Face au constat impuissant par Emmanuel Macron d’un archipel français ingérable, comment déconstruire le déconstructivisme au pouvoir, avec ses nihilismes et autres idéologies malsaines ?

Comment en est-on arrivé là et, surtout, comment en sortir pour retrouver une cohésion d’ensemble, repasser d’un tas à un tout selon le principe « le tout existe avant les parties » énoncé par Henri Bergson ?

Commençons par ce constat sans concession sur la société française :

« En bref, la nécessité de l’assemblage est celle de faire tenir ensemble des éléments dispersés. Or, on le sait, la Révolution [de 1789] a ancré le sentiment de la fragilité des ordres, le sens de l’éphémère, la notion d’équilibre provisoire, l’intense conviction de l’éparpillement des éléments qui composent la société. Ce qui induit la nécessité de recréer des ordres et d’instaurer de nouvelles harmonies ; d’autant que la conscience de la précarité et de la dispersion s’accompagne de celle des dangers nés de la contiguïté anarchique d’éléments dissemblables.
Cette nécessité conduit à la désignation des obstacles. Ainsi, l’affaiblissement de la visibilité des appartenances, le brouillage des identités […] ce qui suscite l’énumération de maux, infiniment ressassés […] Désormais, triomphe le principe d’isolement, le désir de se singulariser. L’homme se trouve livré à lui-même. Ce temps est celui de la libération des ambitions, de l’exaspération des désirs, de la faim insatiable des distinctions, de la passion effrénée de l’indépendance. Il se caractérise par l’ampleur des frustrations et des déceptions. [Ce] siècle est règne de l’envie. Étroitement liée à cette chaîne de stéréotypes, il en est une autre qui fait [de ce] siècle, asservi à la tyrannie de l’intérêt, l’arène de la cupidité, le théâtre de la jouissance, le règne de l’argent […] Le raccourcissement des durées et des délais, celui du temps nécessaire à la satisfaction des désirs et à l’épuisement des plaisirs, engendre une instabilité qui augmente l’impression de confusion et contribue à la dysharmonie au sein d’un espace social informe, soumis à un total désordre […] [ce] siècle est un monstre, un hybride […] qui sépare le passé de l’avenir […] et où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris [...] »

Il ne s’agit pas d’une ressassée de déclinisme. Troublante ressemblance avec notre époque, ces lignes de l’historien Alain Corbin décrivent la France de la première moitié du XIXe siècle (Une histoire des sens), à actualiser et à méditer.

Or, quel progrès ont apporté deux cents ans de déchristianisation forcenée ? Pourquoi les religions horizontales du scientisme, du positivisme, du progressisme, du communisme, du socialisme, du fascisme, maintenant du naturalisme et du transhumanisme, n’ont-elles pas fait mieux que la religion transcendantale chrétienne, qui élève l’homme au lieu de le rabaisser ? C’est qu’entre-temps, nous nous sommes assoupis, endormis par le matérialisme, le conformisme et le relativisme. « Nous veillons dormants et veillants dormons », dit Montaigne dans ses Essais.

Pour amorcer une renaissance, d’où est tiré le mot nation, il s’agit de restaurer, en les adaptant aux réalités de notre époque, les piliers millénaires et fondamentaux de la France que Jean-Christian Petitfils a bien décrits : un État-nation souverain ; de justice au service du bien commun ; aux racines chrétiennes; marqué par des valeurs universelles ; multiethnique mais assimilateur (Histoire de la France).

De nombreux analystes constatent, sidérés comme Macron, que « la société a changé ». Est-ce inéluctable, irréversible, non modifiable ? Connaissant les idéologies qui ont œuvré à la déliter, nous savons ce qu’il reste à faire pour la restaurer tout en la faisant évoluer.

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05 novembre 2019 à 23:41

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