Christiane Taubira, l’ultime et dérisoire espoir d’une gauche en radeau de la Méduse

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Les électeurs de droite n’ont pas oublié la sortie surréaliste de Laurent Ruquier devant une Léa Salamé sidérée, appelant la gauche à l’unité avec des trémolos dans la voix, sur l’antenne de la télévision publique. « Entendez-vous, bon sang ! » exigeait-il, début octobre. Les vœux de l’animateur seront-ils exaucés ? Embarquée sur un radeau déstabilisé à chaque vague de sondages de cette présidentielle, la gauche française en déshérence aperçoit dans la brume un fanal. L’espoir renaît. Personne ne rêve de conquête, on caresse juste l’espoir d’éviter l’humiliation suprême d’une gauche dont aucun candidat ne parviendrait à passer la barre des 10 %. C’est ce que les sondeurs d'opinion promettent, pour l’instant, à la famille politique qui a présidé la France durant trois mandats présidentiels, contrôlé des régions durant des décennies et joué comme personne de sa suffisance, de sa prétendue supériorité intellectuelle ou de son mépris vis-à-vis de tout ce qui lui résistait. Le rideau est désormais tiré : les électeurs de gauche contemplent désespérément une scène où s'affrontent des acteurs lilliputiens. Mais on ne vit pas sans espoir, et tant pis si l’espoir est fou. Christiane Taubira, c’est certain, pense une partie de la gauche, sauvera le radeau de la Méduse sur lequel un Parti socialiste et un PC à demi-mort s’accrochent aux pieds d’un Montebourg agitant le drapeau rouge et le téléphone tandis que les Verts et La France insoumise, à bout de force, refusent encore l’issue fatale.

Pourtant, le remède Taubira pourrait être bien pire que le mal. Pour des raisons électorales, d’abord. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’ancien ministre a un profil plus clivant que rassembleur. Son programme, quand on le connaîtra, risque d’en doucher plus d’un dans une gauche atomisée. Or, cette gauche qui triompha avec Hollande, avec Mitterrand, avec Jospin sous Chirac, cette gauche ne représente plus aujourd’hui qu’un électeur sur quatre. On se bagarre avec d’autant plus d’appétit que le gâteau est de plus en plus réduit. Même si Mélenchon et Jadot rejoignaient le radeau Taubira, une partie non négligeable des électeurs s’éparpillerait dans la nature. Combien ? 20 %, 30 %, 40 %, davantage ? Perdre 40 % de 25 % des voix ? Ce risque apparaîtra nu dans les sondages au fur et à mesure que l’égérie de la gauche dévoilera sa personnalité cassante et son programme qu'on a hâte de lire. La gauche a ce qu’elle mérite. Elle a mérité ce destin funeste à force de déni de réalité sur le drame de l’immigration, sur les causes de la grandeur et de la décadence de la France, sur l’économie, sur sa propre démagogie jamais démentie. Elle mérite cette candidate qui a mangé à tous les râteliers partisans, de l'indépendantisme à Balladur en passant par Tapie et le Parti radical. Elle mérite cette personnalité partiale et militante qui a laissé un ministère de la Justice exsangue et n'a jamais caché sa haine envers les conservateurs attachés à la patrie. Christiane Taubira représente si bien les errances de la gauche. Pour se sauver, le radeau de la Méduse gauchiste compte sur ce concentré emblématique des dérives qui l’ont perdue. Tant mieux pour la France !

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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