Samedi, les députés ont suspendu de peu l’adoption d’une loi d’application de l’accord négocié. Ce texte a déclenché de facto une loi précédente qui oblige le gouvernement à demander un report de trois mois à l’Union européenne. Cette lettre, « une requête du Parlement », sans signature, a été envoyée par Downing Street, suivie d’une autre, signée du Premier ministre, spécifiant qu’il ne voulait pas de ce délai qu’il avait été légalement contraint de demander. Il a appelé les 27 à ne pas se laisser « attirer » par un report. Inflexible, Boris Johnson présentera, cette semaine, au Parlement la législation nécessaire à la mise en œuvre de son Brexit deal.

Le Brexit est la mère de toutes les batailles. In fine, le peuple aura le dernier mot puisqu'il y aura des élections générales, mais en attendant, le Parlement britannique est le lieu de la catharsis, et Boris Johnson en est le héros moderne. Fort de la confiance du peuple, il y joue de tous les ressorts.

Quand il a fallu reconstruire cette Chambre des communes, après la destruction d’une partie du palais de Westminster par les bombes allemandes (Blitzkrieg), on se demanda s'il ne fallait pas construire un hémicycle. « Nous façonnons nos bâtiments, puis nos bâtiments nous façonnent »remarquait Winston Churchill en 1943. Il prenait alors parti en faveur de la reconstruction à l’identique, selon un plan rectangulaire et non en forme d’hémicycle, du lieu central mythique de la démocratie parlementaire britannique.

Avec ce « face-à-face fougueux entre un gouvernement et une opposition séparés par quelques mètres seulement, une atmosphère fiévreuse dans une salle surpeuplée où les bancs de cuir vert sont, à dessein, en nombre insuffisant pour les 650 députés. Il s’agit de donner, prévoyait déjà le Vieux Lion de Downing Street, “une impression d’affluence et d’urgence”. Le parti pris par Churchill découlait de son attachement à la stabilité politique assurée par un système bipartisan et son corollaire, l’élection des députés au suffrage à un tour où le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix est élu », rappelle Le Monde.

Sur le continent, les européistes semblent avoir fait leur deuil de cette séparation d’avec le Royaume-Uni. Maintenant, ils se recentrent sur leur vieux rêve d'empire fédéral européen, qui n’est qu’une région de l’empire global. Ils baissent leurs ambitions : d’un côté, ils s’apprêtent à laisser libre le Royaume-Uni et de l’autre, le Président Macron vient de rejeter l’entrée de l’Albanie et de la Macédoine du Nord, mais ils n’ont pas renoncé et brandissent leur idéologie progressiste pour avancer.

Seulement, le réveil des nations depuis l'effondrement du bloc soviétique est incompatible avec l’emprise de ce globalisme. La Pologne, plus que jamais conservatrice, et la Hongrie d'Orbán restent réfractaire à cette idéologie mortifère - qui n'est pas libérale au sens de Smith ni au sens de Hayek. C'est un capitalisme de connivence (crony capitalism) qui, via l'État, impose son idéologie progressiste, verte et anthropo-réchauffiste, visant à maintenir les peuples des pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud dans la pauvreté et y ramener les peuples des pays occidentaux afin de permettre à une élite d’assouvir ses rêves les plus fous.

Nous vivons l’ère du retour des nations, des peuples qui veulent vivre et travailler au pays, ce qui n’empêche pas de commercer avec le reste du monde. Souvent, les cosmopolites, quand ils sont de gauche, ne comprennent pas que ce n'est pas parce qu'ils aiment voyager que les peuples doivent devenir voyageurs. La différence entre l’homme de droite et celui de gauche, c'est que, quand l'homme de droite fait quelque chose, il s'en octroie le privilège, c’est tout, tandis que le type de gauche cherchera toujours à imposer cette activité à tous.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:09.

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20 octobre 2019 à 17:30

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