À la tête de la mission parlementaire sur l’euthanasie, le député Falorni juge et partie

Olivier Falorni

Peut-on être juge et partie ? Olivier Falorni pense que oui. Le député (démocrate) de Charente-Maritime annonçait lui-mêm, sur Twitter, sa nomination de président de la mission parlementaire d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti. Pourtant fervent défenseur de l’euthanasie, auteur d’une proposition de loi en avril 2021 « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie », le député écrit qu’il veillera « au respect de toutes les convictions, avec la volonté d’écouter le plus largement possible pour évaluer le mieux possible ».

« De qui se moque-t-on ? C’est scandaleux puisque Olivier Falorni ne peut avoir qu’un avis militant », fustige Véronique Besse, député de Vendée (non inscrite) auprès de BV. Celle qui vient de faire cosigner à des parlementaires de tous bords politiques une proposition de résolution visant à « faire du grand âge une grande cause nationale en 2023 » compte bien s’opposer à cette loi sur l’euthanasie. « Cette mission ne repose que sur de la communication puisqu’on connaît l’issue. On sait qu’Emmanuel Macron a déjà dit que cette loi se ferait », ajoute-t-elle. « On ferait mieux de s’occuper convenablement de nos anciens dans nos EHPAD ou à domicile, qu’on donne des moyens humains et financiers pour les accompagner tranquillement jusqu’à la fin de vie. » Véronique Besse attend une niche parlementaire pour déposer un amendement, mais elle se fait peu d’illusion : « Les sujets IVG et euthanasie sont politiques, ils veulent cliver et faire évoluer la société, mais apporter du bien-être aux personnes âgées ne les intéresse pas... »

Qui pourrait croire en la neutralité d'Olivier Falorni, compte tenu de ses prises de position passées ? « Olivier Falorni, un extrémiste de l’euthanasie. Celui dont la proposition de loi allait au-delà de la législation belge permettait l’euthanasie de dépressifs en quatre à six jours », réagit sur Twitter Erwan Le Morhedec, avocat et bénévole en soins palliatifs : « Comment peut-on nous parler de débat apaisé quand tout est ficelé, bordé pour aller dans le même sens ? »

Cette nomination vivement contestée parmi les opposants à l'euthanasie s’ajoute au glissement sémantique opéré dans les médias comme en politique pour mieux semer la confusion. Ainsi au terme, à connotation trop eugéniste, d’« euthanasie », on lui préférera l’expression plus douce de « fin de vie » ou d’« assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » (François Hollande en 2012). Le Monde (1er décembre) publie ainsi une tribune très rassurante : mourir n’est « plus un danger mais une capacité » ; là où les maladies cruelles engendrent de terribles souffrances, « au contraire, boire un verre de pentobarbital provoque un endormissement semblable à celui que nous connaissons chaque soir ; la mort survient ensuite sans signe de détresse respiratoire ou autre. Rien à voir avec les suicides violents. » On banalise de graves questions et, surtout, on « conteste aux soins palliatifs la capacité de prendre en charge des douleurs intolérables sous tous leurs aspects, physiques ou psychiques », s’alarment Louis Puybasset, chef de service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et Yves-Marie Doublet, chargé d’enseignement à l’espace éthique de l’APHP. (Le Figaro, 29 novembre)

Respect de « toutes les convictions », vraiment ? Alors pourquoi ce clin d’œil d'Olivier Falorni sur la Journée nationale de la laïcité qui tombe le jour de sa conférence sur la fin de vie le 9 décembre ? Est-ce que revendiquer la valeur de la vie constituerait une atteinte à la laïcité, selon lui ? Comment prétendre écouter le plus largement possible tous les avis si l’on en écarte d’emblée certains au motif qu’ils relèveraient des convictions religieuses ? Cette prétendue neutralité n'est que simulacre et sa nomination un signal envoyé qui n’augure rien de bon.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. La macronie dans toute sa splendeur ou malhonnêteté rime avec sectarisme Falorni juge et partie c est l escroquerie permanente de la macronie

  2. « mourir n’est plus un danger, mais une capacité » (dixit l’inénarrable Le Monde). Tout d’abord, parce que « mourir » n’a jamais été un danger pour rien ni pour personne puisqu’en effet « rien ne meurt, tout est vivant » ; ensuite parce rien ni personne n’a la « capacité de mourir » puisque cesser d’exister (et non « mourir ») ne présente pas un choix délibéré c’est un processus naturel et inévitable « affectant » tout ce qui se trouve dans l’Univers (y compris les étoiles les plus grosses ou les plus énergiques »).

  3. Mais qui a nommé ce type ?
    Je croyais encore un peu que l’AN représentait les francais, mais chaque jour qui passe ne fait qu’éclairer les déviances d’un pouvoir omniprésent faisant fi des avis du peuple…
    « Véronique Besse, député de Vendée… vient de faire cosigner à des parlementaires de tous bords politiques une proposition de résolution visant à « faire du grand âge une grande cause nationale en 2023 » : n’était ce pas dans le programme de macron 1 pour 2018 ? Un nouveau flagrant déli de ce président dynamiteur de la société française…

  4. Chacun doit pouvoir choisir sa mort (à défaut d’avoir pu choisir sa naissance). Hors de question pour moi de finir diminué et en totale dépendance. Je me supprimerai avant (que la loi l’autorise ou pas)

    • Entièrement d’accord ! Quant on pense que désormais, ces toubibs qui avaient déjà le droit de vie et de mort sur leurs concitoyens affaiblis (sur table d’opérations + ou – forcées notamment) osent se permettre de refuser de prendre en compte les dernières directives d’un être pensant -largement aussi pensant qu’eux- au prétexte qu’ils seraient mieux à même de juger du « contexte » !!! Mais où va-t-on ? Seul Dieu et ses émissaires peuvent juger d’un bien-fondé…

    • Mon père disait exactement comme vous, sauf que lui envisageait plutôt l’usage d’une arme à feu. Il a fini ses jours gavé de pilules et autres potions qui lui ont ôté tout usage de la réflexion. La vaccination Covid va t elle changer les habitudes? Il semblerait que, vu les statistiques, cette option ne soit pas à négliger.

