Amérique de Trump contre celle de Biden : un avant-goût de ce qui nous attend en France ?

TRUMP BIDEN

Bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle guerre de Sécession ; même si ça commence à bigrement y ressembler. Nation composite par excellence, les USA se sont toujours montrés chiches en matière de symboles fédérateurs, hormis John Wayne et le baseball, Elvis Presley et le football, Fort Alamo et le drapeau, la Constitution et, plus récemment, les attentats du 11 septembre 2001.

Rien de tel aujourd’hui. Les côtes est et ouest votent pour les démocrates, tandis qu’au milieu, on apporte massivement ses suffrages aux républicains. Et ces deux Amérique qui s’affrontent au lieu de se parler, sauf pour s’insulter. Naguère, les élections de mi-mandat, traditionnellement défavorables pour le parti au pouvoir, n’étaient qu’une sorte de formalité, aux enjeux intégrés par tout un chacun et dont la routine des résultats n’annonçait guère de tornade politique.

Mais alors que les électeurs américains s’apprêtent à renouveler l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, sans oublier nombre d’élus locaux, on sent bien que, des deux côtés, l’heure est plus à l’invective qu’au débat serein. Pour Joe Biden, « le moment est venu de défendre la démocratie ». Rien que ça. Pour Donald Trump, « il faut mettre fin à la destruction du pays et sauver le rêve américain ». Rien de moins (Le Monde).

Bref, il s’agit plus là d’un discours d’ordre eschatologique que d’une simple joute électorale, puisque deux visions antagonistes du monde s’y affrontent. Ce constat, nombre de nos confrères l’ont déjà dressé : il n’y a plus rien à négocier entre ces deux Amérique ; si ce n’est par avocats interposés, la preuve en est cette une du Parisien de ce lundi, titrant : « Trump Biden : ces deux Amérique qui ne se parlent plus », entre Américains à l’ancienne, chemise à carreaux et bière, menacés par ces néo-Américains woke en vêtements équitables et carburant au quinoa. Pourtant, on aurait tort d’imaginer que le Vieux Monde puisse être épargné par les dingueries du Nouveau, sachant qu’il faut généralement compter une ou deux décennies pour que ces dernières traversent l’Atlantique.

Après avoir exporté le sexe libre et le tabac à tous les étages, le culte de la bagnole, du whisky au petit déjeuner et du prêt-à-manger avant d’être prêt-à-jeter, voilà qu’arrive le retour de bâton puritain. Naïvement, il était légitime d’imaginer que la France était par nature à l’abri. Comme toujours, il n’en a rien été. Nos féministes et homosexuels d’antan, alors de l’espèce joyeuse, se sont depuis transformés en ligue de vertu. Néanmoins, contre la mini-jupe et pour le voile islamique, une logique demeure : la négation des femmes et de leurs formes. Il n’y a pas si longtemps, tous les Français riaient de bon cœur en regardant La Cage aux folles (1978) d’Édouard Molinaro tout en versant une larme en écoutant Charles Aznavour et son « Comme ils disent ». Ces temps-là ne sont manifestement plus.

Ainsi, en France, les Français n’en finissent plus de se regarder, eux aussi, en chiens de faïence. Les uns après les autres, les bistrots ferment, là où il était encore possible d’échanger, d’une classe sociale à l’autre et aux opinions politiques parfois contradictoires. On pouvait en même temps lire Le Monde et Le Figaro, Minute et Le Canard enchaîné : tout le monde finissait par se réconcilier grâce à L’Équipe. Ceux qui écoutaient France Inter n’avaient pas honte de parler avec ceux dont RTL était l’ordinaire matinal. Aujourd’hui, tout divise. Il y a la France de CNews et celle de France Info ; le pays des Tuche, des gilets jaunes, et celui de l’actrice Corinne Masiero, les belles personnes. Soit, d’un côté, les gentils et, de l’autre, les méchants, un peu comme dans la chanson de Michel Fugain.

On remarquera que dans cette histoire, nos politiques sont pour le moins coupables. En effet, voilà des décennies qu’ils nous bassinent afin de savoir qui sera la nouvelle Margaret Thatcher, le potentiel disciple d’Helmut Kohl, le possible Ronald Reagan, l’éventuel Donald Trump, le futur Barack Obama. Alors qu’il aurait sûrement été plus pertinent de se demander de quelle étoffe tricolore pourrait être faite le prochain Président, ou Présidente, digne de relever le flambeau national et d’être susceptible de renouer le lien entre ces Français qui, de longue date, ne s’aiment guère. Et d’éviter, pour une fois, que les Français ne deviennent des Américains comme les autres.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/11/2022 à 21:49.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Et puis, maintenant que nous avons enfin une version claire, simplifiée, monochrome, binaire et manichéenne du bien et du mal, Darmanin nous confirme « qu’il faut être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants » Brrr, le temps se couvre pour CNews, BV et quelques autres ! Le grand hiver mental arrive, et il sera rude.

  2. C ‘est pareil partout : les gauchistes (ou democrates) diabolisent la droite (ou les republicains) et en avant toute wokisme /LGBT/ immigration massive et russophobie !
    Ce n est plus un scoop que les elites veulent supprimer Nation Famille et Religion et gare a ceux qui s y opposent (Viktor Orban etc..)

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