Chute du niveau scolaire : les rectorats cachent la misère en gonflant les notes

Brevet

Les résultats du brevet, l'examen auquel sont encore soumis les élèves de troisième, ne reflètent pas le niveau scolaire des élèves français. Un niveau en chute libre. Et pourtant... En 2023, la moyenne des élèves ayant validé cet examen s’élevait à 89,1, soit 1,4 point de plus que l’année d’avant. Masquant le saccage des enseignements et la descente aux enfers du niveau, le système scolaire pouvait ainsi se réfugier derrière ces notes façon école Potemkine. Le Figaro vient de livrer l'envers du décor. Ces chiffres impressionnants ne témoignent pas d’une réelle progression mais d’une réévaluation des notes, arbitraire et massive. Il ne s’agit pas de l’harmonisation des notes qui permet aux jurys de gommer l’effet d’un professeur plus sévère ou d’attribuer un diplôme à un élève dont la note se trouve très proche de la moyenne requise, mais d’une hausse quasi systématique de la part des recteurs des notes de l’ensemble des élèves d'une zone, notamment lorsque l'on constate une différence de moyenne par rapport à l’année antérieure.

Jusqu'à dix points d'écart

Le Figaro publie un chiffrage de cette pratique courante : elle est issue d’une simulation menée par les services du Premier ministre. Les chiffres laissent pantois. L’académie la plus touchée par ce correctif autoritaire est celle de Créteil : entre les « vrais » résultats obtenus par les élèves et les notes finales après réévaluation, l'écart atteint près de... six points ! En outre-mer, cet écart peut culminer jusqu’à dix points. En l’état actuel des choses, seuls 10 % des élèves n’obtiennent pas le brevet, en dépit de ces notes gonflées artificiellement.

Autre information du Figaro : le Premier ministre Gabriel Attal entend bien mettre fin à cette manipulation qui porte préjudice à la progression des élèves, puisqu’elle masque la réalité des lacunes. Cette volonté déjà exprimée lorsqu’il était ministre de l’Éducation, Attal l’a emportée apparemment à Matignon. L’objectif est de réajuster le tir dès la session 2024 du brevet des collèges : « Le taux de réussite au brevet va certainement diminuer, mais je l’assume », dit-il.

Une année de plus pour rattraper le niveau

Pour remonter le niveau réel, Gabriel Attal veut changer la donne avec un plan précis. À compter de la rentrée scolaire 2024-2025, le brevet des collèges deviendrait indispensable pour entrer au lycée. Les élèves qui échoueraient au brevet devraient intégrer une « prépa seconde » dans le but d’asseoir les acquis requis en troisième et d'empêcher l’accumulation des lacunes. Cette mesure ajouterait une année de plus au cursus scolaire des élèves en échec au brevet, mais elle ne serait pas considérée comme un redoublement à proprement parler.

« Le choc des savoirs » reste le grand projet du Premier ministre, ex-ministre de l’Éducation nationale. Face à la chute très inquiétante du niveau des élèves français dans le classement PISA, notamment en français et en mathématiques, le locataire de Matignon veut un sursaut. Expérimentation du port de l’uniforme, mise en place de groupes de niveau en sixième et en cinquième – devenus groupes de besoin sous le ministère de Nicole Belloubet -, redoublements dont les professeurs seraient décisionnaires en derniers recours : ces mesures apparemment fermes veulent redorer les lettres de l’école de la République alors que près d’un élève sur deux n’est pas à l’aise en lecture lors de son entrée en sixième. Après sept ans de macronisme destructeur, il est grand temps.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Vu ce qu’est devenu ce diplôme en macronie, autant en faire cadeau à la rentrée scolaire ça aura au moins l’avantage de faire l’économie de 3,5M€ au contribuables

  2. Que vaudrait aujourd’hui ma misérable mention  » Très-Bien  » au Bac Math-Elem en …. 1956 !

  3. Ce pays est gouverné par le mensonge…Mensonge des chiffres de Bercy, pour masquer un déficit abyssal, mensonges sur les notes des élèves depuis des décennies…Et replâtrage permanent, alors qu’on ne s’attaque pas au problème dès le CP ! Il y avait déjà des cours de remise à niveau en français dans une université du 93 il y a plus de trente ans, alors que les élèves inscrits en DEUG n’auraient pas dû avoir leur bac !!!!

