Les dépenses de l'Élysée auront connu un « avant » et un « après » René Dosière.

En 1997, alors qu'il vient d'être élu député de l'Aisne sous l'étiquette PS, René Dosière constate avec effroi que le budget du Palais n'est soumis à aucun contrôle. C'est la révélation. Ni une, ni deux : le parlementaire enfourche son destrier et part en croisade durant des années contre ce galvaudage permanent. Sus aux homards, haro sur le pétrus et tirs à vue contre les avions du GLAM utilisés pour un oui pour un non.

Dans un livre intitulé Frais de Palais, le député Dosière relate son combat, dénonce les abus hallucinants auxquels son travail a permis de mettre un terme (très relatif). Pour échantillon de ces extravagances financières, citons le sommet de « l'Union pour la Méditerranée » du 13 juillet 2008. Coût de l'opération 16,6 millions pour trois heures de conférence. 58.000 euros la minute. Le lecteur contribuable est pris de vertige. Aucun bandeau ne l'avait prévenu de la cruauté de certaines descriptions.

Grâce à un premier rapport Dosière paru en 2006, la présidence Sarkozy établit un premier budget de l'Élysée. Celui-ci aurait fortement baissé sous le règne de François Hollande (malgré son coiffeur !), mais augmenté de 6,9 % lors de la première année pleine du règne Macron. L'auteur ne précise pas si le rapport comptable de l'Élysée comporte une ligne « débauche » et une autre baptisée « excès » sous laquelle auraient été reportés, par exemple, les 26.000 euros de frais de maquillage pour trois mois du couple présidentiel. Facture réduite à 5.200 euros mensuels, suite aux remarques du rapporteur de l'Assemblée nationale. Le kilo de fond de teint est désormais âprement négocié.

En 2018, l'aller-retour Paris-Gap à 150.000 euros d'Édouard Philippe a, lui aussi, été inscrit noir sur blanc dans le grand livre des comptes. Sourire aux lèvres, le contribuable s'endort paisiblement. Il sait comment une partie de son argent est utilisé. S'étonne même de ne pas voir figurer dans le budget quelques déplacements en chaise à porteurs.

Selon l'auteur, le fonctionnement « open bar » du Palais remontait à 1790 avec la liste civile attribuée à Louis XVI : « Fixée pour la durée du règne, cette somme, par respect pour la personne sacrée du roi, n'était soumise à aucun contrôle. » D'où le coiffeur de François Hollande au salaire de perruquier.

Alertes et rapports légitimes de René Dosière prennent un air de goutte d'eau dans l'océan des chiffres : 72 millions d'euros de charges salariales. L'équivalent de la ville de Roubaix. Mais le Président est maintenant contraint de rembourser sa taxe d'habitation. Et le sucre du café ?

Frais de Palais, Éditions de l'Observatoire (même les dentistes ont été horrifiés).

5488 vues

05 novembre 2019 à 23:29

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.