[CINEMA] Blue Giant, l’animé japonais sur le monde du jazz

Blue Giant

On n’a pas tellement l’habitude, sur BV, de recenser des films d’animation japonais, et encore moins des adaptations de manga. C’est dire si Blue Giant a piqué notre curiosité. Tiré de l’œuvre de Shinichi Ishizuka, éditée en France chez Glénat depuis 2018, le film de Yuzuru Tachikawa explore le Tokyo nocturne des clubs de jazz aux ambiances chics, intimistes et fiévreuses.

Le récit raconte l’histoire de Dai Miyamoto, un jeune saxophoniste de Sendai parti faire ses preuves dans la capitale pour devenir le meilleur musicien de sa catégorie. Sur place, il fait la connaissance de Yukinori, un pianiste de son âge, prometteur, technique et hyper exigeant. Les deux garçons, conscients de leur valeur, décident très vite de s’associer pour faire leur trou dans le milieu compétitif du jazz. Bientôt se greffe à leur tandem l’ami de lycée et colocataire de Dai, Shunji, qui ne connaît rien à la musique mais souhaite plus que tout au monde les accompagner à la batterie. À la traîne, ce dernier parvient tout doucement, au fil des répétitions et des encouragements de ses partenaires, à légitimer sa place au sein de la formation. Sous le nom de JASS, le trio se lancera alors à corps perdu à la conquête de Tokyo et de son club de jazz le plus en vue, le So Blue.

Envisagé, dans un premier temps, comme une série pour la télévision, avant que l’auteur d’origine ne convainque le réalisateur d’opter pour les salles obscures en raison de leurs installations sonores avantageuses, Blue Giant propose un récit initiatique plaisant bien qu’un tantinet balisé, avec ses espoirs, ses obstacles, ses imprévus, ses accidents, ses doutes, ses remises en question et ses victoires. Plutôt convenu, parfois naïf dans ses choix scénaristiques, le film de Tachikawa doit essentiellement sa réussite à son ambiance jazzy, à sa représentation du Tokyo nocturne, à la dynamique pêchue d’un trio parfaitement assorti et, bien évidemment, à sa musique : Tomoaki Baba au saxophone, Hiromi Uehara au piano et Shun Ishiwaka à la batterie.

Si le travail sur les dessins est globalement réussi avec leurs tonalités de bleu et leurs éclairages tamisés, l’animation des concerts filmés en motion capture laisse parfois à désirer. Néanmoins, le réalisateur parvient brillamment, durant ces séquences, à communiquer au spectateur l’énergie et la passion du jazz – il est rare qu’un dessin animé rende si bien compte de la performance physique de ses personnages. Enfin, Yuzuru Tachikawa réussit l’exploit non négligeable d’intéresser à cette musique le spectateur néophyte, c’est à porter à son crédit.

Le manga d’origine a connu trois suites : Blue Giant Supreme, Blue Giant Explorer et Blue Giant Momentum. Pour l’heure, on ne sait pas si celles-ci seront également portées à l’écran, mais on suivra la chose de près.

3 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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