Forum de la dissidence : tout le monde n’est pas Soljenitsyne…

Ce dimanche, à Paris, se tenait le Forum de la dissidence organisé par Polemia.

Curieusement, la rencontre porta sur la nécessité de renforcer la droite face à une gauche en situation d’hégémonie culturelle. Le dissident ne devrait-il pas plutôt dépasser ce clivage droite/gauche ?

Car la vraie question est celle de la révolution mondialiste en cours. "Le sot regarde le doigt du sage qui lui montre la lune", dit un proverbe chinois. Pour éviter d’être les « idiots utiles » du mondialisme, il est nécessaire de prendre en compte la réalité double de l’histoire en train de s’écrire : celle des événements visibles et celle des causes cachées qui déterminent ceux-ci. C’est pourquoi l’on aurait aimé que les intervenants s’expriment sur le mondialisme, point focal autour duquel auraient dû s’agencer toutes les réflexions.

Être dissident, c’est résister à ce projet internationaliste initié par l’oligarchie financière qui surplombe les souverainetés nationales, les dépolitise et les réduit à de simples instances de gestion, transformant les élus en fidéicommis serviles. C’est refuser la subversion permanente libérale-libertaire des trotskistes reconvertis en néoconservateurs. C’est rejeter la domination d’une technocratie toute-puissante, avant-garde de type léniniste de la promotion du nouveau messianisme.

C’est aussi se rebeller contre le primat imposé de l’idéologie sur le réel, contre la tyrannie judiciaire plus soucieuse de défendre le droit du plus fort que la justice, contre les médias propagandistes et le dévoiement des institutions par une subversion de type gramscien. C’est encore rejeter les effets d’une subtile ingénierie sociale qui utilise les peurs pour imposer des mesures sécuritaires et la subversion migratoire pour affaiblir les peuples historiques.

L’organisateur de la rencontre, Jean-Yves Le Gallou, estimait nécessaire de faire sauter le verrou du politiquement correct. On aurait aimé qu’il en fût ainsi. Mais l’audace dissidente resta très sage. Le représentant de Défend Europe n’évoqua pas les réseaux Soros, soupçonnés de financer les flux migratoires, ni l’inertie complice de pouvoirs publics appliquant le projet migratoire de l’ONU. L’élu des Républicains, Charles Beigbeder, incarnait bien peu l’esprit de dissidence. On aurait voulu du subversif. Pierre Cassen, de Riposte laïque, plus réaliste, souligna la nécessité de dépasser les clivages.

"Le poisson ne sait pas qu’il est mouillé", dit un autre proverbe chinois. On eut l’impression que nombre d’intervenants ignoraient la nouvelle réalité paradigmatique.

Le public semblait plus lucide : "Il est moins cinq", dit une femme consciente du risque d’explosion sociale. Une autre proposa judicieusement de déplacer le débat sur un plan plus anthropologique. Car la vraie question porte sur ce que sera l’homme, demain : libre ou aliéné par le néo-totalitarisme qui monte ?

Dimanche, l’esprit dissident manquait de vigueur. Tout le monde n’est pas Soljenitsyne.

Bruno Riondel
Bruno Riondel
Docteur en histoire

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