À la faveur d’une crise migratoire qui ne cesse de s’accentuer semble émerger une nouvelle Union européenne, profondément divisée. Mauvais élèves, les pays du cercle de Visegrád sont sous le coup de sanctions pour avoir refusé de participer au programme européen de répartition des demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce, tant pour satisfaire des opinions publiques frileuses que parce que leurs dirigeants ont pu constater l’échec des modèles de sociétés ouvertes de l’Ouest, ou plus précisément multiculturelles, frappées au cœur par les contradictions qu’engendrent immanquablement les flux successifs de populations issues de continents différents, dont l’être au monde se révèle parfois incompatible au nôtre.

Quand de vieux pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne sont sommés d’accueillir des ensembles d’immigrés sous-qualifiés en si grand nombre, sur une période historique réduite à quelques décennies, c’est-à-dire à peine un instant à l’échelle des grandes civilisations, ils sont immanquablement déstabilisés. L’immigration extra-européenne atteint aujourd’hui un seuil qui fait d’elle, au sein de l’Union européenne, une masse critique susceptible de miner le contrat social sur lesquels se fondent nos États modernes. Cela, les pays d’Europe centrale l’ont parfaitement assimilé. En parfaite connaissance de cause, ils n’entendent pas reproduire l’expérience chez eux.

Bien sûr, on pourra leur rétorquer - ce que ne manquent pas de faire les bonnes âmes de la Commission européenne dès que l’occasion se présente - que bien peu de « migrants » convergent vers le continent si l’on rapporte leur nombre à celui des réfugiés que reçoit aujourd’hui le tout petit Liban. Bien sûr, on aura beau jeu d’expliquer que ces « migrants » sont avant tout des « réfugiés », protégés par ces juridictions supranationales qui s’appuient sur quantité de traités et de conventions qui feraient l’honneur de l’Europe et de la civilisation occidentale. Bien sûr, à plus long terme, le papy-boom européen, entraînant un tassement de la croissance, finira par croiser le baby-boom africain, alimenté par l’instabilité politique et le sous-développement économique, social et humain.

Mais peut-on décemment continuer sur une voie qui, non contente de générer du dégoût et de la division au sein de l’Union européenne, du fonctionnement des États aux relations qu’ils entretiennent entre eux dans un édifice pourtant théoriquement structuré sur une base consensuelle légitimée par des objectifs concrets, certes de plus en plus hasardeux, menace déjà l’équilibre anthropologique d’un continent qui a longtemps été un moteur de progrès dans l’histoire de l’humanité tout entière ? En outre, notre politique migratoire est depuis trop longtemps subie, composée de personnes qui n’ont pas leur place sur nos marchés du travail, de plus en plus compétitifs.

Que la Commission européenne, par la voix de Dimítris Avramópoulos, son commissaire aux Affaires intérieures, demande l’ouverture d’une procédure légale contre des États membres de l’Union qui ont toujours affirmé refuser le principe des relocalisations desdits « migrants » ne peut que nous inquiéter. Les appels à la « solidarité », à ces grands principes qui devraient guider l’action politique du projet européen, ne peuvent plus être entendus alors que des millions d’individus attendent de passer la Méditerranée pour s’installer en Europe. La France ne doit pas cautionner la fuite en avant de la Commission européenne. C’est son devoir face à l’Histoire, son destin. Notre rôle est bien de fixer des limites car les quotas sont déjà remplis, ce que toute personne normalement constituée ne peut que savoir.

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16 juin 2017 à 21:26

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