Afrique : le coup d’État permanent…

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« La seule différence entre le Zimbabwe, d’une part, et le Gabon et le Niger, d’autre part, réside dans la façon de s’accaparer le pouvoir ; le fond reste le même », disait, cette semaine, à Harare (capitale du Zimbabwe), un vieil observateur de la chose politique dans cette partie de l’Afrique où viennent de se tenir les élections présidentielles. Sans surprise, le président Emmerson Mnangagwa, âgé de 80 ans, a été réélu avec près de 53 % des voix. Une élection immédiatement contestée par l'opposition, au vu des nombreuses irrégularités constatées.

Dans le fond, c’est la finalité qui importe : confisquer le pouvoir de façon non démocratique et violente.
Cela fait maintenant quarante-trois ans que le ZANU/PF est au pouvoir au Zimbabwe, ex-Rhodésie de Sa Majesté la reine d’Angleterre. Et aucun autre parti n’aura le droit, apparemment, de disputer le pouvoir à celui-ci. Après avoir été largement et démocratiquement élu à la tête de l’État en 1980, Robert Mugabe s’était transformé, devant ses propres contradictions et sa faillite économique totale dans ce pays jadis d’une richesse exceptionnelle, en dictateur sanguinaire qui eut alors comme seule fuite en avant la confiscation du pouvoir présidentiel et parlementaire à travers des élections régulièrement volées au profit de son parti ZANU/PF qui avait largement contribué à l’accession du pays à l’indépendance.

Contrairement à l’Afrique francophone où la France est restée présente sur les plans culturel, économique et militaire, les Britanniques ont physiquement plié bagage au lendemain des indépendances acquises, se contentant de rencontrer leurs anciens vassaux lors des réunions du Commonwealth mis sur pied en… 1931 par l’ancienne puissance coloniale. Il faut savoir en effet que, contrairement à la France qui a souvent considéré ses colonies comme des terres de peuplement, les Anglais ont toujours considéré les leurs comme de simples comptoirs commerciaux. Aucune intervention directe dans les affaires intérieures de ces États, comme ce fut le cas du temps de la Françafrique de Jacques Foccart et après, l’ambassadeur britannique se contentant, comme à n’importe quel autre, d’offrir le « five o’clock tea » à tout le petit monde politique et diplomatique de Harare. Il ne peut donc y avoir pour les Anglais les mêmes turpitudes que celles que rencontre la France dans son ancien pré carré.

Seul point commun à ces deux mondes : la présence d’organisations régionales ayant un pouvoir officiel mais limité dans les affaires des pays membres. La SADC (Southern Africa Development Community) est à ces anciennes colonies britanniques du sud de l’Afrique ce que la CEDEAO est pour l’Afrique de l’Ouest. Même droit de regard mais apparemment, aussi, même impuissance face aux coups de force dans leurs États membres.

La SADC a donc décidé, devant les protestations de l’opposition zimbabwéenne et les constats de vol électoral faits par les observateurs internationaux, d’envoyer dans la capitale zimbabwéenne une délégation de vieux sages chargés d’enquêter (ce qui est déjà fait) et de ramener Emmerson Mnangagwa, le président réélu de façon plus que douteuse, à des pratiques électorales un peu moins contestables.

Droit dans ses bottes d’ancien militaire à la solde de Mugabe, celui qui avait dirigé la féroce répression de 1985 contre le Matabeleland (20.000 morts) et qu’on appelle le Crocodile a déjà déclaré qu’il recevrait cette délégation avec plaisir mais qu’il ne discuterait en aucune façon des résultats des élections… Fin de non-recevoir d’autant plus inquiétante que le président zimbabwéen a été adoubé par son homologue sud-africain qui, en le félicitant pour sa victoire, semble ne trouver rien à redire à cette confiscation flagrante du pouvoir.

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Jean-Pierre Lenoir
Journaliste et écrivain mauricien

Vos commentaires

19 commentaires

  1. voyez l’agresseur un gabonais qui fait peur a tout le monde et qui ne devrait plus être chez nous les mesures d »éloignements devraient être effectives de suite pas de recours

  2. ils ne veulent plus de Français chez eux alors les gabonais et nigériens repartent chez eux tous sans exceptions

  3. Comment les petits marquis qui dirigent le pays peuvent-ils avoir une politique étrangère et plus particulièrement africaine, quand certain d’entre eux peinent à situer un pays sur une carte. Que savent -ils des ethnies , des anciens royaumes d’Afrique. Ces pays ne se « managent » pas comme les pays occidentaux. La grande erreur a été de leur imposer la Démocratie qui est à des années lumière de leur conception du pouvoir.

