Comparer nazisme et communisme ? Fabien Roussel s’indigne !

FABIEN ROUSSEL

Le journaliste Darius Rochebin, officiant sur LCI, vient de relancer cette vieille polémique : faut-il mettre communisme et nazisme sur le même pied ? Le débat ressort à l'occasion des décisions prises par les gouvernements ukrainien et polonais de conjointement interdire faucille, marteau et croix gammée dans l’espace public.

Sans grande surprise, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, s’insurge, assurant que la défaite d’Adolf Hitler est principalement le fait de Joseph Staline. Historiquement, voilà qui n’est pas faux, l’Armée rouge ayant alors consenti de plus amples sacrifices que son homologue américaine. Mais, de manière tout aussi historique, ce serait passer sous silence le pacte germano-soviétique, conclu en 1939 et rompu en 1941, entre ces deux nations sœurs en matière de totalitarisme, avant qu’elles ne se déclarent la guerre.

Dans l’historiographie officielle du parti (ou de ce qu’il en reste), cette question relève de l’éternel angle mort : les communistes français furent certes résistants, mais tout en prenant leur temps, attendant la rupture du pacte plus haut évoqué. Fabien Roussel devrait le savoir mieux que personne, Georges Marchais, père d’Olivier, son plus proche conseiller, en étant d’ailleurs la parfaite illustration, puisqu'il fut alors un des travailleurs volontaires des usines Messerschmitt. Des unsines qui fabriquaient ces avions ayant fait subir, d’abord à la France, puis à l’Angleterre, le calvaire qu’on sait. À l’époque, Maurice Thorez désertait, préférant se réfugier à Moscou plutôt que d’affronter l’invasion nazie, tandis que le lieutenant Honoré d’Estienne d’Orves, royaliste et catholique, devenait l’un des premiers martyrs de la Résistance.

Voilà pour les faits que tout le monde connaît mais que certains hurluberlus ont encore du mal à admettre. D’un autre point de vue, plus philosophique, peut-on mettre nazisme et communisme sur le même plan ? Évidemment que oui, même si le premier a perdu la guerre, au contraire du second. Et comme ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire aux dépens des vaincus…

Résumons. Ces deux totalitarismes partagent ceci de commun : ce sont des enfants de la Révolution française. Tous deux estiment que cette dernière n’est pas allée à son terme, réaction thermidorienne oblige, empêchant ainsi un « homme nouveau » de voir le jour. Mais ce qui peut effectivement fonctionner pour le beaujolais ne marche évidemment pas pour la nature humaine ; d’où l’entêtement mortifère des deux systèmes à éradiquer en masse les moins enthousiastes de leurs contradicteurs.

Dans un brillant essai publié en 1998, Communisme et nazisme (Éd. Labyrinthe, malheureusement pas réédité à ce jour), le philosophe Alain de Benoist tentait d’expliciter, au-delà des aléas de l’Histoire, la manière dont ces deux régimes étaient aujourd’hui perçus. « L’argument le plus couramment allégué réside dans la différence des inspirations initiales : le nazisme aurait été une doctrine de haine, le communisme une doctrine de libération. […] La conclusion qu’on en tire est que les crimes du nazisme étaient prévisibles, tandis que ceux du communisme ne l’étaient pas. » Et d’ajouter : « Les crimes de Staline résulteraient d’une perversion du communisme qui était "en lui-même un idéal de libération humaine", tandis que ceux de Hitler découleraient directement de son idéologie, ouvertement haineuse et destructrice. Le nazisme serait comparable à un tueur en série, le communisme à l’altruiste malchanceux qui tue celui qu’il voulait secourir. » Mais être massacré au nom d’une idée, généreuse ou haineuse, la différence ne saute pas forcément aux yeux.

À cela, on pourrait encore ajouter que la dialectique communiste, encore en vogue aujourd’hui, fait reposer les crimes d’un système sur un seul homme, Staline, dédouanant au passage un Trotski qui ne fut pourtant pas le dernier en matière de crimes de masse. Un peu comme si leurs homologues nationaux-socialistes – s’ils existaient encore – venaient nous expliquer que tout était la faute d’Hitler, alors que Goebbels n’était qu’une sorte d’humaniste incompris.

150 millions de morts plus tard, Fabien Roussel continue donc à nous servir la même ritournelle. Ce qui ne l’a pas empêché d’appeler à voter pour Emmanuel Macron lors de la dernière élection présidentielle, contre le Rassemblement national, parti pourtant plébiscité par la classe ouvrière... On ne change pas une méthode qui perd.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Le communisme a le record de morts et il perdure toujours.
    Le nazisme fut une bouffée délirante mais, Dieu merci, éphémère, même s’il reste quelques fanatiques par ci ou par là.
    Les deux sont une horreur!

  2. « … les communistes français furent certes résistants, mais tout en prenant leur temps, attendant la rupture du pacte plus haut évoqué. »
    Effectivement, passer du statut d’alliés à celui d’ennemis, ça change la vie. Et, on « résiste » bien plus volontiers quand on est pourchassé que lorsque l’on se trouve dans le confort de la collaboration. Résister parce que l’on n’a pas le choix ne peut faire oublier que l’on a commencé par être du côté de celui que finalement on est obligé de fuir.

