Après le pangolin, accusé au début de l'épidémie de Covid de nous avoir transmis un coronavirus, c'est maintenant au singe et à certains rongeurs des forêts d'Afrique du Centre et de l'Ouest d’être accusés de nous transmettre un orthopoxvirus responsable, chez l'homme, de ce que l'on appelle la variole du singe. Faut-il y voir une vengeance de la gent animale pour toutes les misères que l'homme lui fait subir depuis des siècles ? Ce serait, bien sûr, un raccourci stupide. Cependant, cette maladie zoonotique qui peut être transmise à l'homme a débarqué en Europe au mois de mai 2022 chez des personnes qui n'avaient pas séjourné en Afrique ; la maladie s'est donc transmise entre êtres humains. Pour l'instant, les principaux concernés sont les hommes homosexuels.

Le bulletin de Santé publique France nous informe que le virus de la variole du singe peut être transmis par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d'une personne malade ainsi que par des gouttelettes (postillons, éternuement, salive....). Les rapports sexuels réunissent toutes les conditions nécessaires à une contamination et avoir plusieurs partenaires augmente bien sûr le risque d'être exposé au virus. Mais la contamination peut aussi avoir lieu de manière indirecte par le contact avec des éléments souillés comme la literie, les vêtements, la vaisselle, etc. Les malades doivent donc respecter un isolement pendant toute la durée de la maladie jusqu'à la disparition des dernières croûtes, soit environ trois semaines.

Les premiers symptômes évoquent un épisode grippal avec une asthénie intense, une fièvre, des maux de tête, maux de gorge et parfois une atteinte oculaire ou des troubles de la vision ; puis apparaissent des boutons principalement sur le visage, les paumes des mains, les plantes des pieds, au niveau du sexe et de l'anus, parfois aussi sur le buste et les membres. Ces boutons sont constitués de vésicules remplies de liquide qui évoluent vers le dessèchement et la formation de croûte, puis la cicatrisation. On observe également des ganglions au niveau du cou et au pli de l'aine. L’incubation de la maladie varie de 5 à 21 jours et la phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. Heureusement, cette maladie guérit le plus souvent spontanément au bout de 2 à 3 semaines, parfois 4. La maladie est, bien sûr, plus grave chez les personnes immunodéprimées ainsi que chez les enfants, car elle peut se compliquer par l’infection des lésions cutanées ou par des atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques. Pour l'instant, nous n'avons pas eu à déplorer de décès en France.

Les sujets infectés devront donc respecter les gestes barrières et s'isoler le temps de la maladie. Il n'y a pas de traitement spécifique à ce virus, mais les traitements symptomatiques auront pour but d'éviter les surinfections cutanées ou plus générales et calmer les symptômes douloureux ou désagréables.

L'OMS a comptabilisé, à ce jour, près de 18.000 personnes infectées dans le monde dans 78 pays, et 70 % des cas sont concentrés en Europe. Au 21 juillet 2022, 1.567 cas de variole du singe ont été recensés en France. Bien que la maladie ne soit pas à proprement parler une maladie sexuellement transmissible, puisqu'on peut se contaminer avec des objets souillés, l'OMS, le 27 juillet, a recommandé aux hommes homosexuels de limiter le nombre de partenaires afin de limiter la propagation du virus

La vaccination contre la variole, qui était obligatoire jusqu'en 1984 dans les pays européens, semble être efficace à 85 % contre ce virus. Les autorités française ont élargi les critères de vaccination de manière préventive, suivant l’avis de la Haute Autorité de santé du 7 juillet. Jusque-là, la vaccination n'était proposée qu’aux adultes ayant eu un contact à risque avec un malade. Elle est désormais proposée aux hommes homosexuels, aux professionnels exerçant dans des lieux à risque ou aux prostitués. Il y a, actuellement, deux vaccins sur le marché (Imvanex™ et Jynneos™); la vaccination comporte deux doses espacées de 4 semaines. Pour les plus âgés qui ont déjà été vaccinés dans l'enfance, une seule dose de rappel est suffisante. Des experts estiment qu'il faudrait vacciner environ 300.000 personnes (soit environ 600.000 doses) pour protéger la population française à risque. Il n'est pas sûr que nous en ayons assez.

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29 juillet 2022 à 12:49

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