Xavier Raufer : « Monsieur Collomb a eu un haut-le-cœur salutaire, il s’est vu incapable de faire face, il a capitulé »
Gérard Collomb a finalement démissionné. L'occasion, pour le criminologue Xavier Raufer, de dresser le bilan pour Boulevard Voltaire de ces quelque quinze mois passés au ministère de l'Intérieur, un temps qui, selon lui, n'aura servi à rien. Reste à envisager sa succession.
https://www.youtube.com/watch?v=CF3Xwl2zKAU&feature=youtu.be
Après 16 mois passés au ministère de l’Intérieur et une démission en forme de vaudeville, quel bilan peut-on tirer du mandat de Gérard Collomb ?
Son temps de ministre de l’Intérieur n’a à peu près servi à rien. Tous les jours que le Bon Dieu faisait, il nous faisait la pub de sa police républicaine de proximité. Il la présentait en belle marquise aux beaux yeux. En fait, cela ne servait à rien. Compte tenu de ce qui se passe dans les banlieues hors de contrôle, celles-ci échappent aux contrôles de l’État depuis 20, 30 et 40 ans et plus, il ne faut naturellement pas d’aimables gardiens de la paix avec des sifflets et des vélocipèdes. Il faut au contraire des gens capables de démanteler les bandes criminelles. C’est la seule chose qu’on leur demande. Au dernier décompte, il y avait 700 cités hors de contrôle sur le territoire français, dans la périphérie des grandes villes et des métropoles, dont une centaine particulièrement dangereuses. J’entends par ‘’particulièrement dangereuse’’ ce que jadis, ce président socialiste de la région Provence Alpes Côte d’Azur nommait ‘’des quartiers en sécession’’. C’est un terme terrible. La guerre de Sécession, ce n’est quand même pas rien !
Quand on aura rétabli l’ordre dans ces quartiers, tout ira bien. On pourra même faire ce que dit monsieur Borloo. On pourra faire des maisons pour les mamans des cités, pour qu’elles se sentent mieux, pourquoi pas. Mais d’abord, il faut rétablir l’ordre.
Rappelez-vous ce qui s’est produit le soir de la victoire de la France en coupe du monde. Des émeutes ont eu lieu simultanément dans une cinquantaine de villes. La presse de monsieur Drahi et de monsieur Niel dont Le Monde, Libération, France Info en avait parlé comme des rixes qui avaient gâché la bonne ambiance générale. En réalité, il s’agissait d’affreuses émeutes. On a compté des centaines de voitures brûlées et des dizaines de blessés graves, notamment chez les policiers et les pompiers. Je peux vous garantir que cela a fait l’effet d’une douche froide chez les policiers. On le sait par les syndicats et de hauts dirigeants de la police. Comment résister à de semblables marées de voyous ?
Les voyous en question étaient-ils heureux de la victoire de la France ? Ils s’en foutent. Ce sont les mêmes qui sifflent le drapeau français et l’équipe de France quand elle a le malheur de jouer contre une équipe du Maghreb. C’est simplement le plaisir, le pouvoir de la horde, le pouvoir de montrer sa force, le pouvoir de faire baisser les yeux, le pouvoir d’agresser les policiers, les pompiers et les gens qui s’occupent de la propreté publique. Ils attaquent aussi les catafalques et les corbillards simplement pour montrer qu’ils sont là, qu’ils sont forts et que c’est eux qui contrôlent le territoire.
Contrairement à ce que disent les médias du système, ce ne sont pas des actes de violences gratuites. Au contraire, cela tend à assurer la puissance d’un certain nombre d’individus sur un territoire. Si c’était simplement des voyous, cela irait bien. Mais maintenant, on sait que ce sont des hybrides. Derrière les petites racailles qui font brûler les voitures, il peut fort bien y avoir de futurs terroristes. C’est très dangereux.
D’après moi, à un moment donné, monsieur Macron a beau faire tout ce qu’il veut, monsieur Collomb a eu un haut-le-cœur salutaire. Il s’est vu incapable de faire face à cela. Il n’a plus l’âge. Il n’a plus la santé. Il a donc capitulé.
Gérard Collomb a eu des mots très fort lors de sa passation avec Édouard Philippe.
Même la Présidente du Rassemblement national n’avait pas encore employé ces mots.
Gérard Collomb a dit très clairement : « nous vivons côte à côte, j’ai peur qu’un jour nous soyons face à face ». Il parlait de cette insécurité grimpante.
Bien sûr. C’est la preuve qu’on peut créditer monsieur Collomb d’être un homme sincère. Quand il a pensé que l’avenir était le jeune Macron, il n’a pas joué avec les mots, il n’a pas dit un jour oui, un jour non. Il y est allé franco. C’est un homme qui a une certaine forme de sincérité. Il a vu qu’il n’y arriverait pas et il a dit pourquoi. C’est une sorte de testament. Ce qu’il a fait indique la voie à son successeur.
Soit on met fin à cette situation dans laquelle des quartiers sont hors de contrôle, occupés par des meutes et des hordes extrêmement violentes qui s’en prennent à tout le monde, notamment à ceux qui représentent l’ordre et l’autorité publique, soit on n’y arrivera pas. Ce n’est pas un cas unique en France.
En Grande-Bretagne, ils ont également eu leur Taubira et leur Cazeneuve, avec les mêmes résultats. C’est pareil aujourd'hui en Allemagne et en Suède.
Mon petit doigt me dit que ‘’rétablir l’ordre à l’échelle de l’Europe’’ sera l’un des grands sujets des prochaines élections européennes. Je ne pense pas que les petits bureaucrates actuels de Bruxelles soient forcément très qualifiés pour cela. Ils ont peur de leur ombre.
On attend de savoir qui succédera à Gérard Collomb. Plusieurs noms circulent, notamment celui de monsieur Fauvergue, l’ancien commissaire du RAID, Frédéric Péchenard des Républicains.
Pensez-vous à quelqu’un en particulier qui pourrait prendre la suite de Gérard Collomb ?
Qu’attend-on du ministre de l’Intérieur ? Traditionnellement, dans la conception française de l’État, le ministre de l’Intérieur est là pour rassurer les Français. Il faut un type carré, solide, qui regarde les gens dans les yeux le soir du 20h et dise de ne pas s’en faire, car avec lui tout ira bien. On n’y arrivera pas en prenant une danseuse ou quelqu’un qui fait de la com.
Je ne pense pas qu’à l’heure actuelle, dans son stock d’amis politiques, le Président Macron ait exactement la personnalité qui convienne.
Qui va-t-il nous sortir du chapeau ? On verra !
Une chose est certaine, c’est que rien ne prépare à la fonction de ministre. Il y a des professions comme cela, ministre et directeur de collection pour une maison d’édition, font partie de celles-là.
Il faut employer la pensée de Mao Zedong, qui disait « se lancer dans la guérilla pour apprendre à faire la guerre ». Il faut donc se lancer dans le grand bain et après cela, on flotte ou on coule. Monsieur Collomb vient de couler.
Reste à souhaiter pour la France et pour ses habitants que son successeur surnage en faisant face aux vrais problèmes, celui des bandes criminelles qui, dans les cités, pourrissent la vie de leur entourage.
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