2022 : la prochaine attaque à main armée ?
Dans la panoplie du bandit commun des westerns, pour réaliser des attaques à main armée, il y avait le Colt 45, la Winchester, parfois de la dynamite et sans doute d’autres choses. Pour son hold-up électoral de 2017, Emmanuel Macron disposait de plusieurs armes, de nature judiciaire ou financière. Et il disposait surtout d’un soutien unanime et univoque des médias ayant pignon sur rue. Ceux qui sont détenus par l’État comme ceux – largement subventionnés - des oligarques qui avaient élu ce jeune banquier devenu ministre de l'Économie
La donne a changé : il existe une chaîne de télévision nationale d’opposition crédible, CNews. La croissance de son audience est proportionnelle à la déconfiture d’En Marche ! La preuve ? Elle est stigmatisée par la bien-pensance comme une chaîne d’extrême droite, boycottée par les écologistes, et les appels à sa censure pour ses prétendus « discours de haine » ne font que confirmer le proverbe : quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.
Les médias sont des entreprises qui se vendent et s’achètent comme les autres. Vincent Bolloré, qui détient déjà CNews via son groupe Vivendi, souhaiterait étendre son emprise dans les médias avec l’acquisition en cours de Prisma Media. Mais il y a d’autres proies convoitées, politiquement plus sensibles comme Europe 1, propriété de Lagardère. Une offre a été jugée insuffisante, mais les finances du groupe Lagardère ne sont pas reluisantes. Quel est le prix assez élevé auquel Lagardère ne saurait dire non, malgré son lien avec Emmanuel Macron ?
Emmanuel Macron ne voudrait pas qu’un groupe hostile multicanal émerge d’ici 2022, avec une audience suffisante et exempté de la soumission éditoriale qui a prévalu en 2017.
La crise a fragilisé beaucoup d’entreprises, dont le groupe Lagardère qui souffre, et l’État s’est fait fort de les soutenir : c’est le fameux « quoi qu’il en coûte » qui, dans les faits, est à géométrie variable. Un emprunt de 465 millions d'euros souscrit par Lagardère vient de bénéficier d’une garantie régalienne pour 80 % de son montant. La gouvernance du groupe est pourtant chahutée depuis des lustres.
Cette garantie accordée est sans doute généreuse, peut-être trop, peut-être démesurée. Cela permet de soulager la tension qui fragilise le groupe et de rendre moins urgente ou moins nécessaire une cession d’actifs, par exemple une pépite médiatique dont l’alignement éditorial est indispensable au Président afin de maximiser ses chances de réélection.
Quelques questions se posent à l’observateur soucieux de démocratie et d’équité.
Si ces garanties dépassent des limites qui seraient admissibles (montant de la garantie qui excéderait ce que permet la solvabilité de l’emprunteur, conditions trop favorables...), il conviendrait alors de s’interroger éventuellement sur la qualification pénale d’un tel octroi.
Pour les médias concurrents de Lagardère ainsi que la Commission européenne, parfois tatillonne sur les distorsions à la libre concurrence, cette garantie pourrait-elle constituer une sorte de favoritisme ?
Serait-il envisageable de porter aux futurs comptes de campagne d’Emmanuel Macron le coût, pour l’État, de cette garantie ainsi que celui des quelques décisions sensibles qu’il pourrait prendre et qui serviraient tant des entreprises dans le besoin que des desseins électoraux qu’elles pourraient servir ? Le « et en même temps », ce conflit d’intérêts permanent…
Bref, Emmanuel Macron remplit le barillet de son Colt, le chargeur de sa Winchester, et enverra au contribuable l’addition ? C’est pas cher, c’est l’État qui paie.
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