Article mis à jour ce 20 mars à 19 h 56.

Assis à son fauteuil, numéro 233, en haut de l’Hémicycle, Charles de Courson (LIOT) a réussi l’improbable alliance entre la NUPES, le RN et même quelques députés LR. Ce lundi 20 mars, la motion de censure, portée par le député centriste contre le gouvernement, a obtenu le soutien de l’ensemble des élus hostiles à la réforme des retraites, auxquels s’ajoutent les pourfendeurs du 49.3.

Figure centriste

Si neuf voix manquent, finalement, pour renverser le gouvernement, Charles de Courson est d’ores et déjà devenu le héros de la gauche. De Mediapart au Monde en passant par Libération, tous chantent les louanges du doyen – sept mandats consécutifs – de l’Assemblée nationale. Pour Edwy Plenel, « le député […] honore l’Assemblée nationale dans la fidélité de la tradition républicaine et résistante de sa famille ». Chez Libération, on félicite « l’homme de la situation », passé d’élu au style un brin démodé à « l’espoir de toutes les oppositions »Olivier Faure, patron du Parti socialiste, salue pour sa part l’alliance de « la noblesse » et du « tiers état ». Même Caroline Mécary, avocat insoumis, grand défenseur de la GPA, cite sur son compte Twitter l’entretien du député à Mediapart. Et pourtant, il y a dix ans, aucun d’eux ne partageait les combats de Charles de Courson. Aux côtés de la Manif pour tous, l’élu, célibataire endurci, appelait à préserver le modèle familial « composé d’un père et d’une mère ». Récemment encore, lors de l’introduction de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes dans la loi bioéthique, il déposait un amendement afin de réserver l’accès à la PMA « aux couples hétérosexuels stables ».

Au-delà de ces combats conservateurs, difficile de dégager une ligne claire dans la politique de Charles de Courson. Très proche de la droite parlementaire – il vote à 66 % comme le groupe d’Olivier Marleix (LR) –, le député marnais est malgré tout apparu, en 2019, comme la figure d’opposition à la loi dite « anticasseur », déposée par les Républicains du Sénat. Texte qu’il assimilait par ailleurs « au régime de Vichy ». Trois ans plus tôt, il s’opposait à la déchéance de nationalité pour les binationaux.

Expert en finances publiques, très éloigné des frasques de la NUPES, il renonce pourtant à briguer la présidence de la commission des finances, laissant ainsi la voie libre à Éric Coquerel (LFI). Enfin, même s’il a voté en faveur d’Emmanuel Macron, le député n’a de cesse de critiquer l’amateurisme des élus de la majorité. En février 2021, au cours des débat sur le projet de loi séparatisme, il n’hésitait pas à donner à Marlène Schiappa une leçon de droit parlementaire. En somme, ni foncièrement de droite, ni vraiment de gauche, Charles de Courson garde depuis trente ans le cap du centrisme .

Renverser le gouvernement Borne

Président de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac, Charles de Courson peut se targuer de plusieurs coups politiques. Avec cette motion de censure, peut-être inscrira-t-il son nom dans la légende familiale ? Son ancêtre, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, votait en 1793 la mort de Louis XVI. Deux siècles plus tard, son grand-père, Léonel de Moustier, également député, refusait d’accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Son père, enfin, Aymard de Courson, s’illustrait pour faits de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec la motion de censure transpartisane, Charles de Courson espérait pour sa part renverser le gouvernement Borne. Peu importe l’issue du scrutin de ce lundi 20 mars, Charles de Courson restera celui qui, en réunissant les oppositions, aura réussi à rendre les quatre prochaines années du quinquennat Macron ingouvernables.

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20 mars 2023 à 18:31

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28 commentaires

  1. Je me souviens de ce qu’il avait voté pour Coquerel contre Jean Philippe Tanguy.

  2. Le plis discret mais le plus efficace politicien français arrivera-t-il a coordonner le RIP ? Si c’est le cas Macron ne pourra pas rester ; et démissionner ?

  3. Je ne connaissais pas Charles De Courson; je l’ai découvert lorsqu’il demandait de supprimer également les régimes spéciaux des sénateurs et des députés (déjà rogné pourtant). Il demandait en que la loi soit égale pour tous. On a vu
    la réaction des sénateurs et députés. Honte à eux et félicitations aux dix neuf députés LR qui ont voté la motion de censure.

    1. Même avis!cet homme est peut être « de ces derniers » qui comprennent bien la situation.

  4. Un politicien banal. Un monde à part, avec ses querelles à part. Utilité pour nous?

  5. Charles Amédée Simon du Buisson de Courson, objet politique non identifié , capable de soutenir la manif pour tous et les cathos intégristes , et en même temps , de refuser la déchéance de nationalité aux binationaux islamistes qui nous tuent dans les rues et vont faire le djihad à l’étranger contre l’armée française ; il faut le faire , mais il l’a fait.

  6. Mais le plus grave, ce n’est pas la retraite à 64 ans car aujourd’hui la grande majorité des retraites sont prises vers 63 ans et demi. Non le plus grave, c’est que dans un pays majoritairement de droite, la population réponde favorablement aux mots d’ordre des syndicats de gauche voire d’extrême gauche, en particulier la CGT, et descende dans la rue derrière eux, jusqu’où ? Ainsi Macron, l’ado arrogant et irresponsable avec sa clique de nantis « croqueurs de diamants », a réussi ce tour de force de redonner vie à la gauche moribonde et de faire renaître un PS totalement discrédité.

  7. Personnellement je m’en tiens à son discours d’hier et je l’ai trouvé très juste.

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