Confiance ! La loi de moralisation de la vie politique est en marche

C’était durant la campagne des élections législatives. Un débat en direct organisé par France Bleu pour la 3e circonscription de Vaucluse, celle de la députée sortante Marion Maréchal-Le Pen. À la fin de l’émission, le journaliste pose cette question traditionnelle à chaque candidat : "En cas d’élection, quel dossier pour le Vaucluse défendrez-vous en priorité à Paris ?" Hervé de Lépinau, candidat du Front national, évoque évidemment notre agriculture qui est en train de crever, sous le poids des normes et de la concurrence étrangère. La candidate communiste parle d’emploi, etc. Bref, on évoque des sujets à résonance locale dont les solutions, évidemment, sont ailleurs.

Vient le tour de la candidate d’En Marche !, « issue de la société civile », selon la formule consacrée qui vaut d’emblée bonus par les temps qui courent. Réponse de la brillante candidate qui, du reste, sera récompensée après son élection d’un petit maroquin de secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot ? La moralisation de la vie politique ! Elle n’avait pas pu la glisser durant tout le débat, cette fichue moralisation de la vie politique qui était marquée en gros dans ses fiches. C’était donc le moment ou jamais. Car le Vaucluse n’attendait que ça, toutes affaires cessantes, vous l’imaginez bien…

Cette fameuse moralisation de la vie politique : le combat qui allait faire entrer François Bayrou de son vivant, sinon au Panthéon, tout du moins dans les livres d’histoire. Comparés au Béarnais, les austères fondateurs de la république américaine allaient passer pour des Sardanapale ! On allait voir ce qu’on allait voir. On allait nous concocter un projet de loi sur cette sacrée moralisation de la vie politique, depuis lors rebaptisé "projet de loi sur la confiance dans l’action publique". C’est vrai que « confiance », c’est mieux que « moralisation », qui en appelle aux notions de bien et de mal et fait un peu vieux jeu, scrogneugneu, quoi. « Confiance » : un mot décidément à la mode ces derniers temps : le général de Villiers avait tellement la confiance du Président qu’il en a été obligé de démissionner…

Parmi la liste à la Prévert des propositions pour rétablir la confiance, on trouve la suppression de cette fameuse réserve parlementaire. Ça a bien un peu rechigné, la semaine dernière, dans les rangs du groupe La République en marche de l’Assemblée, les primo-députés ayant sans doute, entre-temps, découvert le mode d’emploi et l’utilité de cette fameuse réserve : 130.000 euros par an et par député à distribuer aux collectivités et associations et de façon très encadrée et tout à fait transparente, contrairement aux idées reçues. Il a fallu que le gouvernement fronce les sourcils pour faire rentrer dans le rang les godillots qui dépassaient un peu et faisaient désordre. C’était une promesse de campagne, alors exit cette vilaine réserve parlementaire ! Pourquoi pas.

C’est donc cette semaine, après être passé au Sénat début juillet et avoir été approuvé par la commission des lois de l’Assemblée, jeudi dernier, que le projet de loi sera examiné par l’Assemblée. Pas de suspense à l’arrivée, on imagine. François Bayrou pourra regarder devant son téléviseur l'œuvre de sa vie s'accomplir. Un peu comme ces cyclistes qui ont dû quitter le Tour pour claquage musculaire.

Dommage, tout de même, que le terme « moralisation » n’ait pas été retenu. Il aurait permis d’évoquer judicieusement cette sentence sans appel de Napoléon Bonaparte : "La plus grande immoralité est de faire un métier qu’on ne sait pas." On ne fera pas de loi sur ce sujet…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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