Jérôme Rivière : « Cette crise ne se résoudra pas par les armes »

Jérôme Rivière

Eurodéputé et soutien d'Éric Zemmour, Jérôme Rivière revient, pour Boulevard Voltaire, sur la crise ukrainienne et l'invasion du pays par l'armée russe.

Vous êtes eurodéputé et êtes soutien d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle. En tant qu’eurodéputé, quel regard portez-vous sur cette invasion en règle de l’Ukraine par la Russie ?

Mes premières pensées vont au peuple ukrainien qui se retrouve aujourd’hui victime d’une invasion et qui voit la guerre sur son territoire, et plus largement encore que depuis 2014.

Hier, Poutine a franchi une ligne rouge en choisissant d’intervenir sur le sol ukrainien au-delà du Donbass, République autoproclamée qu’il avait reconnue. On peut s’interroger sur les causes collectives de cette situation. Nous avions les accords de Minsk 2 dont la France était l’un des arbitres. Ils ne sont respectés depuis huit ans. Lorsqu’on ne respecte pas un accord, il y a très souvent des conséquences désastreuses.

Pour autant, on vous pose aussi cette question parce que cette situation met un peu Éric Zemmour, le candidat à la présidentielle, dans l’embarras. Dans toutes ses interventions, il disait qu’il fallait un Poutine français et que c’est la Russie qui se défend face à l’Ukraine, ce n’est pas elle qui agresse. Quelle crédibilité avoir sur la scène internationale lorsque, visiblement, les faits donnent tort ?

La position d’Éric Zemmour concernant ce qu’il avait qualifié « Je prends le pari que les Russes n’interviendront pas » était fondée sur les seules informations dont nous disposions. Je vous rappelle qu’il y a trois jours, le président de la République, Emmanuel Macron, a lancé une conférence et une rencontre entre M. Poutine et M. Biden. Il n’imaginait donc pas que les armées puissent intervenir en Ukraine. Nous n’avons appelé nos ressortissants à sortir d’Ukraine que le matin après l’invasion russe. Je suis désolé, mais on ne peut pas reprocher à Éric Zemmour de ne pas disposer d’informations dans la mesure où il n’est pas au pouvoir.

La réalité, c’est qu’aujourd’hui, on a cette décision prise par Poutine. Pour autant, ce n’est pas par les armes que les choses vont se résoudre, mais bien par la voie diplomatique. La solution diplomatique est celle dans laquelle serait prises en compte les demandes légitimes des Russes concernant leur sécurité et les demandes légitimes de notre côté, c’est-à-dire l’intangibilité des frontières de l’Ukraine.

Imaginer qu’il existe une autre solution, c’est mentir aux Français et aux Ukrainiens. Les premières mesures prises ne sont pas extrêmement fortes. La mesure la plus importante eût été de sortir la Russie du système Swift qui permet des échanges interbancaires.

L’Allemagne, par exemple, ne le souhaite pas car ils souhaitent continuer à acheter leur gaz en Russie. Il faut faire attention à ne pas se bercer d’illusions sur les réactions que nous pouvons avoir les uns et les autres.

D’un point de vue européen, quelle leçon l’Europe occidentale doit-elle retenir ?

Il n’y a pas de diplomatie européenne mais une diplomatie des nations. Elles sont essentielles. Nous sommes sur le même continent que la Russie et voisins, que nous le souhaitions ou non. Il faut donc apprendre à vivre ensemble.

Les accords de Minsk permettaient de résoudre la question de la sécurité de la Russie en respectant le territoire de l'Ukraine. Lorsqu’on passe des accords, il faut les respecter. Or, nous France, nous avons laissé l’Ukraine ne pas procéder à un référendum qui était pourtant imposé dans le cadre des accords de Minsk. On ne peut pas bousculer des accords et imaginer qu’il n’y aura pas toujours des conséquences. Il est important de retrouver ce rôle de puissance d’équilibre qui est celui de la France, c’est à dire allié des États-Unis, mais non aligné, c'est à dire non allié avec la Russie, mais pas ennemi avec la Russie.

À droite de la droite et à gauche de la gauche, il y avait une certaine fascination pour ne pas dire, parfois, une admiration pour Vladimir Poutine. Finalement, n’est-ce pas une leçon d’humilité ?

C’est absolument faux. On m’a reproché d’être américanophile lorsque je trouvais que Donald Trump tenait une politique étrangère utile. Dire les choses avec clarté, c’est-à-dire reconnaître qu’un chef d’État est un chef d’État utile pour son pays lorsqu’il se préoccupe d’abord des intérêts de son pays, ce n’est faire preuve d’admiration pour qui que ce soit. La réalité, aujourd’hui, c’est que la France doit retrouver ce rôle de puissance d’équilibre. Il n’est pas question d’être aligné avec les intérêts américains qui ne sont pas toujours les nôtres. Il n’est pas question d’admirer en quoi que ce soit ni même d’être allié avec la Russie. En revanche, il n’est pas possible d’être l’ennemi de la Russie.

 

 

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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