Venezuela : en route pour la dictature version Maduro

Pour tous ceux qui pouvaient encore en douter, se réfugiant avec une paresse intellectuelle bien coupable dans le concept pourtant bien défraîchi de la fameuse doctrine Monroe, accusant sans pourtant jamais étayer par des preuves irréfutables la CIA d’être à la manœuvre dans les difficultés politiques, économiques et sociales du Venezuela, il faut espérer que la décision du 25 janvier du Tribunal suprême de justice sommant le Conseil national électoral d’exclure la MUD (Mesa de la Unidad Democrática), la coalition de l’opposition, de la prochaine élection présidentielle, prévue fin avril, puisse enfin dessiller leurs regards.

Une décision visant à empêcher l’opposition de s'organiser et de proposer un candidat unique à cette élection, sachant que ses deux principaux leaders, l’ancien candidat Henrique Capriles Radonski et Leopoldo López, ont été privés de leurs droits civiques sous le prétexte d’avoir fomenté les manifestations antigouvernementales depuis 2014 !

Une décision qui fait un peu plus basculer le Venezuela dans un régime autocratique et qui, bien entendu, a déclenché de nombreuses réactions sur le plan international, dont celle du Président Emmanuel Macron dénonçant « la dérive » du régime de Caracas et militant pour un accroissement des sanctions...

Si, jusqu’à présent, toutes les sanctions, d’où qu’elles viennent, d’Europe comme du continent américain, se sont révélées bien vaines contre la caste cháviste au pouvoir, elles ne l’ont pas été pour les plus démunis, accentuant encore leurs difficultés quotidiennes à s’alimenter, à se soigner dans un pays où l’inflation, en 2017, a tutoyé les 1.000 % !

Nicolás Maduro aura donc réussi, après sa défaite lors des législatives de 2015, à museler en quelques années une opposition, certes regroupée sous la bannière de la MUD, mais trop hétérogène sur le plan idéologique, allant de la gauche modérée à la droite dure. Une opposition dont la stratégie aura fini par être totalement incompréhensible pour une population désespérée et avide de solutions rapides. Après sa large victoire de 2015, la MUD avait clairement choisi la voix de la légalité institutionnelle en essayant d’obtenir un éventuel référendum révocatoire. Ayant échoué, elle va alors décider de transformer son combat politique en un rapport de force avec d’importantes manifestations de rue, non seulement inefficaces mais aussi dramatiques, avec 125 morts. Pour s’en remettre ensuite à la diplomatie vaticane et aux pressions internationales, géopolitiques, financières, et finir par accepter la proposition de Nicolás Maduro, sous l’égide la République dominicaine !

Autant de fausses pistes, de leurres utilisés par Nicolás Maduro, bien entouré par les très nombreux conseilleurs cubains présents à Caracas, pour verrouiller tous les pouvoirs : disqualification du Parlement par la mise en place d’une nouvelle Assemblée constituante, élimination de quelques chávistes historiques trop critiques comme l’ancien procureur Luisa Marvelia Ortega Díaz, réfugiée dorénavant en Colombie, puis victoire par KO et par défaut lors des élections régionales et municipales !

Il ne reste plus, maintenant, que quelques semaines à l’opposition pour adopter un discours clair, cohérent sur les perspectives de sortie de crise, et non pas de s’entêter à seulement réagir aux manœuvres dilatoires de Maduro... En a-t-elle seulement la capacité ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:57.
Jean-Marie Beuzelin
Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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