  3. Une remarque : Honoré d’Estienne d’Orves était Capitaine de corvette et fut promu Capitaine de frégate à titre posthume.
    Et, après le 17 juin 40, le PC »F » clandestin a rencontré les occupants pour autoriser la reparution de l’Humanité, interdite depuis septembre 39, et se félicitait des bons contacts entre les ouvriers français et les troupes d’occupation.
    Il faudra attendre le 21 juin 41 pour que le PC »F » entre officiellement en résistance à la suite du déclenchement de l’opération Barbarossa.

  4. Quant à moi je pose toujours cette question à mes interlocuteurs communistes. Au Chili, Augusto Pinochet a quitté le pouvoir volontairement après 17 ans. Quelle dictature communiste a lâché volontairement le pouvoir ? Et si vous voulez on peut comparer le nombre de morts, de torturées et d’exilés, dûs à ces régimes autoritaires. Que répondrait le gentil Roussel, adoré par les medias ?

  5. Il est clair qu’on ne peut pas comparer nazisme et communisme. Le communisme a tout de même tué deux fois plus de personnes que le nazisme. Et le nazisme a en gros disparu (sauf pour les gens qui comme Poutine l’utilisent comme un épouvantail) alors qu’il y a encore bien plus d’un milliard de personnes sur Terre qui souffrent encore du communisme.

  6. Nazisme et communisme ont un point commun : l’horreur… même si les fondements de ces deux effrayantes organisations étaient en apparence différents.

  7. « Mais être massacré au nom d’une idée, généreuse ou haineuse, la différence ne saute pas forcément aux yeux. »
    C’est également ce qui vient à l’esprit lorsqu’on lit le passage de la Bible où Élie massacre les prêtres de Baal après les avoir ridiculisés. Certes, le Christ n’était pas encore passé dispenser son message d’amour et l’on ne s’embarrassait pas de ce genre de détail il y a plus de 2500 ans.

  8. Encore un qui fait tout pour se placer politiquement, au diable les principes, au diable les vérités.

  9. C’est sûr que ces deux totalitarismes sont à mettre sur le même pied ! Personnellement je considère que le communisme est pire que le nazisme car il a fait bien plus de victimes .

  10. Bien que communiste, Roussel était un de ceux ,qui, dans la bien-pensance, semblait être le moins stupide…
    Dans l’horreur, le communisme et le nazisme sont égaux , bien que Staline ait perpétré ses crimes au-delà de la fin des hostilités…..
    Les dizaines de millions de Russes assassinés par ce dictateur mériteraient au minimum le respect de la vérité, ce que, hélas, le sieur Roussel n’a pas souhaité leur accorder.

    • Dans le communisme, le cheptel est 1 détail de l’histoire … Comme dans beaucoup de secte, le plus stupéfiant, c’est que tous et toutes, y courent en marchant … Mais là, la plandémie a levée le voile sur la tare sociétale ambiante, et semble t’il incompressible, de 80% du cheptel !!! Seul bémol, avec la participation des initié(e)s de part et d’autres, tout de même !…

  11. « le courage de communistes, même pendant le pacte Hitler-Staline. » qu’il dit ? En effet c’est bien comme ça que la Pologne et les pays de l’est nomment ce pacte démoniaque de 39 à 41. Mais il y a eu surtout les communistes saboteurs – alors que la drôle de guerre contre le nazisme avait commencét– dans les usines d’aviation et d’armement dont certains ont été fusillés ; et Maurice Thorez patron du PC « F » déserteur en temps de guerre, réfugié à Moscou d’où de Gaulle le fera revenir. Et encore Marchais travailleur volontaire en Allemagne dans une usine d’avions.  »le courage de communistes » ???

  12. « le courage de communistes, même pendant le pacte Hitler-Staline. » qu’il dit ? En effet c’est bien comme ça que la Pologne et les pays de l’est nomment ce pacte démoniaque. Mais il y a eu surtout les communistes saboteurs – alors que la drôle de guerre contre le nazisme avait commençait – dans les usines d’aviation et d’armement dont certains ont été fusillés et Maurice Thorez péseraier réfugié à Moscou d’où de Gaule le fera revnir

  13. Mao et Staline n’ont rien à envier à Hitler. Ce sont les mêmes méthodes, les mêmes résultats : embrigadement, lavage de cerveau et des millions de morts. pour le soit disant intérêt supérieur de la Nation, l’Homme… Tous les prétextes sont bons.
    Une Allemande expliquait dans un reportage que jeune dans le Berlin des années 40, après avoir dû se soumettre à l’idéologie nazie elle avait dû faire de même avec le communisme et elle résumait très bien les choses ainsi :  » ils voulaient la même chose
    seuls les mots étaient différents « .

  14. Nazisme et communisme sont 2 socialismes radicaux et quasi-religieux. Ils n’ont donc pour but que de museler le peuple.

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