristique de la Ville lumière pour se retrouver en extase d’un pigeon vous béquetant dans la main… Je vous épargne les corbeaux. Mouettes, pigeons, corbeaux : que sont les nobles dinosaures devenus… Enfin, je dis ça vu d’ici, hein ? Reste les moineaux, mais ne mélangeons tout de même pas vulgaires torchons et adorables serviettes.
Mais je n’avais encore rien vu. Ce jour, au beau milieu du Grand Confinement, en ma ville de bord de Loire, sise à 120 kilomètres environ de la parisienne capitale, je croisai un trio jamais observé si loin à l’intérieur des terres, en cette amorce de ville, à savoir 200 bons mètres de l’abri fluvial… Bien sûr, le long du chemin de halage, il y a les oies, les cygnes ou une faune plus sauvage encore, réfugiée généralement sur les îles ou presqu’îles au centre du fleuve, comme les hérons. Quoique… J’en fixai un dans le blanc de l’œil l’autre jour, qui s’était nettement aventuré en bord de piste cyclable. Ils sont passé où, les fous ? Mais revenons à nos moutons.
Je tombe en arrêt au niveau de la boulangerie et dans la rue presque déserte. Un œil élégant, aimable mais méfiant, m’observe. Je m’abstiens d’avancer encore et m’immobilise. Pour la première fois en ville, trois canards m’observent. Découvrant l’habitat de la faune humaine. Coin coin. Mais ils sont passé où, les fous ? Comment expliquer le Grand Confinement à trois canards ? Bon, je les laissai à leur lèche-vitrines, en route vers mon confinement, non sans me retourner une fois encore vers ce trio craquant, qui ne manqua pas de me lancer de loin un dernier coin coin bien senti.
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