Apprentissage de l’arabe à l’école : Jean-Michel Blanquer sur le cheval de Troie

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Ce lundi matin, à BFM TV, le ministre Blanquer ressort, avec les précautions d’usage, un sujet sensible : l’héritage Vallaud-Belkacem de l’ELCO, ou enseignement des langues d’origine. De quoi s’agit-il ? D’introduire, au CP, l’apprentissage de l’arabe (littéraire, s’entend) pour mieux lutter contre l’islamisme, en amenant, des mosquées à l’école, les enfants tentés par les discours extrémistes : ce trajet, en effet, s’impose comme une évidence. Et pour faire bonne mesure, on enseignera d’autres « langues de culture » comme le chinois et le russe. Bien sûr, il s’agit d’une « stratégie qualitative » : redonner à ces langues du « prestige » littéraire. Et la France a pour vocation d’accueillir l’enseignement de l’arabe au CP. Avec la formation d’imams, on est paré face à des dangers que l’on devine.

Pendant ce temps, dans la revue Causeur, Souâd Ayada, présidente du Conseil supérieur de l’enseignement, tient un discours de bon sens, en tout point excellent, sur "l’affaissement intellectuel et culturel de notre société occidentale [...] dominée par la technoscience", sur "le désamour de la France" et rappelle la nécessité de l’enseignement des fondamentaux à l’école. Conclusion : à moins que ce ne soit la Pentecôte à l’Élysée, c’est la tour de Babel. À quoi sert cette stratégie du « en même temps », dite encore du brouillage de signes ? À draguer ici et là, car monsieur Blanquer sait bien (outre la mise en pratique impossible) que l’Éducation nationale n’a pas à favoriser l’enseignement de l’arabe, fût-il littéraire, au CP. Quelle illusion (et prétention) de nous croire en position de supériorité au point de faire entrer dans la citadelle le cheval de Troie !

Les élèves de France et de Navarre ne sont pas des écoliers du Collège de France pour qu’on leur enseigne Averroès et la philosophie chinoise. Que le ministre considère plutôt qu’ils sont « classés derniers par PIRLS ou PISA pour « la compréhension de l’écrit ». Une suggestion dont on ne se cache pas la difficile mise en pratique serait d’appliquer la philosophie, subtile mais efficace, dite « stratégie sélective du balai » en ramenant à la raison les acteurs/rices/oresses de la rue de Grenelle.

Le gouvernement a le vertige. Alors, vous savez quoi, Monsieur Blanquer ? Augmentez plutôt le salaire des professeurs et imposez à toutes et à tous la nécessité d’enseigner notre langue en bonne et due forme, et d’abord la règle simple : « En France, parle français. » Car si on sait bien sa langue, l’anglais courant s’apprend en six mois avec Babel dont on fait les réclames partout. Et ne lançons pas des stratégies qualitatives, comme ça, de bon matin, pour voir : c’est déjà vu.

Une petite remarque, enfin, qui ne se veut nullement discourtoise : notre ministre a fait une faute d’inattention, bien excusable, dite du « syndrome du réveil matinal ». En effet, on écrit et on dit : « une langue qui doit être apprise » et non « appris ». Ce n’est pas une question de « ressenti », comme disent certains : jusqu’à nouvel ordre venu de Belgique, l’accord du participe après "être" serait une « évidence ». Notre langue, le français, est aussi une langue de culture.

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Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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