  5. L’euthanasie ,,,c’est NON à cause des dérives .aucune confiance ..et puis cette façon sent très mauvais …souvenons nous …je crains pour les vieux et certains malades ….

  6. Pas de crainte d’être déçu puisque tout l’environnement sociétal évolue comme la roue crantée : toujours dans le même sens . Ainsi tombons-nous toujours plus bas dans l’exécration du fait religieux comme de la morale humaine . Attali va être content !

  7. C’est bien la seule chose qui me sépare des « Identitaires ». Leur position sur l’ euthanasie ! (souvent soutenue par l’idéologie chrétienne qui ne devrait rien avoir à voir avec la politique !). D’abord, il faut différencier L’ Euthanasie du Suicide assisté. Le suicide assisté est demandé par l’ intéressé pour éviter d’être soumis à une dictature médicale qui n’a plus rien de scientifique (cf gestion du covid). Je souhaite pouvoir être libéré de la torture médicale imposée au nom du respect de lLA VIE qui n’en est plus une ! Simone Veil a défendu l’IVG en partie à cause des risques encourus (IVG illégales à risque) . Moi je défends le suicide assisté médicalement pour évité les risques du cruel suicide personnel raté ou non: (arme, empoisonnement, chute du balcon)

    • Il est assez étrange que ceux qui condamnent le SUICIDE assisté au nom de la volonté de Dieu ne trouvent rien à redire quand la Médecine se permet de corriger SA VOLONTÉ..La Science ne s’oppose-t-elle pas à SA Volonté en augmentant l’espérance de Vie alors qu’Il aurait décidé de ma mort même à ma naissance ? On se donne le DROIT de s’opposer à SA volonté quand ça soulage notre détresse mais on me refuse le DROIT de constater que ma vie ne sert plus qu’à rapporter du fric aux labos parce que justement les familles (enfants compris) implosent ,soit par la loi (divorce) soit par le lieu de travail !!!

    • Ceux qui passent à l’ acte du suicide de cette façon, en général, sont en dépression profonde, et ne justifient pas d’une euthanasie. Ils auraient pu guérir et reprendre goût à la vie en étant soignés. Mais, il y a des cas pour lesquels les raisons n’ont jamais été vue. Je crois que la vraie euthanasie doit concerner des personnes pour lesquelles il n’y a vraiment plus d’espoir, et dont la vie n’est plus que souffrance et qui le demandent. C’est pourquoi cela restera un éternel débat, et que, de toutes façons, il y aura des dérives, comme c’est le cas pour l’ IVG. Quand on franchi les bornes (c’est sans doute pourquoi Mme Borne a été nommée), il n’y a plus de limites. Dans le doute, abstiens toi.

    • « soumis à une dictature médicale qui n’a plus rien de scientifique (cf gestion du covid). » Analyse rapide et superficielle. La gestion du covid n’a rien eu de médical, mais tout de l’administratif. Ex. : interdiction de soins; obligations vaccinales; ausweis obligatoires, etc. Toutes mesures purement administratives (dès qu’il y a obligation…) Alors, dictature médicale, je rigole (jaune).

  8. Pour moi la fin de vie n’appartient pas aux hommes ,mais à Dieu le créateur. J’aime ces gens en pleine jeunesse adeptes de l’euthanasie, J’aimerais voir les mêmes quand l’âge venant, se retrouveront face à l’ultime.

  9. On a déjà assassiné quelques milliers de vieux en Ehpad au Rivotril sans leur consentement alors allons-y, légalisons le meurtre.

  10. Il existe des soins palliatifs qu’il faut améliorer. La solution est là. Ah, que les vieux sont gênants avec leurs retraites à payer et leur blocage des héritages. L’idée court depuis Attali… Improductifs, inutiles, coûtant un max, allez ! Oust ! en route vers le « Soleil vert ».

  11. Qu’il s’agisse de l’euthanasie ou d’une autre question, Macron prend les Français pour des imbéciles en lançant une grande consultation, en créant un comité théodule ou une mission quelconque pour essayer de faire croire à une quelconque forme de démocratie alors que sa décision est déjà prise en amont.

  12. Pourquoi ne pas nommer Jacques Attali , vous savez celui qui dans sa jeunesse disait qu’il faut tuer les vieux parce qu’ils coutent cher et ne rapporte plus rien et que l’on entend plus depuis qu’il est vieux qu’il NOUS coute très cher .

  13. L’euthanasie, il faut appeler les choses par leur nom, on sait où ça commence, jamais où ça fini. Les idées du nazisme arrivent avec les progressistes.

    • Ce qui prouve amplement que le « progressisme » n’est qu’une forme actualisée de nazisme. Et de tout socialisme, qu’il soit national ou mondialiste.

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