14 juillet 1919 : le défilé de la victoire
Il y a 100 ans, jour pour jour, le défilé du 14 Juillet entendait honorer la victoire du 11 novembre 1918 et le presque million et demi de soldats morts pour la France. Ce défilé est voulu par Georges Clemenceau (1841-1929).
La mise en scène est à la hauteur de l’événement : grandiose. Sous l’Arc de Triomphe, une grande scène est flanquée de quatre Victoires taillées dans les entoilages d’avions de guerre. L’arme renversée, des fantassins, des aviateurs, des cavaliers, des artilleurs et des marins veillent en silence sous l’inscription « Aux morts pour la Patrie ».
Ce 14 juillet 1919, dès 3 heures du matin, des dizaines de milliers de Parisiens commencent à se masser sur les Champs-Élysées pour être aux premières loges et ne rien rater de ce spectacle historique.
À 8 heures, le chef de l’État, Raymond Poincaré (1860-1934), et le chef du gouvernement, Georges Clemenceau, arrivent sur place. Mais les tribunes officielles restent un peu clairsemées. Une grande partie de la gauche est absente. Elle refuse de participer à « la célébration d’un conflit dont les travailleurs ont été les principales victimes ». Même les catholiques, fraîchement ralliés à la République, critiquent l’événement.
Le défilé peut commencer. Les troupes de tête sont composées de mille mutilés appartenant à de nombreuses unités, « marchant et trébuchant dans leur gloire, et dont les bras et les jambes sont restées là-bas, un peu partout, en Alsace, en Champagne, en Lorraine, dans les Flandres […] Leur uniforme, c’est de ne pas être complets. Et il y a parmi eux des femmes. Et il y a parmi eux un enfant. Et c’est à la fois le défilé de nos héroïsmes – et de leurs crimes », comme le rapporte Le Figaro du 15 juillet 1919.
Viennent ensuite les maréchaux vainqueurs : Joseph Joffre (1852-1931), Ferdinand Foch (1851-1929) et Philippe Pétain (1856-1951). Tous les trois sont à cheval. Ils sont suivis des généraux Édouard de Castelnau (1851-1944), qui a perdu trois fils pendant le conflit, Charles Mangin (1866-1925), Henri Gouraud (1867-1946), « qui n’a plus qu’un bras et qui l’aurait donné si volontiers, son cœur suffisant à tout ». Eux-mêmes précèdent d’autres généraux : Degoutte, Franchet d’Espèrey, Humbert, Debeney, Berthelot, Fayolle, etc.
Suivent les délégations des armées étrangères : Américains, Belges, Anglais, Canadiens, Japonais, Portugais, Serbes, Roumains, etc. Seule la délégation bolchevique est absente. La révolution bat son plein et Clemenceau n’aime pas les communistes.
Il revient enfin aux troupes françaises de clore ce défilé. « Un grand silence, un grand recueillement, l’attente de quelque chose d’infiniment grand et d’infiniment beau et que voici : l’armée française. » Ils sont tous là, les soldats de l’infanterie, de l’artillerie, de la Légion étrangère, des troupes coloniales, des tirailleurs (algériens, marocains, sénégalais...). La parade militaire se termine avec le défilé des chars d’assaut, symbole de cette guerre devenue industrielle et totale.
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