Ce propriétaire qui défend bec et ongles son terrain face aux randonneurs

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Depuis quelques jours, la tension monte dans le massif de la Chartreuse (Isère). En cause ? L'apparition de nouveaux panneaux « Chemin privé – Passage interdit » au cœur d'une réserve naturelle de la Chartreuse. Ces pancartes ont été apposées par le propriétaire des lieux, qui dispose de 750 hectares de terrain dans ce massif et qui a décidé d'interdire aux randonneurs l'accès à sa propriété.

Chez les usagers habituels, la tension est à son comble. Une pétition a immédiatement été mise en ligne par le Collectif Chartreuse, « Pour la liberté d’accès à tout-e-s à la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse », et a recueilli à ce jour plus de 35.000 signatures. Dans la matinée du dimanche 15 octobre, quelques centaines de personnes sont également venues manifester leur mécontentement aux pieds des falaises du massif de la Chartreuse.

Si la grogne monte, cela n'empêche pas le propriétaire d'être parfaitement dans son bon droit : en effet, celui-ci se fonde sur la loi du 2 février 2023 qui prévoit que « dans le cas où le caractère privé du lieu est matérialisé physiquement, pénétrer sans autorisation dans la propriété privée rurale ou forestière d'autrui, sauf les cas où la loi le permet, constitue une contravention de la 4e classe ». Joint par BV, Yves d'Amécourt, porte-parole du Mouvement de la ruralité, abonde : « Le propriétaire a laissé l'accès aux gens durant de longues années, maintenant ils sont déçus. Mais il reste propriétaire, c'est lui qui décide ! Il n'y a pas de droit à la nature, comme le prétendent les opposants, mais un droit à la propriété privée. Cet homme est chez lui, après tout. »

Une décision qui fait frémir les anti-chasse

Ce qui fait monter la tension chez les randonneurs n'est pas seulement l'interdiction des magnifiques paysages qu'offrent ces sentiers, c'est également l'autorisation, par le propriétaire, de la tenue de chasses privées dans cette immense réserve naturelle. « Ce qui est quand même aberrant aujourd'hui en France, c'est qu'on ait le droit, quand même, de chasser dans les réserves naturelles, réserves qui ont été créées pour préserver la faune et la flore de montagne », réagit ainsi Pauline di Nicolantonio, membre de l'association Justice Animaux Savoie, au micro de BFM TV.

Yves d'Amécourt, de son côté, rappelle que « la chasse est autorisée, et même encouragée dans les parcs naturels. L'homme y a toute sa place. Il y a ceux qui veulent réensauvager la nature, et ceux, défendus par le monde rural, qui veulent continuer à interagir avec la nature. » Et de conclure : « On préfère la chasse au loup. »

En sous-main, une résurgence de la lutte des classes

Le terrain est privé, il sert pour des chasses, mais le problème ne s'arrête pas là. Le propriétaire de cette zone a également l'immense, l'impardonnable tort d'être marquis. C'en est trop pour ses opposants qui n'ont pas manqué de monter une cabale dans le sillage des revendications jadis portées par les sans-culottes. Lors de la manifestation de ce dimanche, des clameurs et des chants tels que « Entends nos voix, marquis de Quinsonas… » ou encore « Sache que les gueux ne s’arrêt’ront pas là, notre droit d’accès, oui on l’obtiendra ! » ont retenti, tandis qu'Adrien Vassard, président du comité Isère de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), est venu déguisé en marquis afin de se moquer du propriétaire des lieux.

De leur côté, les députés (EELV) de l’Isère Jérémie Iordanoff et de la Vienne Lisa Belluco ont annoncé vouloir déposer un projet de loi visant à abroger la contravention instaurée par la loi du 2 février 2023. Par la suite, leur ambition est de proposer un nouveau texte qui garantirait un « vrai droit d’accès à la nature ». Le propriétaire n'a, quant à lui, pas donné suite aux revendications.

