L’Allemagne sans gouvernement : si la France en profitait pour reprendre le leadership ?
L’Allemagne tousse et la France s’enrhume. Le couple franco-allemand ? Un couple à la Dubout, sans nul doute. Avec une grosse madame et un petit monsieur. Angela Merkel cherche un gouvernement et c’est Emmanuel Macron qui est tout perdu.
Pour la chancelière, il s’agit de former une coalition avec son parti, la CDU, le CSU, les libéraux-démocrates et les Verts. Les uns voudraient bien, mais sans les autres. Reconduire alors l’habituelle alliance avec les sociaux-démocrates du SPD ? Mais Martin Schulz, son chef, étrillé d’importance aux dernières élections législatives, entend passer son tour.
En bonne logique, il faudrait convoquer de nouvelles élections, mais on ne dissout pas là-bas le Bundestag comme on le fait en France du Parlement. Et puis, surtout, la grande inconnue des populistes de l’AfD. Interrogé par Le Point, un officiel de la CDU s’inquiète en ces termes : "Personne, ni les écologistes, ni les libéraux n’ont intérêt à ce que de nouvelles élections soient convoquées. Car le parti nationaliste AfD risquerait de faire un score encore supérieur à celui des dernières élections."
Il est vrai que les dizaines de milliers de réfugiés ayant déferlé sur la prospère Allemagne ont considérablement changé la donne, ce qui explique aussi les difficultés rencontrées par la chancelière pour trouver un terrain d’entente entre les diverses parties en présence. La très conservatrice CSU entend donner un tour de vis sur le sujet migratoire, tandis que les Verts refusent même d’aborder le sujet. La situation est si inextricable que même le président allemand Frank-Walter Steinmeier est sorti de sa traditionnelle réserve constitutionnelle pour tenter de convaincre la classe politique de revenir à des sentiments plus apaisés.
Bien sûr, Angela Merkel pourrait tirer sa révérence, mais pour être remplacée par qui ? Interrogé par la RTBF, Hans Stark, du Comité des relations franco-allemandes à l’IFRIS (Institut français des relations internationales), prévient : "Ce serait un peu prématuré. Il n’y a pas de rival sérieux au sein du parti chrétien-démocrate qui émerge à l’heure actuelle." Pour tout arranger, 61 % des Allemands souhaitent que la chancelière se retire si, d’aventure, leur pays demeurait sans gouvernement.
Dans les principales capitales européennes, on considère donc qu’il y a urgence, sachant que tous les sujets qui devaient bientôt être discutés se retrouvent aujourd’hui en souffrance. Voilà qui, de fait, n’arrange pas les affaires d’un Emmanuel Macron ayant tant misé sur ce fameux couple franco-allemand. Et si, tout au contraire, il s’agissait d’une chance à saisir ?
En effet, il y a des décennies que le dialogue entre Berlin et Paris consiste à seulement demander à la France si elle est un peu d’accord, d’accord ou tout à fait d’accord avec l’Allemagne. Ce serait, ainsi, le moment ou jamais de rééquilibrer ce lien, que ce soit en matière économique ou en politique extérieure, tant elle est loin l’époque où nos voisins d’outre-Rhin se satisfaisaient d’être des géants économiques tout en se contentant de leur condition de nains politiques. Désormais, elle nous toise de haut en ces deux domaines.
Cet état de fait ne doit rien au hasard, puisque inscrit dans l’esprit des textes fondateurs de la construction européenne, telle que voulue par Jean Monnet et ses puissants sponsors américains. Cette Europe ? Un vaste espace de libre-échange sous protection militaire de Washington, simple aire ouverte aux quatre vents, oublieuse de sa culture, de son histoire, de son passé ; bref, de sa civilisation. En son temps, le général de Gaulle avait tenté de retirer la nappe et de renverser la table. Le moins qu’on puisse prétendre est que ses successeurs n’ont rien fait pour perpétuer son œuvre, à l’exception notoire d’une Marine Le Pen ayant lancé à Emmanuel Macron, lors du fameux débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle : "Quoi qu’il arrive, une femme dirigera la France. Ce sera moi ou Angela Merkel…"
Et si c’était le moment de lui donner tort ? Pour cela, il nous faudrait au moins un Président digne de ce nom. Il n’est pas sûr que ce soit le cas.
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