Quoi qu’on pense du président Donald Trump, on ne saurait néanmoins lui dénier un certain don pour l’humour ravageur et le tweet farceur. Dernière sortie en date, ce 4 décembre : « Je suis heureux que mon ami Emmanuel Macron et les manifestants à Paris soient tombés d’accord sur la conclusion à laquelle j’avais abouti il y a deux ans. » À l’Élysée, tel qu’on pouvait s’en douter, on a préféré ne pas commenter.

Et le même d’enfoncer le clou à propos du sommet de Paris, relatif au climat, tenu dans la capitale, en décembre 2017 : « L’accord de Paris est fondamentalement mauvais car il provoque une hausse des prix de l’énergie pour les pays responsables, tout en donnant un blanc-seing à certains des pires pollueurs. » Comprenez : les Chinois. À l’époque, le mot d’ordre d’Emmanuel Macron était : "Make Our Planet Great Again!", parodiant ainsi le slogan de campagne "Make America Great Again!" du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Ces temps-là ne sont plus de mise et le "brushing-fait-homme" tient, aujourd’hui, sa revanche.

En effet, pour fantasque qu’il soit, Donald Trump, à sa manière, certes brutale, imprévisible, foulant aux pieds les traditionnels usages diplomatiques, « fait » de la politique ; quand tant d’autres, Emmanuel Macron le premier, ne font plus que semblant d’en « faire ». Lui « sent » le peuple et ses aspirations profondes ; ce qui explique aussi pourquoi la majeure partie des médias américains ne peut le sentir, lui.

Son homologue français, tout au contraire, bien qu’ayant, au début de son mandat, perçu le besoin du peuple de voir la fonction présidentielle à nouveau sacralisée, ne « sent » plus le peuple, allant jusqu’à se désacraliser tout seul comme un grand : comment n’a-t-il pas « senti » à quel point ses photos avec des drag-queens à l’Élysée ou des repris de justice à torsepoil à Saint-Barthélemy, saccageaient tout ce qu’il avait commencé d’entreprendre ?

Quand Donald Trump est en meeting en terres populaires, l’entrepreneur en bâtiment qu’il n’a jamais cessé d’être est, comme jadis son prédécesseur Ronald Reagan, en communion avec son auditoire. Il sait le faire vibrer, lui dire les mots qu’il attend. Il le fait naturellement, sans se forcer. Il est sincère ; il est donc crédible. Mieux : il se met le peuple dans la poche en tapant sur les médias dominants. Emmanuel Macron, c’est l’inverse : plutôt complaire aux commentateurs qu’aux électeurs. Quand il joue aux monarques, le peuple voit qu’il joue. Quand il veut faire peuple, le peuple regarde ailleurs.

Les sondages de popularité parlent d’eux-mêmes : malgré la curée médiatique, l’un continue à tutoyer des sommets. Malgré le soutien médiatique, l’autre n’en finit plus de sombrer. Ce qui qui était d’autant plus prévisible que le peuple ressent l’impression qu’on gouverne, non pas pour lui, mais contre lui.

Pour tout arranger, Donald Trump semble voir plus loin qu’Emmanuel Macron. S’il demeure climato-sceptique, il n’en ignore pas pour autant les dangers de la pollution. Et là, au lieu d’augmenter les taxes sur l’essence, il préfère jouer la carte du protectionnisme. Ce qui est fabriqué aux USA et vendu aux USA polluera toujours moins que ce qui viendra de la lointaine Asie, par supertankers ou avions, moyens de transport autrement plus gourmands en carburant que les voitures dont les ouvriers ont besoin pour se rendre à l’usine. Lesquelles recommencent, d’ailleurs, à se relocaliser outre-Atlantique, concluant ainsi un cercle vertueux, à la fois économiquement protectionniste et durablement écologique. Et c’est donc très logiquement que le troupeau des anciens chômeurs rejoint celui des électeurs du trublion.

Alors, « Make Macron Great Again » ? Ça n’en prend pas exactement le chemin.

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05 décembre 2018 à 16:23

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