Indubitablement, la notion de « propriété privée » n'a pas encore été acceptée par tous les esprits. Exaspérés par le statut social de leur opposant, excédés par les parties de chasse organisées sur son terrain, ces derniers donnent dans la confrontation la plus abjecte en s'éloignant de leur combat initial. Peu de chances que leur position émeuve le propriétaire des lieux. Un marquis qui, par ailleurs, pourra peut-être rappeler à ces détracteurs l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité... »

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

63 commentaires

  1. Effarant le nombre de commentaires haineux et imbéciles à l’encontre de ce propriétaire, sympathique ou pas, on ne sait pas et ce n’est pas le problème. Ca en dit long sur les passions tristes qui agitent les éternels sans culottes et tricoteuses français. Cette histoire me rappelle un interview de l’excellente mais bien évidemment « de gauche » actrice Anèmone, qui se désolait de ne pouvoir acheter une résidence à son fils sur la côte d’Azur en raison des prix élevés de l’immobilier. Elle eut cette phrase qui fit se pâmer de connivence les spectateurs de l’émission: « ils (les horribles vendeurs) se croient propriétaires du soleil ». Personne n’eut le bon sens de lui rétorquer que les prix élevés qui la scandalisaient étaient la conséquence du jeu de l’offre et de la demande, demande qu’elle aggravait en voulant à toute force installer son rejeton dans le sud, quite à concurrencer les locaux, plutôt que dans la Meuse ou à Charleville-Mézières.

  2. Comment ce type peut-il être propriétaire d’un bout de la nature? Son droit de propriété est sans doute le résultat, à une époque donnée, d’un copinage ou d’une corruption. De plus, depuis plus de 30 ans, il a apparemment laissé son terrain vacant, non exploité, sans entretien ni clôtures, à la disposition des randonneurs sans qu’il ne fasse valoir à aucun moment, sous une forme ou sous une autre, son droit de propriété. Par conséquent, la prescription trentenaire s’applique et ce terrain redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, une terre qui appartient à tout le monde. Tout ça pour organiser de honteuses parties de chasses privées.

    • « Comment ce type peut être propriétaire d’un bout de la nature? ». La réponse est dans la question: parce qu’il en est propriétaire. Les allégations gratuites qui suivent auraient pu sortir de la bouche d’un garde rouge ou d’un Khmer de la même couleur. Ne manquent plus que la mise à mort ou la déportation dans un camp. Les révolutionnaires en peau de lapin dont vous faites partie ignorent qu’un des premiers soucis de leurs illustres prédécesseurs a été de garantir le droit de propriété.

  3. Il serait tout de même interessant de savoir si la menace d’un projet de loi (limitant le pouvoir absolu de la propriété privée) va être mise à éxécution ?? et…dans ce cas quelle suite lui sera apportée ????

  4. Personne ne s’interroge sur les raisons qui poussent nombre de propriétaires à interdire l’accès à leur domaine? Si les promeneurs respectaient le bien d’autrui, peut être que l’accès serait toujours autorisé. Mais quand on constate le comportement de certains individus ( barrières non refermées, abandon de déchets, récolte abusive de fruits, de plantes ou de bois) on comprend mieux que des barrières s’installent.

  5. L’époque des promeneurs admiratifs et respectueux de la nature et l’époque actuelle où des meutes de vacanciers se montrent peu scrupuleux des endroits qu’ils visitent ne sont séparées que par quelques dizaines d’années…Les propriétaires devront-ils bientôt remplacer les panneaux « propriété privée » par des miradors encadrés de barbelés?
    Quant à la chasse, nul besoin d’être écolo pour souhaiter une réglementation susceptible de décourager les tartarins, qu’ils soient à pied ou à cheval, dans le domaine privé ou public…

  6. Sur la notion chrétienne de propriété, je vous renvoie à l’encyclique « Quadragesimo Anno » du Pape Pie XI.

  7. À une époque où la propriété privée est de plus en plus mise en danger par les mondialistes, quoi de plus étonnant que quelques bobos, espèces protégées de notre époque, s’attaquent à un marquis, à son droit de propriété et à son droit de chasse ?

  8. Je ne pense pas que le titre de « Marquis » évoque encore beaucoup de chose à notre époque ! simplement il est regrettable que des randonneurs , habitués à parcourir ces beaux paysages , en soient soudainement privés au profit
    d ‘ un « loisir » rejeté par une grande majorité de personnes .

  9. Décidément, le refus d’obtempérer existe partout. Une interdiction ? On l’observe, sans faire d’histoires. On ne franchit pas de clôture, on n’ôte pas une chaîne qui barre un chemin assorti d’une pancarte « Propriété Privée ». Eh oui, même après le nuit du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges, il y a encore des propriétés privées et des propriétaires qui en font ce qu’ils veulent, entre autre refuser qu’on les investisse sous un prétexte ou un autre (droit d’usage, droit à la nature et autres fadaises). Mais quand, dans ce pays, quelqu’un va-t-il enfin respecter les lois ?

    •  » Mais quand, dans ce pays, quelqu’un va-t-il enfin respecter les lois ? » Ce n’est pas au programme des mondialistes, au contraire.  » Vous ne possèderez plus rien et vous serez heureux » Carl Schwab.

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