Chez Hanouna, Zemmour vise une génération bien plus patriote qu’on ne le croit

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Éric Zemmour, le dynamiteur. C’est ce titre explosif que l’animateur vedette de la chaine C8 Cyril Hanouna a choisi pour présenter les deux heures passées, ce jeudi 16 décembre, à compter de 20 h 45, avec le candidat à la présidentielle dans son émission « Face à Baba ». Comme jadis dans les arènes de l’Empire romain face aux gladiateurs stars, l’inénarrable Baba (le surnom que se donne lui-même Hanouna) a organisé dix duels. Dix personnalités affrontent, l’une après l’autre, Éric Zemmour. Parmi les duettistes, deux phénomènes parmi ce qu’on fait de pire en termes de logorrhée idéologue et déconnectée du réel : l’écologiste radical Aymeric Caron et le cinéaste d’ultra-gauche Mathieu Kassovitz. Hanouna a promis « des énormes duels ». Le spectacle se nourrit de la politique, qui se nourrit elle-même du spectacle.

Évidemment, les téléspectateurs qui ont gardé la mémoire des duels cultivés mêlant Franz-Olivier Giesbert, Alain Duhamel ou Jean-Pierre Elkabbach côté journalistes, Valery Giscard d’Estaing, Mitterrand et autres Balladur du côté des élus, risquent de se frotter les yeux. Mais voilà, Cyril Hanouna est la coqueluche d’un public jeune. Or, ce public bascule crescendo vers la droite avec armes et bagages, sans le moindre complexe. Parmi tous les malheurs de la gauche, qui a tant voulu incarner la jeunesse, celui-ci est peut-être le plus cruel. Le Journal du dimanche de ce 12 décembre se penchait, via un sondage IFOP, sur le vote des 18-30 ans. Résultat : ces jeunes adultes plébiscitent… Marine Le Pen. Avec 20 % des intentions de vote de cette classe d’âge, elle arrive juste derrière Emmanuel Macron (25 %), suivie par… Éric Zemmour (12 %), avant Jean-Luc Mélenchon (11 %) et Valérie Pécresse (10 %).

Après Emmanuel Macron, qui a fait quelques apparitions dans l’émission d’Hanouna, Zemmour a compris qu’il avait là, à portée de main, un réservoir de voix. Charge à lui de sensibiliser cette classe d’âge aux défis d’une civilisation menacée de disparition, aux enjeux graves de la culture et du visage de la France de demain. Un vrai défi pour ce candidat intellectuel de 63 ans. Les sondages diront, ces prochains jours, s’il a réussi à convaincre les 18-30 ans.

Reste ce motif d’étonnement. Comment cette population biberonnée par la gauche dès le berceau, dès ses premiers pas à l’école primaire et jusqu’à la sortie des études supérieures, a-t-elle pu ainsi basculer vers le tandem Le Pen-Zemmour ? Ensemble, les deux candidats aspirent une voix jeune sur trois, soit autant que la gauche tous candidats confondus. Comment ces 18-30 ans ont-ils échappé au rouleau compresseur idéologique actif dans l’enseignement, les médias, la culture, les livres, le cinéma, le spectacle, le sport, dans toutes les strates et tous les compartiments de leur vie ? Comment ont-ils résisté à cette culpabilisation permanente et appliquée de la part du « camp du bien » ? Il y a là, pour la gauche, qui a décidé une fois pour toutes que la jeunesse, c’était elle, un ratage pathétique né de sa déconnection du réel. Chez Hanouna, Zemmour parle à une population qui a définitivement repoussé le prêt-à-penser et qui cherche encore l’issue du labyrinthe mondialiste, gnangnan et manipulatoire dans lequel on l’a perdue. Marine Le Pen comme Zemmour ont devant eux un boulevard... s’ils savent trouver les mots.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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