« Ah ! ces gens du peuple ! », avait dit le roi. « Des factieux… »

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« J’ai très envie de vous foncer dans les plumes. » Et pas qu’un peu ! Voilà ce que signifiait l’entrée en campagne présidentielle, ce samedi, sans tambour ni trompette, avec blindés.

Les annales retiendront que, le 12 février de l’an de grâce 2022, des motards passent à toute allure en haut du boulevard Saint-Michel, pétaradant, sifflant, le bras tendu vers la droite : poussez-vous, sautez dans le fossé, qu’on ne vous voie plus, non ce n’est pas un ange qui passe, mais trois blindés, on ne râle pas, la petite dame ! La dame ne râle pas. Elle est admirative devant ces hommes casqués, si allurés, sur des engins si gros, tenus d’une main, l’autre tendue, tandis que le sifflet siffle siffle… C’est tellement — trop ! — rare, à Paris, des blindés ! Deux étudiants s’exclament : « Jamais vu ça à Paris ! » « C’est des pompiers ? » me dit une vieille dame que j’aide à se relever. « Il y a un feu ? » « Non, Madame, dis-je. Des pompiers ne sortiraient pas la grosse Bertha. » Un doute me prend, alors : C’est-y la guerre ? Le tsar de toutes les Russies est-il aux portes de Paris ? Sotte que je suis (je ne me le fais pas dire), c’est porte d’Orléans qu’ils vont, ces blindés ! Accueillir le Convoi de la honte ! Le quoi ? Le tas d’irresponsables venus de la France profonde aux mille ronds-points !

« Ah ! ces gens du peuple ! », avait dit le roi. Des factieux, Sire ! Rappelez-vous les années passées ! L’Arc de Triomphe vandalisé. Rien n’a changé depuis quatre ans ! Ils sont obtus ? Certes, mais c’est votre peuple, Sire ! Celui dont vous avez très envie, je veux dire, que vous désirez si fort mener sur le chemin de la paix, de la prospérité, du bonheur. Votre peuple contre lequel, ce jour ensoleillé de février, vous faites avancer l’artillerie lourde. Pourquoi, Majesté ?

Vous avez cru tout régler dans les grands débats où vous avez parlé interminablement en bras de chemise, devant un public de JAM, de VAM, de RAM : Les Jeunes avec Moi, Les Vieux avec Moi, les Riches avec Moi. Vous pensez que le dialogue, c’est surtout devant une table de trois mètres, avec le tsar de toutes les Russies, dont l’image est retransmise à la télévision. Vous a-t-il échappé, Sire, qu’il y a désormais un mur infranchissable, un abîme, un précipice entre le peuple et vos ministres et les élites technocratiques, bardés d’affaires, démonétisés par des promesses non tenues et casqués d’arrogance ?

Depuis le traité de Lisbonne, le peuple ne vote plus, Sire ! Là est le vrai danger, le grand danger démocratique (pardonnez l’adjectif, Sire) ! Déplorer, dans ces conditions, le péché d’abstention ? Déployer la grosse Bertha ? Non, Sire ! Vous croyez que vous leur donnez le désir d’aller voter, aux Français ? Les annales garderont plutôt de votre règne ces expressions méprisantes dont « le Convoi de la honte » pour désigner des sujets montés à Paris dire au roi leur colère. On ne badine pas avec le feu, Sire !

 

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 14/02/2022 à 16:44.
Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Le roi a une majorité du peuple contre lui, mais il sait qu’il peut gouverner avec une minorité, il suffit que les oppositions soient ventilées dans des minorités plus petites que la sienne.

  2. Merci Madame pour cet excellent billet, qui résume tout ce quinquennat raté par la faute d’un seul homme, qui c’est pris pour Dieu.
    Des blindés face au peuple affamé de liberté et brandissant le drapeau jeter à terre par un pauvre type sensé représenter la France : quelle honte et quel sacrilège.

  3. Au lieu de s’occuper de l’affabulation Bidonesque non bidonnante en cours, je parle de l’invasion russe en Ukraine, notre affreux sire, cet oiseau de malheur ferait mieux de se pencher sur le chevet de notre pays, qui un jour a été le sien mais ne l’est manifestement plus. Car je sens un vent qui se lève et qui risque de faire sortir sabres, épées et baïonnettes des placards où ils se trouvent.

  4. Excellent article. Si, hélas, sa majesté repasse malgré j’ai envie de vous em…, les blindés et toutes ses vomissures qui montrent sa haine anti-française, certains auront l’avenir de notre pays sur la conscience. J’espère que les législatives pourront encore nous sauver de ce malfaisant.

  5. A sa droite, le fauteuil est vide ! On ne voit plus Brigitte depuis un bon bout de temps. Y aurait-il de l’eau dans le gaz ? Il est vrai qu’au prix où il est… A mon avis, elle craint fort la suite des événements et elle le lâche !

  6. Nous les gens du peuple ,les gueux nous sommes la …ne l’oubliez pas Sire …vous devriez fuir à Varennes ..pour notre soulagement .

    • Ne manque ni de moyens ni de personnels, il faut croire qu’habituellement ils restent au chaud à boire le café.

  7. Il fut une époque ou certains rois furent décapités .Méfiez vous d’un peuple en colère petit roitelet , vous ne savez pas de quoi il est capable .Ce peuple qui subvient à vos besoins et que vous n’aimez pas en a ras le bol de vous et de vos guignols .Il faudra voter en masse , mobiliser un maximum de monde pour les dégager .

    • Et vous y croyez encore ? je suis d’un naturel optimiste, mais je sais qu’ils ont prêts à tout pour gagner, à commencer par supprimer les autres candidats, qui n’auront pas les parrainages ! alors immédiatement la loi martiale et on repart pour 5 ans ! (sans moi)

  8. N’oublions pas que depuis 5 ans, toutes les souffrances infligées au Français l’ont été avec l’assentiment d’une majorité de députés, de sénateurs et avec celui des « sages » des conseils d’état et constitutionnel.
    Aujourd’hui, la violence est initiée par ceux qui possèdent le matériel pour blesser, mutiler, voire tuer ainsi que le personnel pour s’en servir. Mais tout cela n’est rien face à des millions de révoltés. Le pouvoir le sait et il a besoin de les décourager avant d’être submergé.

  9. La photo est bien choisie, il manque un vrai chef d’Etat dans le fauteuil vide ! A moins que ce soit le siège de Satan, qui permet à ce gouvernement de la honte de continuer ses exactions…

  10. Jupiter ne devrait-il pas s’alarmer de la lancée des chars, contre le peuple pacifique, à Paris, plutôt que d’aller faire son cinéma électoral en Russie et en Ukraine ? Des reportages ont montré que l’on vivait bien plus paisiblement en Ukraine, loin de l’odeur des chars, des bruits de bottes et des sifflets … Et oui, pas comme à Paris où de petits caporaux lâches, planqués dans leur palais hyperprotégés, lacent la grosse berta contre le peuple en souffrance.

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