[CINEMA] De mauvaise foi, la fin justifie-t-elle les moyens ?

De mauvaise foi sort en salle ce mercredi 7 mai et c'est une originalité dans un cinéma français où le registre des comédies est souvent synonyme de médiocrité et de vulgarité.
Dans une ambiance qui sent bon la France, le film nous plonge dans l’univers d’une famille catholique, tourmentée entre l’appât du gain et la morale d’une religion qui interpelle tout homme : la fin justifie-t-elle les moyens ? Un notaire parisien souhaite faire rencontrer un jeune artiste peintre à sa fille. La raison ? Une sombre histoire d’héritage qui serait bien utile pour restaurer le vieux château familial, lequel s’abîme sous les assauts du temps. Le juriste y trouverait doublement son compte, car le fiancé de sa fille est loin d’obtenir ses faveurs. Un autre prétendant serait idéal, mais un obstacle de taille se dresse sur la route de l’homme de loi : celui qu’il désire comme nouveau gendre doit se convertir au christianisme.
Cette comédie rafraîchissante nous emmène dans l’univers de Paray-le-Monial (Bourgogne), ce sanctuaire catholique et lieu d’apparition où des personnages qui ont la foi du charbonnier vont côtoyer une communauté à la croyance très vive et démonstrative. Il faut aller voir ce film audacieux qui brosse des portraits truculents. Le notaire calculateur, la femme dévote, l’artiste innocent, la jeune fille tiraillée entre foi et sentiments, le futur gendre imbu de sa personne et fier de ses hautes études.
Un premier long-métrage réussi
Albéric Saint-Martin, le réalisateur, signe à 42 ans son premier long-métrage. Ce père de famille a mis ses talents au service de la maison de production SAJE. Boulonnais d’origine, il s’est fait remarquer, en 2019, par un court-métrage, Le Mari au collège, qui obtint trois prix dans un festival au Royaume-Uni (meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur). L’équipe qui a travaillé sous sa coupe est talentueuse. Pascal Demolon, dans le rôle du notaire vieille France, tient la tête d’affiche avec brio. La pétillante Romane de Stabenrath excelle dans son premier rôle au cinéma. Philippe Duquesne, figure tutélaire des Deschiens - cette autodérision des franchouillards, succès de Canal+ dans les années 90 -, signe une prestation attachante. Des acteurs d’expérience côtoient la jeune génération. Recette gagnante.
Le film est issu d’un roman écrit par Thomas Hervouët et paru en 2014 : Les Pieuses Combines de Réginald (Quasar Éditions). Son scénario original est signé Hubert de Torcy, par ailleurs producteur du film, conjointement avec Albéric Saint-Martin. L'histoire est un mélange étonnant où tous pourront se retrouver, autant les amateurs de comédies légères à la de Funès que les spectateurs portés vers les films qui ont du sens. Car en toile de fond, c’est ce qui se dessine, dans cette œuvre : une comédie humaine où la sincérité des sentiments vis-à-vis des hommes et vis-à-vis de Dieu est mise à rude épreuve. S’entremêlent la cupidité, l’amour, le machiavélisme, l’identité catholique, le coup de foudre, l’ambiance festive et priante de Paray-le-Monial, le patrimoine (la basilique romane du sanctuaire bourguignon est une splendeur sous la douce lumière estivale).
Un film qui mérite d’être vu dans les salles obscures.

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5 commentaires
La bande annonce a plutôt l’air bien. Je vais me laisser tenter.
Merci pour votre avis. A voir, sans doute.
Nous sommes tous bien d’accord sur le fait que tous ceux qui critiquent négativement le film… l’ont vu. Nous sommes d’accord !
Je sais pourquoi je ne vais plus au cinéma depuis des décennies ! Quand on sait qu’en plus on sait qu’on subventionne ce genre de films alors qu’on va pas les voir c’est pas normal
Encore un navet subventionné qui ne fera pas d’entrée, comme toujours !!!