Bienvenue dans le monde des acronymes de l'Éducation nationale ! AESH, ce sont les accompagnants des élèves en situation de handicap. Pour moi comme pour tous les enseignants du primaire et du secondaire, ce sont ces dizaines d'adultes que j'ai vus arriver depuis quelques années dans les classes pour effectivement aider, accompagner tel ou tel élève handicapé. Ces AESH dépendent d'un PIAL, un pôle inclusif d’accompagnement localisé. Concrètement, ces agents sont des contractuels, le plus souvent à temps incomplet, et peuvent accompagner plusieurs élèves, selon le volume attribué à chacun par la MDPH (maison départementale pour les personnes handicapées). Voilà pour la petite leçon de vocabulaire. Je vous passe les autres sigles correspondant aux documents pédagogiques que les enseignants doivent compléter pour formaliser les adaptations pédagogiques pour ces enfants : PAI, GEVASCO, etc. Sur cette nouvelle catégorie de personnels, vous saurez tout sur le site du ministère : conditions de recrutement, qualités requises, formation et rémunération.

Dans les établissements, tout le monde s'accorde à reconnaître la nécessité de ce nouveau métier pour favoriser l'inclusion, mais aussi la précarité et le salaire indécent de ces agents qui exercent un service public indispensable. Soumis à des CDD et des temps partiels non choisis, beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté. Dans le contexte de la réforme des retraites qui sera particulièrement douloureuse pour ces agents précaires (qui sont très majoritairement des femmes), une pétition a été lancée en ligne à l'initiative de tous les syndicats de l'Éducation nationale.

Sur ce dossier, le gouvernement et la majorité d'Emmanuel Macron hésitent entre mensonge (ou incompétence) et mépris. Pour les mensonges (ou l'incompétence), il y a eu ceux du ministre Pap Ndiaye, le 22 novembre dernier, lors d'une réponse à une question à l'Assemblée nationale d'une député LFI préconisant la création d'un corps de catégorie B. Pour le ministre, c'était impossible car 80 % des AESH, selon lui, n'auraient pas le bac. Les propres chiffres du ministère montrent que c'est exactement la proportion inverse : 80 % des AESH ont bien le bac.

Pour le mépris, il suffira d'écouter l'intervention de la députée des Hauts-de-Seine Renaissance Claire Guichard, suppléante du ministre Gabriel Attal, lors de l'examen du projet de loi sur les retraites en commission des finances, cette semaine. Visiblement agacée par les discussions visant à améliorer le statut et la retraite de ces agents précaires, elle a assené une argumentation cash : les AESH seraient des mères de famille qui ont choisi ce métier « pour avoir les mercredis et les vacances scolaires », c'est leur choix, qu'elles assument !

Je n'ose imaginer le tollé si de tels propos avaient été tenus par un député de droite.

Si je me réfère aux contacts que j'ai avec les AESH de mon établissement, aux données recueillies par le ministère et les syndicats sur les 134.000 AESH, la situation majoritaire n'est pas celle décrite par Mme Guichard.

Dernière information : Mme Claire Guichard, sur sa fiche de l'Assemblée nationale, est « sans profession déclarée ». C'est certainement son choix mais, contrairement aux AESH, il faut pouvoir se le permettre. Il lui faudra aussi assumer le choix d'être députée macroniste. Et le mépris qui va avec.

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28 janvier 2023 à 14:30

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45 commentaires

  1. Ces gens là ont parfaitement été recrutés par les hautes sphères de la macronie: anti sociale, méprisante, suffisante et prétentieuse à l’image de la secte.

  2. Et pourquoi n’avez-vous pas choisi de ne pas faire d’enfants comme Macron par exemple, et ça lui permet de travailler à plein temps pour déconstruire la France….. ? Faut savoir ce que l’on veut dans la vie !

  3. Les collégiens ont cours le mercredi matin et beaucoup de lycéens ont cours aussi le mercredi après-midi. Restent effectivement les vacances scolaires… Mais pourquoi manque-t-on autant d’enseignants, de CPE, de surveillants et justement d’AESH si tout le monde n’est motivé que par ces 17 semaines annuelles de vacances ? Toutes les structures recrutent. Étonnamment il y a peu de candidats…

  4. Quitte à ne pas être en accord avec plusieurs lecteurs, je pense que ce député est plus dans le vrai que le ministre de l’éducation dite natinale.

  5. On en revient, un peu, à la polémique engendrée par les propos de EZ . Une façon à bas coût de répondre au problème du handicap pour ne pas ouvrir d’établissements spécialisés. Quand on a certaines classes surchargées et que l’on y rajoute deux AESH, ça devient vraiment compliqué.

  6. Une dernière fois, est-il utile de le rappeler, les Francais ont voté pour cette racaille. Les bulletins de vote dans les urnes sont-ils recomptés par une population dont 80% des échantillons n’auraient pas le niveau du bac ? Ou bien, est ce une preuve supplémentaire que les électeurs d’aujourd’hui ont une capacité de réflexion qui ne leur aurait même pas permis de passer un certificat d’études ou un BEPC il y a 50 ans ? Le but de l’EN enfin atteint ?

  7. C’est surprenant pour une députée macroniste, qui est pourtant considérée (par les siens naturellement) comme quelqu’un d’altruiste, de bon sens, d’une générosité exemplaire et pour qui son mandat n’est qu’un sacerdoce totalement désintéressé …

  8. En voyant la morgue perpétuellement inscrite sur le visage de son ministre, cette femme est finalement dans le droit fil de la macronnerie puante et méprisante.

  9. … « hésitent entre mensonge (ou incompétence) et mépris. », évidemment, dilemme cornélien vu le niveau dramatiquement nul de ces hurluberlus.
    Pour le reste, cette nana LREM-Renaissance n’a sûrement jamais eu affaire avec le handicap quel qu’il soit.

  10. La réaction de cette députée représente l’image que nous avons de l’essentiel de cette Assemblée et de nos dirigeants. Des élus sans grand bagage culturel aux raisonnements instinctifs, sans réflexion préalable. Ce qui est reproductif du comportement de leur patron, E.Macron. Fermer une centrale nucléaire indispensable à notre potentialité énergétique, sans avoir prévu sa succession en production équivalente instantanée, un comportement de collégien. Tout comme nos écolos qui suppriment un insecticide indispensable aux bonnes récoltes et productivités sans se préoccuper de son remplacement, des répercussions sur la qualité des récoltes et le chiffre d’affaires des agriculteurs. Ces écolos, des ronds de cuir dans toute leur splendeur. C’est la France macronienne progressiste.

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