Angleterre : les cons auront leur mur (de la diversité)
On savait les britanniques beaucoup plus avancés que nous en matière de multiculturalisme : il suffit de se promener dans les rues de Londres, dont le maire est un musulman d’origine pakistanaise, pour s’en rendre compte. Partout, ce ne sont qu’Asiatiques (d’Inde, du Sri Lanka et d’ailleurs), Africains anglophones, femmes voilées et hommes enturbannés. Nul n’est certain que cela soit une bonne chose pour l’ancienne capitale de l’Empire britannique, et Sa Très Gracieuse Majesté moins qu’une autre, bien qu’elle n’en dise rien. Quant aux droits de minorités (sexuelles, ethniques ou culturelles), Londres s’en est fait une spécialité.
Le très réputé Institut de psychiatrie, psychologie et neuroscience du King’s College, established 1924, fut fondé par le docteur Henry Maudsley, pionnier de la psychiatrie, en collaboration avec Sir Frederick Mott, comme une faculté de médecine. Une sorte de collège très select où le professeur Septimus aurait eu sa place, et dont Edgar P. Jacobs aurait pu s’inspirer - s’il ne l’a fait - pour dessiner sa célèbre Marque jaune. Un institut royal, comme son nom l’indique, d’où sont issus nombre de sommités de la médecine britannique. Bref, la tradition anglaise, un brin conservatrice, discrète et flegmatique.
Las ! Il y a quelques années, le portrait de l’ancien archevêque de Canterbury a été retiré, à cause de son opposition au mariage gay. Terrorisme intellectuel, quand tu nous tiens… Le King’s College n’entend pas s’arrêter en si bon chemin : son doyen vient d’annoncer le remplacement du buste des fondateurs par des portraits de personnes représentatives des minorités ethniques. Sans doute les futurs professeurs de psychiatrie du Royaume-Uni.
"La faculté ne doit pas être remplie des bustes d’hommes barbus des années 20", déclare-t-il benoîtement. Peut-être que d’autres types de barbes seraient mieux portées ; le phénomène est très à la mode en ce moment des deux côtés du Channel. Et il insiste : pas question de les jeter à la poubelle, mais simplement de faire en sorte que l’institut soit moins "aliénant". Pour un collège de psychiatrie, cela peut se concevoir. Avec le genre de barbus qu’on rencontre à Londres, comme à Paris, l’institut risque d’avoir du travail pour longtemps. Parce que dans le genre aliéné, certains se posent en champions toutes catégories.
Ainsi, le King’s College aura bientôt son "mur de la diversité", au terme d’une longue réflexion destinée à donner à l’institut une couleur plus interculturelle, internationale, de la manière dont se développe la science. Tout un programme. Pourquoi pas aussi une mosquée, un centre culturel intersexuel, un foyer neutre d’expression des différences, un café participatif, un club échangiste et un atelier vaudou ? L’éminent professeur Maudsley, le barbu des années 20, doit s’en retourner dans sa tombe.
Une chose est sûre : certains ont le mur des cons. Désormais, les cons auront leur mur.
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