Cette « grande famille » qui jouissait sans entraves
Elle n’a que douze ou treize ans quand « Camille Kouchner doit mimer devant la “familia” un acte sexuel alors qu'elle est à peine pubère, on l'incite à masser et caresser les adultes ; la photographie de ses fesses, prise par son beau-père, est affichée en grand sur les murs de Sanary », révèle Le Point. « Tu as mis une culotte ? Tu sais que je ne veux pas que tu mettes de culotte pour dormir. C'est sale. Ça doit respirer », lui murmure à l’oreille Olivier Duhamel, ce fameux beau-père, juste avant d’aller se glisser sous la couette de son frère jumeau.
Le récit de la fille de Bernard Kouchner, La Familia grande, qui sort ce jeudi aux Éditions du Seuil, n’a pas fini de faire du bruit. Il décrit la vie de débauche de cette gauche caviar dans laquelle « la liberté sexuelle s'apprend à marche forcée : on envoie une femme mûre à l'aîné pour le déniaiser, on s'indigne de ce qu'à douze ou treize ans la cadette soit encore vierge ». Cette époque où les adultes nagent nus dans la piscine et les enfants sont censés être consentants face aux élucubrations sexuelles de leurs parents.
Mise face à ses responsabilités, cette intelligentsia tente de prendre ses distances avec ces affaires sordides, se cachant un peu trop facilement derrière Mai 68 et son fameux « Il est interdit d’interdire ». Laurent Joffrin qualifie cette époque libertaire de « révoltante ». Libé titre « La fin d’une omerta ». Le terme est d’autant plus inapproprié que non seulement le quotidien savait, mais il publiait même jadis des petites annonces pédophiles. Convenez que, pour une omerta, on repassera.
En janvier 1977, Libé et Le Monde publient une tribune signée par 69 personnalités parmi lesquelles Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Jack Lang, Bernard Kouchner, Louis Aragon, André Glucksmann, Gabriel Matzneff, Catherine Millet... Un psychosociologue, un psychologue, cinq psychiatres et un psychanalyste figurent même sur cette liste ! Tous prennent la défense de trois pédophiles à comparaître et militent pour la décriminalisation des rapports sexuels entre adultes et enfants. Ils décrivent une « simple affaire de “mœurs”, où les enfants n'ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d'instruction qu'ils étaient consentants ».
On se souvient, en avril 1982, de la déclaration de Cohn-Bendit : « La sexualité d'un gosse, c'est absolument fantastique, faut être honnête. J'ai travaillé, auparavant, avec des gosses qui avaient entre 4 et 6 ans. Quand une petite fille de 5 ans commence à vous déshabiller, c'est fantastique, c'est un jeu érotico-maniaque... » Depuis, le député Vert européen reconnaîtra encore dans Libé « des lignes insoutenables, intolérables ; avec ce que nous savons aujourd'hui sur la pédophilie, sur l'abus sexuel ».
Frédéric Mion, le directeur de Sciences Po, feint d’être « sous le choc » alors que l’ex-ministre Aurélie Filippetti l’avait prévenu il y a deux ans, rapporte Le Monde. « Je n’ai pas percuté. Je n’ai pas entendu ce que cette personne cherchait à me dire », se défend celui qui confiait à ses étudiants, à la rentrée de septembre dernier : « Vous êtes en de très bonnes mains, celles du professeur Olivier Duhamel que je m’honore à considérer comme un maître mais surtout comme un ami. »
Aujourd’hui démasquée, cette gauche bien-pensante et libérée prend des airs de vierge effarouchée. « C’est la fin de l’illusion d’un hypothétique consentement, on se rend compte qu’autour de la pédophilie, il y a tous les actes de la criminalité », explique, dans France Culture, Virginie Girod, docteur en histoire, spécialiste de l’histoire des femmes et de la sexualité. Si des vies n’étaient pas brisées par la perversité de ces violeurs d’enfants, ce serait presque amusant de voir cette caste politico-médiatique, si prompte à dénoncer le silence de l’Église dans ses affaires d’abus, tenter tant bien que mal de se racheter une virginité.
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