Vous avez aimé « Notre-Dame n’est pas une cathédrale » de Castaner ? Vous allez aimer ce qu’en dit le Grand Orient…

bâtisseur cathédrale

Les francs-maçons se disent héritiers des bâtisseurs de cathédrales. Il est vrai que la franc-maçonnerie emprunte aux bâtisseurs vocabulaire et symbolique. On ne va pas faire, ici, un cours sur les liens réels ou inventés entre « maçonnerie opérative », qui regroupe sous ce terme savant les compagnies, guildes et sociétés de maçons du Moyen Âge, et la « maçonnerie spéculative », qui vit le jour officiellement en 1717 avec la création de la Grande Loge unie d’Angleterre. Mais c’est au nom de cette filiation réelle ou de désir que les francs-maçons « ne pouvaient pas rester insensibles » au « drame de l’incendie de Notre-Dame », comme le rapporte Jean-Michel Merchet dans L’Opinion du 17 juin.

Ils ont donc décidé d’apporter leur pierre à la restauration de Notre-Dame de Paris. Un « geste de générosité républicaine » pour le Grand Orient de France. La générosité tout court, non. Il faut qu’elle soit républicaine. C’est mieux. Cela dit, il paraît que l’argent n’a pas d’odeur, odeur qui peut être de sainteté ou pas. Tiens, une petite digression étymologique : figurez-vous que la générosité est la qualité d’une personne ou d’une action généreuse et que le mot « généreux » vient du latin « generosus » qui veut dire « de bonne race ». Aïe aïe aïe… Fin de la digression.

Mais comme ce geste de bonne race pourrait ressembler à une entorse à la sacro-sainte laïcité, dogme du Grand Orient de France (GODF), le grand maître Jean-Philippe Hubsch s’est empressé de préciser que « ce monument historique national est un lieu de culture. Nous n’y voyons pas un lieu de culte. » Ce qui n’est pas sans nous rappeler les paroles grandioses de Christophe Castaner au lendemain de l’incendie : « Notre-Dame n’est pas une cathédrale. » À graver au burin sur une pierre angulaire de l’édifice. Maintenant, faisons preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle : autant les propos de Castaner s’affirment comme un somptueux monument élevé à la gloire de la sottise, autant ceux du grand maître du GODF se tiennent, d’une certaine manière. Je m’explique. Hubsch ne dit pas « Notre-Dame n’est pas un lieu de culte » mais « Nous n’y voyons pas un lieu de culte ». « De notre point de vue, nous qui sommes athées, agnostiques, libres penseurs, que sais-je, Notre-Dame n’est pas un lieu de culte », semble nous dire le patron de la rue Cadet. Il n’y a pas de réalité, il y a la conception personnelle que nous nous faisons de cette réalité. Mon épreuve de philo au bac remonte, non pas au temps des cathédrales, mais presque (c’était sous Giscard…), mais on doit appeler ça le relativisme, non ? Peut-être le même relativisme qui veut qu’on ne voit plus dans un avortement l’arrêt d’une petite vie mais un droit fondamental, dans l’euthanasie un crime mais un acte d’humanité. Le rapport avec Notre-Dame ? Renseignez-vous sur les prises de position du Grand Orient sur les questions sociétales.

Les francs-maçons, héritiers des bâtisseurs de cathédrales ? De loin, alors. Car il fallait tout de même que ces maçons du Moyen Âge aient un peu la foi pour accomplir leur ouvrage. Sans casque de sécurité ! C'est, du reste, ce que Mgr Aupetit a rappelé dans son sermon au cours de la messe célébrée à Notre-Dame samedi dernier : « La cathédrale est née de la foi de nos aïeux. […] Cette cathédrale est née de l’espérance chrétienne qui perçoit bien au-delà d’une petite vie personnelle centrée sur soi pour entrer dans un projet magnifique au service de tous, en se projetant bien au-delà d’une seule génération. […] Oui, cette cathédrale est un lieu de culte, c’est sa finalité propre et unique. »

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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