Aux États-Unis, le retour en grâce des médias de droite. Et en France ?

« Rendre le pouvoir au peuple. » Lundi 25 février, la porte-parole de la présidence américaine, Karoline Leavitt, a fait une déclaration de nature à satisfaire tous les démocrates : elle a annoncé que l’accès à la Maison-Blanche serait désormais ouvert à un plus grand nombre de médias. Jusqu’à présent, ce « pool » se limitait à un petit groupe de journalistes sélectionnés par une association - la White House Correspondents' Association - fréquemment soupçonnée de parti pris idéologique. Mais ça, c’était avant. Les happy few devront désormais accepter dans leurs rangs quelques confrères plus conservateurs, choisis par l’exécutif américain lui-même. « Les médias traditionnels qui font partie du pool presse depuis des décennies, seront encore autorisés à y participer », s’est empressée d’indiquer Mme Leavitt, devant les cris d’orfraie de la gauche.

Un regain de pluralisme

Ce que Le Monde présente comme une inquiétante « rupture avec un système établi depuis des années » s’apparente, en réalité, à un juste rééquilibrage. Pourquoi un peuple penchant majoritairement à droite devrait-il être informé par des médias engagés à gauche ? Désormais, à côté des titres afro-américains, communautaires ou LGBTQIA+ seront également admis, au sein du Bureau ovale, des médias alternatifs, de droite, voire associés à la « far right ». Où est le problème ?

L’administration Trump va changer les règles d’accès des médias à la Maison Blanche pour l’ouvrir à des journalistes sélectionnés par l’exécutif https://t.co/Rd7Bs4pEsi

— Stephanie Tison (@St_Tison) February 26, 2025

Il faut rappeler que la majorité des titres de presse américains traditionnels sont ouvertement hostiles au nouveau président élu. À la manière de notre AFP nationale, l’agence Associated Press (AP) ne se distingue guère par sa neutralité. Un biais qui lui a valu d’être qualifiée d’« organisation de gauche radicale » par Donald Trump lui-même, en février dernier. Le Wall Street Journal, sous ses airs de canard économique à tendance libérale, n’est pas tendre avec le pouvoir en place. « Vous nous traitez vraiment mal, a ainsi lancé le président conservateur à une plume du Wall Street Journal, dimanche 4 mai, à bord d’Air Force One. Votre journal est en chute libre. C’est devenu un média pourri ! » Un avis cruel mais qui a le mérite de la franchise.

La revanche des petits médias

À l’inverse, le camp conservateur peut compter sur le soutien de nombreuses antennes. Ce que la bien-pensance assimile à la « galaxie trumpienne » ne se résume pas, en effet, à la chaîne Fox News. De multiples influenceurs, podcasteurs et médias alternatifs existent, actuellement, aux États-Unis, garantissant un minimum de pluralisme. Ce sont eux à qui la présidence vient d’accorder un badge d’accès au Bureau ovale : One America News, chaîne très critique de l’État profond et de l’hégémonie culturelle de la gauche ; Breitbart News, média anciennement dirigé par le stratège Steve Bannon, opposé à l’immigration invasive ; le blog libertarien ZeroHedge ; The Daily Wire, très apprécié de la jeunesse américaine anti-woke ; The Daily Caller, créé en 2010 par Tucker Carlson comme un Huffington Post de droite, etc.

Donald Trump élargit son pool à des titres de la droite dure #pool #journaliste #MaisonBlanche #journalisteaccrédité #Trump #médias #EtatsUnis@whca @realDonaldTrump @OANN @BreitbartNews @zerohedge @TheDailyCaller @thedailywirehttps://t.co/isOBEvSoYB

— Sandra Muller (@LettreAudio) May 7, 2025

Il est intéressant de noter qu’en raison de leur ligne éditoriale anticonformiste, la plupart de ces médias ont été allègrement traînés dans la boue par le système, voire durement sanctionnés. Accusé de « complotisme » et d’accointances avec la Russie, ZeroHedge a été banni, du jour au lendemain, de plusieurs plates-formes. Même sévérité envers One America News. Accusée d’avoir « minimisé » les événements du 6 janvier 2021 au cours desquels une bande d’hurluberlus s’était introduite dans le Capitole, la chaîne a été lâchée par les géants de la télévision par satellite, DirecTV et Verizon Fios, perdant ainsi ses principaux canaux de diffusion…

Toute ressemblance avec des faits et des médias français existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence. Ou pas.

Reste l'exemple d'un pouvoir attaché à pousser des médias de droite alternative, indispensables pour contrer le discours dominant. Un modèle à suivre, pour la droite française ?

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