Mercredi 30 mai comparaissait Martine Landry – militante d’Amnesty International et bénévole de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers – au tribunal de grande instance de Nice (Alpes-Maritimes), "pour avoir transporté en juillet 2017 deux migrants guinéens de quinze ans [jusqu’aux] bureaux de la Police aux frontières (PAF) pour prouver que ces deux mineurs avaient bien fait une demande de prise en charge à l’Aide sociale à l’enfance (ASE)" (Le Parisien). Les mineurs en question ne se trouvaient pas, semble-t-il, sur le territoire français quand ils ont été recueillis par l’intéressée, ce qui constitue de fait un délit.

Martine Landry a, quant à elle, affirmé le contraire en prétendant qu’elle avait recueilli les deux jeunes Guinéens au panneau « France » de la frontière, rappelant que "les deux migrants avaient été interpellés avec des adultes lors d’une perquisition chez le militant Cédric Herrou dans la vallée de la Roya, puis renvoyés vers l’Italie, ce qu’a contesté le parquet" (La Croix).

La procureur a énergiquement reconnu le caractère délictueux des faits tout en demandant la relaxe et, considérant que l’accusée était « “le dernier maillon de la chaîne” contrairement à “des acteurs qui ont participé à ces manœuvres et pas présents au tribunal” » (op. cit.), elle a toutefois préconisé que "le parquet aurait intérêt à des poursuites pour faux, usage de faux et tentative d'escroquerie".

Cette relative bienveillance est donc un mauvais signe adressé aux pourfendeurs des frontières que sont ces passeurs de migrants, qui semblent se rire du désastre imminent si le flux migratoire, actuellement subi par l’Europe, se poursuit.

Une bienveillance pas bien comprise par l’avocat de la défense, Mireille Damiano, qui a décidé de saisir l’ordre des avocats pour dénoncer les propos de la procureur, suggérant en substance qu’il est inadmissible que la loi française soit rappelée dans un tribunal.

De son côté, Amnesty International, qui voyait pour la première fois l’un de ses membres mis en accusation dans notre pays, a, dans un communiqué déclamatoire dont elle a le secret, appelé la France à "se conformer à ses engagements et s’aligner sur le droit international en cessant de criminaliser l’action de personnes ou d'associations qui viennent en aide à des personnes migrantes ou réfugiées".

En quittant le tribunal, Martine Landry a logiquement été accueillie comme une résistante à l’oppression et, prenant la pose victimaire, elle a dénoncé "une politique générale pour intimider tous ceux qui portent assistance aux migrants et c’est pour ça que nous demandons l’abolition du délit de solidarité". Qu’elle aille en Turquie, pour voir à quoi ressemble une intimidation d’État !

Enfin, comme le chantait Jean Ferrat à propos des "Pauvres petits c…" bourgeois qui causaient au nom de la jeunesse ouvrière, si le moi de ces exaltés de la solidarité les "chagrine plus que de raison", il y a des indigents français qui accueilleraient volontiers leurs pulsions humanitaires !

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31 mai 2018 à 17:37

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