  4. Et toutes les atteintes à la démocratie et la souveraineté du pays en France : en 2009 l’annulation du résultat du référendum de 2005 par le parlement à la botte de Sarkozy, et de ce fait, énorme emprise de plus en plus scandaleuse de la Commission non élue de l’U.E. sur la Constitution française de 1958… procès fallacieux de 2017 à Fillon pour échanger les candidats, soumission aux USA et à l’ONU pour l’immigration illégale avec les conséquences que l’on sait et ce, malgré une énorme majorité de Français qui n’en veulent plus et le disent haut et fort … Etc, Etc;;; Alors bien sûr, c’est fait en Occident avec plus de douceur apparente qu’en Afrique … Mais il s’agit également d’une sorte de loi du plus fort primitive d’apparence plus diplomatique …

  5. Occupons nous de nos nombreux problèmes et laissons les pays d’Afrique gérer les leurs. Autrement dit, pour faire court, occupons nous de ce qui nous regarde.

    •  » Occupons nous de nos nombreux problèmes et laissons les pays d’Afrique gérer les leurs. » Vite dit, mais ils sont tellement bien gérés que l’on se retrouve submergés de migrants.

  6. C’est vrai que la confiscation en douceur du pouvoir en Europe, et notamment en France, a une autre allure, elle est parée de vertus abondamment louées par une presse inféodée, servile, menteuse.

  7. Note extraite de l’édito de Bernard Lugan, africaniste qui avait prévu le coup d’Etat au Niger.///
    Singulier coup d’Etat que celui qui vient de se produire au Gabon où le cœur du système vient d’écarter sans violence, en douceur, son chef de file, marionnette devenue gênante pour sa propre survie… Rien de commun avec ce qui s’est produit au Mali, au Burkina Faso ou encore au Niger. Ici, pas de jihadisme, pas de « main cachée » de la Russie, pas de rejet de la France, mais tout simplement une classique révolution de palais. (Explications par ailleurs, pas de PUB)

  8. La remarque concernant la différence entre le peuplement des colonise britannique et française est totalement fausse. Hormis l’Algérie la France a rarement considéré ses colonie comme un lieu de peuplement. Il suffit de voir que la plupart des possessions anglaises ont été peuplées soit par des “forçats” comme l’australie, soit par la surpopulation de la Grande Bretagne (Ecossais, irlandais, Galois et anglais). Il suffit de considérer les USA, les iles Caribéennes, la Nlle Zélande, le Canada (Les français se trouvaient rapidement en minorité), m’Afrique du Sud et même la Rhodésie. C’est ce qui explique aujourd’hui la prépondérance de l’anglais en plus bein sûr de l’aspect commercial. La France se contentant d’une minorité de cadres et administrateurs hors sol ce qui et d’ailleurs aujourd’hui est devenu la véritable plaie de nos DOM TOM qui se contente d’un passage de 3 ans pour des raisons financières ou de dépaysement et souvent ne s’impliquent pas dans ces zones.

  9. Ces pays francophones ne veulent plus voir la France chez eux, çà tombe bien nous ne voulons plus voir également leur ressortissants chez nous ce qui veux dire que ces gens là toujours à la pointe de la critique de la France à écouter par exemple madame Traoré, mais qui a aucune moment suggère vouloir nous quitter tellement qu’elle découvre être dans un si mauvais pays il y a matière à entreprendre une décision salvatrice pour ces gens là. Les Traoré et compagnies du même acabit on ne les pleureraient pas trop.

  10. Ayant bien connu ces deux pays avant Mandela pour l’un et Mugabe pour l’autre, je ne suis pas étonné des félicitations du sud africain au zimbabwéen, ce sont deux crapules du même niveau.

  11. Ce n’est pas notre problème et comme le dit Sportpassion : renvoyons ces migrants chez eux , là est leur place .

  12. Il suffit de renvoyer tous ces migrants venant de ces pays africains pour qu’ils participent à la « construction démocratique » de leurs pays ! … Pareil pour les criminels qui ont aussi envahis nos prisons ! …

    • Ce n’est pas macron qui prendra des décisions bénéfiques à la France, en bon toutou de l’Allemagne et des USA il suit les ordres des mondialistes tel Soros ou Schwab favorables à une immigration débridée afin d’avoir une main d’oeuvre manipulable et bon marché, main d’oeuvre qui serait davantage utile pour développer leur pays d’origine.

      • « J’ai fait un rêve »…Chacun chez sois et que l’on fasse le ménage dans notre propre maison avant d’aller voir ce qu’il se passe chez les autres.

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