  4. En 1977, certains jeunes écrivaient déjà phonétiquement mais les experts du ministère n’en avait cure au nom de la sacro-sainte méthode globale. Si notre actuel président n’est pas responsable de tout , il est quand même aux commandes depuis 7 années. Cacher la poussière sous le tapis de « pas de vagues » est une spécialité bien française. L’école ne faisant plus le tri, il est fait au moment des embauches. Supprimons brevet et baccalauréat, cela nous fera économiser beaucoup d’argent et remettons un examen style Certificat d’études primaires à l’ entrée en 6ème. Les recalés ne pourront plus poursuivre d’études payés par nos impôts mais iront en apprentissage, également financés par nos taxes et impôts, pour apprendre les métiers pour lesquels nous devons faire appel à des immigrés. On gagne très bien (et souvent mieux) sa vie en étant plombier-chauffagiste pour ne prendre que cet exemple parmi tant d’autres. Enfin expliquer aux parents que de ne pas faire d’études dites secondaires n’est pas une tare mais peut être une chance. De grands patrons d’industrie n’ont pas fait de hautes études, sauf erreur un garagiste a été président du Sénat etc …

    • La méthode globale ce n’est pas si nouveau, j’ai commencé à apprendre à lire, puis à faire des phrases avec des mots écris sur des étiquettes, je m’en souviens parce que je n’y comprenais rien et pour moi l’école c’était l’enfer, mais c’était en 1947 puis une autre institutrice a employé la méthode syllabique et j’ai appris à lire convenablement. Quant à l’entrée en 6ème il y avait un examen d’entrée parce qu’il n’y avait pas beaucoup de lycées et de collèges après guerre
      D’ailleurs je n’y ai pas eu accès, non pas parce que j’étais mauvais, mais il fallait une place pour le fils de la secrétaire de mairie communiste qui n’avait pas passé le concours, le directeur du lycée en bon communiste lui trouva une place et j’appris 12 ans plus tard par un de mes anciens instits communiste lui aussi qu’on se demandait bien ce qu’un fils d’ouvrier ferait avec son bac et on lui a donné ma place, j’ai été premier de la classe jusqu’au certificat d’études, ensuite j’ai eu un diplôme le donnant l’équivalence du bac et j’ai encore fait 12 années d’études et créé un cabinet de profession libérale.

    • Il serait temps de valoriser les professions manuelles, artisanales… C’est ce qui se passe en Suisse, et les artisans ont de plus lucratives carrières que « les licenciés » des universités. Évidemment, il faut beaucoup de volonté, et accepter de travailler dur. Et puis, sans le mot artisan, il y a le mot art ! Oui, ils ne sont pas que des artisans, mais également des artistes, quand ils font sérieusement leur travail.

  5. Cela fait longtemps que le niveau scolaire moyen chute…. Le déclin a commencé dès 1968…Et ne cesse d’empirer.
    Certes cela ne fait pas obstacle à la sélection d’une élite scientifique et technique, surtout dans certains milieux privilégiés et avertis. C’est le niveau général de la population qui est de plus en plus affligeant. Une bonne nouvelle pour les élites.

  6. J’aimerai bien savoir combien de bacheliers et même énarques seront reçu au CEP 1960 évidement il faut leurs retirer leur ordinateurs supprimer les téléphones portable, machine à calculer. Comme mes parents et moi même je l’ai passé en 1962.

