Féminisation du sous-marin Suffren : efficacité ou idéologie ?
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Soyons extrêmement fiers du dernier-né de nos sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), le Suffren, premier de la série des six SNA prévus dans le programme Barracuda. Ceux qui connaissant le programme savent combien il a nécessité d’années de conception, de réalisation et de travail. Il est sans nul doute ce que la France est aujourd’hui capable de faire de mieux.
Ce SNA est un outil de puissance et de souveraineté pour notre pays, c’est une, si ce n’est l’épine dorsale de la Marine nationale pour le XXIe siècle (la durée de vie d’un sous-marin de ce type est de quarante ans).
Sa mise à l’eau à Cherbourg signifie également la montée en puissance décisive de l’équipage d’armement spécialement préparé par les forces sous-marines et l’état-major de la Marine.
Sans un équipage, le SNA Suffren n’est rien.
Comparaison n’est pas raison, mais on retrouve de nombreuses similitudes entre une équipe de quart à bord d’un sous-marin nucléaire et une équipe de rugby : même passion, même hargne, même complémentarité, même moyenne d’âge, même effort collectif, même abnégation face à la fatigue, même proximité aussi, en un mot même « fighting spirit » et mêmes contraintes pour vaincre et porter haut les couleurs du pays.
Un équipage du sous-marin Suffren en mission opérationnelle, ce seront un staff d’une quinzaine de personnes (une équipe de direction, un cuisinier, un infirmier et une poignée d’experts de la maintenance) plus trois équipes de quart qui se succèdent (3 fois 8 heures pendant 70 jours) et alternent donc, à rythme soutenu, une période de travail au quart, une période de détente à la cafétéria ou dans un poste à 6 personnes (grosso modo un compartiment de couchettes de seconde classe), une période de sommeil dans le même poste.
Si l’on poursuit la comparaison rugbystique, il faut donc imaginer 3 équipes de France qui restent 24 heures sur 24 pendant 70 jours au Stade de France et font face, tour à tour, à des adversaires aiguisés sur un terrain miniaturisé, dans des vestiaires resserrés, agrémentés d’une cafétéria et de 7 ou 8 postes à 6.
Nos élites bien aidées, conseillées, voire précédées par quelques officiers d’état-major ambitieux et donc modernes et dociles (pardon pour les euphémismes) se vantent aujourd’hui sans vergogne d’avoir rendu « féminisable » ce Stade de France miniaturisé : ils ont réservé, c’est vrai, et discrètement fait écrire la mention adéquate « FÉMININ » en haut des portes, pour une toilette, une douche et un poste à 6. Bel exploit !
Il ne reste donc plus qu’à « féminiser » les équipes. Chaque opportuniste y va de son idée : comme on manque soi-disant de piliers performants dans nos équipes de France, on va réserver le poste aux femmes : 2 piliers femme par équipe de quart, 3 équipes par équipage, cela fait six femmes et le poste à 6 rempli ! D’autres, plus prudents, veulent féminiser le staff avant les équipes de quart : l’infirmier, l’expert nucléaire, l’entraîneur… mais attention, il faudrait arriver à remplir le poste et pérenniser aussi les filières de formation métier. Pas simple. D’autres, encore plus prudents, essaient de gagner du temps et veulent rendre les choix réversibles : partons donc pour des missions de sous-marins expérimentales et décidons ensuite.
Les études battent leur plein, font couler beaucoup d’encre et de rapports… mais démotivent les équipes de quart, c’est-à-dire les équipes de France de rugby, qui ne rêvent que d’une chose : gagner le Tournoi des Six Nations et la Coupe du monde !
Le hic, c’est que l’équipage du SNA Suffren risque, un jour ou l’autre, de se retrouver en situation de combat. Je ne saurai trop conseiller, à ceux qui ignorent ce que cela veut dire à bord d’un sous-marin, de regarder l’excellent film d’Antonin Baudry Le Chant du loup.
Idéologie et bon sens, modernisme et réalisme, féminisme et prudence s’affrontent une nouvelle fois. C’est l’efficacité opérationnelle d’un fleuron de notre pays qui est en jeu. Mais aujourd’hui, l’efficacité fait-elle le poids face à la communication ?
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