Yann Moix : Les Illusions perdues
Bernard-Henri Lévy partage, avec les éleveurs de chevaux de course, la pratique de mettre à l'épreuve ses poulains. L'une de ses plus célèbres créatures d'écurie est Yann Moix. En 1994, notre « philosophe » médiatique, dont le bras est aussi long que le périphérique parisien, fait passer un test au jeune aspirant à la gloire littéraire. Comme un écolier. Situation, il faut bien l'admettre, humiliante. Il lui demande d'écrire, en une demi-journée, trois textes, l'un sur le fascisme en Italie, l'autre sur Federico Fellini et le troisième sur Germinal, de Claude Berri. L'examen a dû être concluant car, finalement, le candidat est tiré du néant affreux auquel la bonne ville d'Orléans l'avait condamné.
Enfin, le phare de notre époque (je veux dire BHL) le fait entrer aux Éditions Grasset, et une carrière grassouillette de journaliste-écrivain-réalisateur l'attend.
Entre-temps, il fréquente deux petits marquis des lettres, Philippe Sollers et Pierre Assouline.
Bingo !
Son premier roman, Jubilations vers le ciel, reçoit le prix Goncourt du premier roman (1996), le prix François-Mauriac de l'Académie française et le prix Air-Inter Europe du premier roman. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître !
Toutefois, chacun sait qu'il n'y a pas grand chemin du Capitole à la roche Tarpéienne ! Le passé de Yann ne passe décidément pas ! La rumeur s'est faite encre, la presse publie les bonnes pages des propos négationnistes de celui qui, depuis des lustres, se présentait, sans doute fougueusement, comme un grand ami des Juifs.
On n'entrera pas dans la polémique. J'avoue même n'avoir jamais eu grand désir de lire la prose de Moix. Ses duos d'hystérique troupier avec la comique-triste Christine Angot suffiraient à désespérer tout lecteur de bonne volonté.
J'imagine, cependant, la tête de BHL quand il a appris cette forfaiture rétroactive, s'il l'ignorait : Tu quoque mi fili ! L'Ange, qui prenait la défense des gentils migrants contre les méchants policiers, était donc une bête immonde, et qui est montée !
Et voilà donc une casquette maculée sur un chef qui avait déjà le cerveau rempli des fracas familiaux, à la suite de ce qui paraît bien être, dans son dernier roman, un tissu de diffamations abjectes à propos de ses parents. La décapitation n'est pas loin !
La littérature est fondamentalement mensonge, qui peut être beau, palpitant, profond. Qui n'a pas, chez nos grands écrivains, et trop souvent, honni sa famille ? Henri Beyle a noirci injustement son père. Mais enfin, il devint Stendhal !
La comparaison qui vient à l'esprit est celle des Illusions perdues. Moix serait une sorte de Lucien de Rubempré pourri par le système médiatique et l'entregent sordide d'une république en acharnement thérapeutique, comme Lucien avec été contaminé par le journalisme louis-philippard.
Là s'arrête le parallèle. Car le jeune Lucien avait commencé comme une aurore claire et belle. Quel Balzac contera les déboires des écrivailleurs contemporains ?
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