  7. Les tripatouillages vont bien au-delà de cette partie émergée de l’iceberg depuis que le contrôle continu est pris en compte dans la note de brevet.
    Certains les établissements eux-mêmes « arrondissent » les notes s’ils voient que tel ou tel élève part avec un handicap trop important. Chaque établissement reçoit les statistiques académiques et il n’est pas de bon ton d’afficher des écarts trop importants avec cette moyenne.
    On m’a déjà demandé de rehausser la moyenne annuelle d’un élève, ce que j’ai refusé. Par la suite des collègues m’ont remercié d’avoir osé m’élever contre cette pratique. Celle-ci peut cependant se faire plus sournoisement à l’insu des enseignants pour que l’établissement soit bien classé.
    Mettre une note inférieure à 10 à l’oral d’histoire de l’art revient, pour l’établissement, à se tirer une balle dans le pied.
    Pire, depuis qu’on doit noter les compétences il faut maintenant passer en revue une centaine d’items avec des points rouges et des points verts pour chaque élève. En conseil de classe, ça se fait à la louche, on annonce les 2 ou trois élèves qui n’ont pas les compétences et on passe à autre chose.
    Tout ceci s’applique bien sûr au baccalauréat. C’est peut-être l’objectif du premier ministre pour la suite.

  8. cette grande tartufferie dure depuis au moins 1990 dit où j’ai commencé à enseigner. De plus certains prof en BTS du public , qui sélectionnaient les sujets d’examen, faisaient étudier en profondeur certains thèmes proposés (sans les révéler biens sûr) alors que les enseignants du privé ne connaissaient pas les sujets retenus.Puis lors des réunions dites d’harmonisation, les inspecteurs demandaient aux prof de relever leur note en se basant sur la moyenne général, ce qui est une absurdité car chaque groupe de copies ou d’oral n’est pas nécessairement homogène. Mettez un ou Deux notes très faibles et votre moyenne va chuter même si le reste est dans la moyenne. Sans parler des demandes de ne pas tenir compte de la présentation, de l’orthographe et moult être facteurs toujours à noter en positif contrairement à pénaliser les erreurs. J’ai dénoncé sans cesse la malhonnêteté de faire croire à des élèves ou étudiants qu’ils avaient les capacités de poursuivre des études académiques car la vie est une sélection permanente. Sinon la sélection des équipes de foot ou autres serait tirée au hasard. Tromper les jeunes sur leurs capacité est une escroquerie qui crée des aigris.

  9. « Après sept ans de macronisme destructeur, » : Dieu sait que je déteste ce type mais, là, pour le coup, il n’est pas le premier responsable.
    L’idée d’une « prépa-seconde » ( ou prépa-sixième) permet de rattraper les retards/lacunes. L’idée n’était que tolérée par le rectorat. Pourtant, appliquée, elle en aura tiré plus d’un, plus d’une, d’un cycle primaire bâclé ou d’années-collège tout aussi négligées.Peu importe les raisons , changements de domicile, profs trop ceci et pas assez cela, divorces etc etc

    • L’idée d’une « prépa-seconde » ? Un cataplasme sur une jambe de bois. Le propre des politiciens e cette époque est de faire croire qu’une succession de mesurettes peut remplacer le traitement de vices structurels.
      S’agissant de Macron il a repris à son compte les travers de la gauche et notamment le mensonge systémique et les a AGGRAVES. Et en plus il y a ajoutés les traits les plus hideux du capitalisme financier de CONNIVENCE.

    • Cette classe de remise à niveau interviendrait sans doute un peu tardivement. Ne serait ce pas plus profitable à l’issue du cycle du primaire, et encore !

  10. Si les écoliers n’avaient que des cours de Français, Arithmétique, un langue étrangère et latin, Histoire de France et Géographie, Dictée journalière et Rédaction, comme de mon temps (années 50/62, ces écoliers seraient en haut du classement PISA !!! Tous les autres cours sont inutiles…!

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