Qui a eu cette idée folle d’inventer le gilet jaune ! Utiliser un ustensile obligatoire pour manifester son opposition à une décision gouvernementale, fallait y penser quand même ! Blanche-Neige voyait des nains partout. Voilà que le gouvernement voit du jaune partout.

La semaine dernière, à la réunion plénière du conseil régional d’Occitanie, ce sont les conseillers Rassemblement national qui se vêtirent de l’élégant vêtement, histoire de pousser l'ire de la présidente Delga à l’hystérie et la mettre dans le rouge ! Vite, un règlement pour interdire le port du jaune en plénière ! Et sur les routes de France ? Lorsque nous étions gamins, histoire de passer le temps, nous comptions les voitures selon leur couleur ou leur plaque d’immatriculation. Alors, une idée pour les parents qui doivent conduire leurs enfants à l’école ou au foot en bagnole, s’ils ont l’incongruité d’habiter un bled où le métro ne passe pas en bas de chez eux : leur faire compter les gilets jaunes déposés sur le tableau de bord des voitures croisées. Ils vont être occupés et apprendre rapidement les centaines.

En France, c’est bien connu, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Or, si le Code de la route impose au "conducteur d’un véhicule à deux ou trois roues à moteur ou un quadricycle à moteur non carrossé" (rien n’est précisé pour les véhicules hippomobiles, cynomobiles ou à autres tractions animales comme le mulet ou le chameau) de disposer de cet équipement de protection individuelle [EPI, comme on dit au CHSCT !] sur lui ou dans un rangement du véhicule, rien ne lui interdit de le porter en toutes circonstances. C’est là le problème. Ironie du sort, malice du petit peuple, l’instrument obligatoire devient symbole de révolte. Va-t-il falloir préciser les conditions de port du gilet jaune, voire le restreindre ? User de la même sévérité républicaine que celle, bien connue, vis-à-vis du port de la burka et autres voiles intégraux qui sont, à bien y regarder, eux aussi, des EPI ? On y réfléchit peut-être déjà dans les rangs imaginatifs de La République en marche.

D'autant que ce péquenot de Jean Lassalle a osé, en ce mercredi après-midi, revêtir un gilet jaune dans l’enceinte sacrée de l’Assemblée nationale et, ainsi, distraire les questions au gouvernement. Ne bougeant pas un cil, le député des Pyrénées-Atlantiques est resté imperturbable aux injonctions du garde-champêtre Richard Ferrand, contraint d’ordonner une suspension de séance. La jacquerie des gilets jaunes ose provoquer, par Jean Lassalle interposé, Christophe Castaner, celui que, désormais, Marine Le Pen qualifie de garde du corps d’Emmanuel Macron, en remplacement de Benalla. "M. Lassalle, allez manifester hors de cet Hémicycle", ordonne Richard Ferrand. En vain. Mais, au fait, qui a dit que porter un gilet jaune dans l’Hémicycle est signe que l’on manifeste ? Après tout, Jean Lassalle n’a pas dit un mot. Qui sait s’il n’avait pas décidé de porter ce gilet par extravagance ou s’il n’avait pas oublié tout simplement de l’enlever en descendant de sa trottinette ? On a bien un député de La République en marche qui porte une lavallière et niche une araignée, non pas dans la tête, mais à la boutonnière ? Et si Jean Lassalle avait porté son gilet sous la veste, comme les messieurs très bien, qu’aurait dit M. Ferrand ?

S'il faut, maintenant, interdire ce qui est obligatoire dans ce pays, ça va devenir vraiment très compliqué. Mais résumons : 135 euros d'amende si vous ne portez pas le gilet jaune lors d'un arrêt d'urgence. 1500 euros d'amende (retenus sur ses indemnités) à Jean Lassalle pour avoir porté le gilet jaune dans l'hémicycle. Ubu roi voit des gilets jaunes partout...

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21 novembre 2018 à 19:54

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