Certains se plaignent du chant du coq… Christophe Hondelatte ne supporte plus les tirs des forces spéciales
On le sait, les Parisiens partis se confiner en province n’ont pas bonne presse. On peut comprendre que les habitants des grandes métropoles fuient une densité de population favorable à la prolifération du virus et une exiguïté de l’habitat propice à la neurasthénie, mais il est assez légitime que la France périphérique rechigne à les voir apporter leurs miasmes et raille leur intérêt soudain pour une désertification parée de tous les charmes en cette période de distanciation sociale.
Aux Parisiens de faire preuve d’intelligence de situation et de se fondre humblement dans la masse sans se faire remarquer…
Mais Christophe Hondelatte ne l’entend pas de cette oreille. C’est le cas de le dire. Il en est qui se plaignent de l’odeur des chèvres, du chant du coq, du carillon, du clocher. Le célèbre journaliste d’Europe 1 confiné à Bayonne « ne supporte plus les tirs du 1er RPIMa » (Sud-Ouest). Car la France des villes moyennes, c’est aussi celle des régiments - quand ils n’ont pas été dissous au grand dam de la population locale, désolée de voir partir un dynamique tissu social. Il s’est fendu, le 3 avril, d’un tweet excédé : « Suis-je le seul à ne plus supporter les tirs continus du 1er RPIMa en plein centre-ville de Bayonne pendant ce confinement ? » mettant en copie la presse, la mairie, la préfecture, le ministère des Armées. Et pourquoi pas, non plus, le président de la République, le pape et la reine d’Angleterre qui, en ce moment, a la cote?
Il dénonce les tirs d’entraînement du corps d’élite et pose la question du « maintien des forces spéciales en centre-ville » : « Ces tireurs d’élite pourraient se calmer un peu ou aller s’entraîner au tir ailleurs en cette période de confinement, je ne sais pas moi dans la forêt landaise ou en zone non urbanisée. » Bref, que ces gueux - qui sans doute s’entraînent par pur sadisme et pour le plaisir d’enquiquiner Christophe Hondelatte - aillent gambader avec leurs jouets au diable.
Il conteste plus largement la présence de ces soldats « hébergés dans cette superbe citadelle Vauban ». On se perd en conjectures : ces traîneurs de sabre, selon lui, ne mériteraient donc que des préfabriqués en rase-campagne tandis que l’illustre bâtisse devrait trouver meilleure destination ? Laquelle, au juste ? Hôtel de luxe ? Logements sociaux ? Commerces ou bureaux ? « À un moment, il faudra peut-être se poser la question de leur maintien en pleine ville. Ce n’est pas très rationnel. Je suis un peu cash c’est vrai : mais là, ces tirs incessants, qui font un écho terrible ce n’est plus possible. »
Sans doute Christian Hondelatte est-il originaire de Bayonne. Sa maison là-bas serait même, selon la presse locale, sa résidence principale, et fort d’être un enfant du pays, il s’imagine sans doute avoir tous les droits, qu’on ne le prendra pas, en dépit de son parcours, pour un bourgeois… comme si tout Parigot-tête-de-veau n’avait pas, par nature, de façon récente ou lointaine, une souche bretonne, aveyronnaise ou basque ?
Sans doute ignore-t-il à quel point les journalistes de son espèce - enfin, non, de l’espèce de ceux qui vont sur le terrain - trouvent doux le bruit du tir des forces spéciales lorsqu’ils sont retenus depuis des semaines en otage au fin fond de l’Afrique subsaharienne ou du Moyen-Orient, combien suave il trouverait lui-même le vacarme des pales d’hélicoptères militaires - décollant non loin de chez lui, à Pau ou à Dax - si lui ou l’un des siens devait, par malheur, être gravement atteint par le Covid-19 et transféré en urgence. Ce serait ballot, alors, que pilotes ou tireurs ne se soient pas suffisamment entraînés.
Tireur d’élite (sur les réseaux sociaux) hors pair, toujours solidaire des militaires, Joachim Son-Forget a recommandé, sur sa page Facebook, aux « gars du 1er RPIma » de « aire encore plus de bruit pour Monsieur Hondelatte ». Ce n’est pas très gentil mais assez bien dit.
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