Ces accords du participe passé que j’ai tant aimés (et qui pourraient disparaître)

salle de classe

Dans une tribune publiée dans Libération, deux anciens professeurs de français plaident pour une révision de l’accord du participe passé utilisé avec l’auxiliaire avoir, jugé absurde, complexe et suranné car découlant de la pratique des moines copistes du Moyen Âge.
 
Pour rappel - sait-on jamais qu'il existe des oublieux parmi les lecteurs -, « employé avec l’auxiliaire avoir, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct quand celui-ci le précède ("les crêpes que j’ai mangées"). Mais si le complément suit le participe, il reste invariable ("j’ai mangé les crêpes")."
 
On ne pourrait voir, dans la carte blanche, qu’un feu de paille si l’idée ne circulait pas également dans les couloirs de la Fédération Wallonie-Bruxelles (qui ne brille pas dans les différents tests internationaux d’évaluation des connaissances).
 
Invariablement, le remplacement de l’excellence par le nivellement généralisé par le bas, l’effacement de la responsabilité individuelle au profit de l’asservissement à la facilité et la disparition progressive de l’exigence éducative au bénéfice de l’enfant roi (futur adulescent dont le langage se réduira aux dialogues traduits des séries télévisées) sont autant de prodromes annonçant tantôt le déclin d’une civilisation, tantôt l’effacement d’une identité. 
 
Les coups au burin portés à la langue française - mais il en va de même pour les autres parlers occidentaux -, hier par une réforme orthographique faisant fi de l’étymologie, aujourd’hui par la disparition programmée de l’accord du participe passé avec le complément d’objet direct lorsqu’il est utilisé avec l’auxiliaire avoir, demain par la généralisation des émoticônes (?) ne nécessitant aucune règle, sont autant d’appauvrissements indiquant une dégringolade dans l’apprentissage.
 
La langue forme l’esprit et la pensée, structure les idées, permet - par essence - à chacun de communiquer avec son voisin. Choisissons donc pour elle la voie de l’élitisme, sans quoi nous perdrons un peu plus de notre faculté collective à réfléchir, émettre des opinions et former des individus capables de briller et de porter haut le génie.
 
Quoi de plus beau, en somme, que l’apprentissage des règles du participe passé – souvenons-nous aussi de celui des verbes pronominaux ou précédé d’un infinitif -, que l’emploi du subjonctif imparfait - tombé aujourd’hui en désuétude - ou que le pluriel des noms composés ? La compréhension de ces difficultés, lorsque nous fûmes écoliers, furent autant de victoires, souvent durement arrachées, au prix d’efforts et parfois de larmes. 
 
Quoi de plus vilain, en revanche, que ces fautes d’orthographe et ces dévoiements de syntaxe qui jalonnent désormais chaque courriel, que ces constructions erronées que l’on entend dans nombre de conversations (« je ne sais pas c’est quoi », « si je serais »…) ou que la généralisation des anglicismes, comme si ceux-ci étaient indispensables pour briller dans la modernité ?
 
Sans ambition pour notre langue, nous n’en aurons plus pour nous-mêmes et, partant de là, pour ce qui nous dépasse, c’est-à-dire l’essentiel : notre identité.

Gregory Vanden Bruel
Gregory Vanden Bruel
Conseiller politique

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