Après le RER B, des voyageurs coincés en pleine surchauffe dans le Thalys : la tiers-mondisation en marche !

Thalys

La bonne ville de Saint-Denis semble s’être à nouveau distinguée, sans doute bien malgré elle. La faute, cette fois, non pas à 40.000 faussaires anglais sortis de l’imagination bananière d’un responsable politique, mais sans doute au hasard et à la canicule, ainsi qu’au degré de compétence de l’entreprise impliquée. La manière dont l’événement est relaté (ou non...) dans la presse de ce jour, au lendemain des faits, éclaire cependant la pente savonneuse sur laquelle semble se trouver la « 5e puissance mondiale », avec cette impression diffuse que l’ère Macron pourrait ne pas être étrangère à l’accroissement du phénomène.

À titre de comparaison, j’ai consulté deux quotidiens néerlandais (De Telegraaf, Algemeen Dagblad), ainsi que deux français (Le Figaro, Le Parisien), tous « en ligne ». Les faits, côté néerlandais : (De Telegraaf, 20/7/2022) « Des voyageurs coincés des heures durant dans un Thalys : vitres brisées pour avoir de l’air frais. » Lorsque l’on se remémore les températures de la journée du 19 juillet, 41 °C extérieur à 17 heures en région Centre, on n’ose imaginer celles d’un Thalys bouclé en rade à Saint-Denis sans climatisation, comme l'indiquent les articles néerlandais. Le titre de Algemeen Dagblad (20/7/2022) est identique, hormis l'adjectif final : « Bestial ». En combinant les deux articles, l’on apprend donc que, peu après son départ de Paris-Nord (19 h 30, avec une heure de retard), un Thalys à destination de Bruxelles, en proie à des problèmes techniques, s’immobilise station Saint-Denis pour une durée de 4 heures pour cause de panne de climatisation. Les températures montant rapidement, les passagers prisonniers avec interdiction (ou impossibilité ?) de sortir des rames, il y eut des malaises à bord et certains passagers prirent l’initiative de briser des vitres. Les seules informations de l’incident proviennent, pour l'heure, de certains voyageurs de la rame (via Twitter).

L’on apprend également que de bonnes âmes, sur les quais de la station Saint-Denis, lancèrent des bouteilles d’eau afin de venir en aide aux naufragés. Température dans les rames : 45 °C. Finalement, le train fut évacué autour de 22 heures. Trois heures et demie pour évacuer un train stationné en gare de Saint-Denis, des voyageurs sans information et en danger de suffocation : heureusement qu’il n’y avait pas le feu.

Voyons maintenant, côté français, Le Figaro et Le Parisien. Le Figaro (20/7/2022) évoque un « trafic ferroviaire très perturbé dans le Nord après une panne d’électricité. » Nota : notre propos n’est pas de prétendre ici un lien de cause à effet affectant le Thalys au départ de Paris le soir même, la circulation de tous les trains étant interrompue le matin, selon l’article, dans les Hauts-de-France uniquement, pour une durée de deux heures, mais de souligner avec étonnement que dans Le Figaro comme dans Le Parisien, il n’y nulle trace d’un calvaire enduré, la veille, par 750 passagers d’un Thalys à Paris.

Le Parisien (20/7/2022) : « Hauts-de-France : importante panne électrique sur le réseau SNCF, le trafic à l’arrêt reprend progressivement. » Comme l’indique Thalys sur son site, il s'agit d'« une entreprise à taille humaine ». Encore heureux. Peut-être pourraient-ils envisager l’ouverture d’une chaîne de saunas roulants ? Pour la petite histoire, un naufragé raconte qu’après l’évacuation, aucune aide d’hébergement ne fut proposée par le transporteur. Humains un jour, humains toujours ! La France devient-elle une destination dangereuse ?

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Silvio Molenaar
Nouvelliste.

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