Qui ça ? Quoi ça ? Où ça, un "dérapage" ?

La presse, ce lundi matin, parle du "dérapage" de François Berléand. Fumisterie. Il n’y a pas plus de dérapage que de beurre en broche. Berléand a dit le fond de sa pensée et on ne voit pas pourquoi ce droit lui serait contesté. Pour autant qu’on le sache, on n’est pas tenu (quoique…) d’afficher une admiration inconditionnelle pour les gilets jaunes et leurs happenings violents qui se perpétuent de samedi en samedi et dont personne ne voit, dans tout ce gloubi-boulga sociétal, ce qui pourrait bien les arrêter.

Berléand, selon la formule consacrée, a eu le courage de dire tout haut ce que bien des gens pensent tout bas : "Depuis le début, ils me font chier, les gilets jaunes !" "Au début, on est solidaire, on signe... mais au bout d'un moment, ça va..." "Il y a une liberté de circuler, une liberté de travailler. Pourquoi bafouer ça ? Les gilets jaunes n'ont pas conscience qu'il y a des gens qui travaillent, que ça coûte de l'argent, que les manifestations qui ont dégénéré à Paris, ce sont les assurances qui vont payer, c'est eux aussi qui vont payer, tout le monde paye."

Il aurait pu ajouter les commerces qui vont fermer après avoir baissé le rideau et leurs employés gilets jaunes sous-smicards qui vont pointer demain à Pôle emploi.

Trop de gilets jaunes tue les gilets jaunes, voilà la réalité.

Entre ceux qui ne veulent pas perdre une bouffée de fraternité apparue enfin dans leur océan de solitude et les abrutis remontés à la haine comme des poupées mécaniques, il n’y a de commun que la couleur fluo de leur gilet. Le problème est que les premiers, bons enfants, sont, quoi qu’ils en disent, les complices passifs des seconds. Preuve par les faits sous mes fenêtres, quand un groupe d’adultes en jaune regarde et filme complaisamment une bande de jeunes en train de s’équiper de masques, lunettes, capuches et matériel lourd dans le sac à dos avant d’aller s’en prendre au mobilier urbain.

Marre des happenings, et surtout marre de cette atmosphère pourrie où fleurissent les menaces et, de plus en plus, leur mise à exécution.

Preuve de l’incommensurable bêtise qui monte, les insultes et les menaces pleuvent sur le compte Twitter d’un journaliste de La Dépêche qui a le malheur de s’appeler François Berland. Excédé, il finit par répondre : "Petite mise au point face aux insultes, je m'appelle François Berland, je suis journaliste pigiste, j'habite au Pays Basque. […] Apprenez à lire, ça sert bien, si si vous y arriverez. François Berléand ce n'est pas François Berland..."

Réponse d’un dénommé Moundir : "Pas la peine de te cacher sous un faux profil qui ressemble à ton nom, on t'a grillé."

Cher Monsieur Berland, toutes mes condoléances.

En effet, comme il le confie au journal Mediabask : "Ça tourne à l'insulte. On me pisse dessus, voire pire encore, avec de la scatophilie… On me traite de connard, de fils de p… et que je dois regarder mon compte en banque… De la poésie à l'état pur…" Et d’ajouter : "Je suis une victime collatérale, mais même après avoir fait une mise au point sur mon compte Twitter, j'ai reçu d'autres messages haineux de la part de twittos cachés derrière leur écran. J'en conclus qu'ils ne lisent que ce qu'ils veulent, et ne font pas semblant du tout. C'est consternant."

Le mot est faible. Pour ma part, je trouve toute cette haine débridée franchement inquiétante, et tout aussi dangereuse la complaisance de beaucoup face à des exactions que rien ne justifie.

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11 février 2019 à 16:04

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