Vider les prisons pour cause de Covid ? La machine infernale est en marche !

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Il faudrait être bien naïf pour imaginer que, aujourd’hui, les peines de prison continueront à être fixées par les tribunaux compétents. En effet, il y a cette loi de programmation et de réforme de la Justice, datant du 23 mars 2019, visant à « favoriser, lorsqu’elles sont possibles, les peines alternatives à l’incarcération ». Pas tant par trop-plein d’humanisme que par manque de place dans les geôles républicaines, semble-t-il.

Une dérive que vient confirmer cette note confidentielle signée Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire, envoyée à nombre de juges, histoire de leur indiquer la bonne marche à suivre : « Je tiens à vous alerter sur la situation de surencombrement des établissements de votre ressort. […] Cette situation complexifie lourdement les mesures de sécurité que nous devons mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus. »

Étrange mail qui a fini par atterrir à la rédaction du Point : sachant que la prison est le stade ultime du confinement, on aurait pu penser que les nouveaux arrivants étaient testés et que, faute de contact avec l’extérieur, les détenus ne pouvaient être contaminés par de tierces personnes. Il est à croire que non. Bref, toujours à lire le courrier en question, il s’agirait avant tout de « réduire la densité carcérale ». À ce compte, il faudrait également fixer des quotas de patients à virer des hôpitaux débordés ou des élèves à exclure d’écoles elles aussi surchargées pour éviter de possibles clusters…

Et Laurent Ridel, en l’occurrence garde des Sceaux autoproclamé, de conseiller : « Il semble que moins de 2 % des détenus condamnés font actuellement l’objet d’une libération sous contrainte […] alors que 30 % des personnes condamnées y sont à première vue éligibles. » Cette « libération sous contrainte », c’est par exemple la détention en des centres semi-ouverts ou le bracelet électronique. Mais ce que le même Ridel oublie de préciser, c’est la manière dont il faudra surveiller ces dizaines de milliers de prisonniers élargis ; déjà que les forces de l’ordre ne parviennent pas à faire comprendre à un Patrick Balkany qu’un bracelet électronique n’a rien à voir avec celui qu’on vous met au poignet à l’entrée des boîtes de nuit, alors…

Sans surprise, ça grogne du côté de la magistrature. Cité par Le Point, ce magistrat de Reims : « Le directeur de l’administration pénitentiaire se permet, par écrit et avec le minimum de formes requises, de donner de quasi-instructions à des magistrats indépendants. Pour nous demander quoi ? D’adapter nos décisions aux capacités hôtelières des prisons, comme s’il existait un numerus clausus et comme s’il avait une quelconque autorité sur nous. »

Il est vrai qu’avec cette affaire, les juges se trouvent à la fois accusés de sévérité et de laxisme. Et le même de poursuivre : « Le problème du surencombrement des prisons ne date pas d’hier. Le gouvernement caresse en permanence l’opinion dans le sens du poil avec des discours répressifs et sécuritaires, tout en nous encourageant à vider les prisons. » On a déjà lu moins nigaud.

Plus sérieusement, et Covid ou pas, la vérité est qu’en France, les conditions de détention sont souvent indignes d’un pays civilisé, que nombre de ces détenus, lorsqu'ils sont étrangers, auraient vocation à regagner leurs pénates d’origine, une fois leur peine purgée et que les constructions de nouvelles prisons sont sans cesse repoussées.

L’autre vérité est que cette situation est plus que représentative de la philosophie macronienne qui considère la France comme une start-up nation et tient le gouvernement pour un simple conseil d’administration. Il faut donc gouverner à flux tendus et gérer les stocks, même ceux d’êtres humains ; même ceux de prisonniers qui ne sont pas les meilleurs des citoyens. Mais qu’au moins ce système aille jusqu’au bout de sa logique et fasse gérer les prisons par le groupe Accor, avec réductions à partir de dix nuitées et tarifs spéciaux pour les visites en groupe.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Prévoir de relâcher les FAUVES soi-disant à cause du VIRUS, quelle FOLIE ! Les décès causés par le COVID + les massacres que ces criminels risquent de commettre, la liste des décès risque de s’allonger. Si c’est pour assurer un bien plus rapide dépeuplement de notre pays, c’est bien trouvé ! ça sent nettement la FIN du règne des décideurs MACRONISTES pour projeter de telles inepties. Les conséquences leur importe peu puisqu’ils ne seront plus au Gouvernement dans quelques 100 jours

  2. Sans les voyous Macron n’a pas de chance de faire peur pour être réélu alors après la peur du covid le motif de vider les prisons… pauvre type.

  3. Merci pour votre « chûte » Monsieur Gauthier…Là encore on se trouve « moins nigaud » ..tout compte fait !

  4. C’est quoi cette initiative du directeur de l’AP alors que jusqu’à maintenant c’était du domaine du Garde des sceaux, au pire du directeur des affaires criminelles et des graces ?
    Initiative malheureuse (ce qui m’étonnerait) ou instructions venues de plus haut pour ne pas se mettre à dos les magistrats ?

  5. Le Covid se diffuse aussi avec les migrants, on le voit dans les centres de rétention administratives , mais on n’a jamais parlé de ces « clusters », interdit par le politiquement correct qui nous gouverne.

  6. Imaginez-vous tiré au sort comme juré d’assises, obligé d’interrompre vos activités pendant des semaines, et de peser sur un trébuchet pendant des jours la culpabilité et la peine à appliquer. Et une fois que c’est fait, vous vous apercevez que tout ce boulot n’a pratiquement servi à rien… Ça doit être agréable !

  7. Vider les prisons pour remettre toute cette racaille dans la rue ???????
    C’est pour faire repartir la délinquance .

    • Ils tremblent que des incidents dans les établissements se produisent à l’approche des élections. Il semblerait que des vitres aient été réinstallées dans les parloirs de certains établissements pour éviter les contaminations, ça déplait forcément aux détenus pour de multiples raisons ! Ils ont eu peur des réactions des détenus avec la vaccination (« ce ne sont pas des cobayes », sic DM), et bien maintenant ils ont peur des mêmes effets suite au choix d’autres méthodes. Ne pas déplaire au Prince !

  8. De toutes façons, dans ce pays de fous, entre le passe vaccinal et le bracelet électronique, il n’y a plus qu’une différence de degré, et non de nature…Les prisonniers auront bientôt plus de droits que les irresponsables non vaccinés, qui ne sont plus des citoyens pour le tyranneau qui nous administre,…mais continuent par leurs impôts à payer, entre autres, le gite et le couvert pour les détenus, et l’hôpital pour tous les vaccinés victimes de graves effets secondaires.

  9. Souvenez-vous. Avec Belloubet, lorsque les français étaient confinés, donc assignés à résidence, dans le même temps, on libérait les prisonniers,
    Pays fantastique !

  10. Laurent RIDEL ! Directeur des services pénitentiaires, parvenu au maximum de ses capacités professionnelles, imbu de sa personne a faire la une du dernier journal de la mutuelle de la Justice,
    Il y aurait beaucoup à dire sur ce personnage que je connais particulièrement bien !
    J’aime votre expression « Garde des sceaux auto-proclamé », elle colle particulièrement bien au personnage !

  11. Pauvre de nous, ces politicards, avocats et juges ne connaissent plus leur métier. Les peines sont déjà si légères, nous vivons dans un drôle de monde, hélas

  12. Les pauvres détenus… logés, nourris, blanchis, soignés et ça gratos !
    Pendant ce temps là dans les ehpad, une autres sorte de prisonniers ne sont pas ou mal soignés faute d’hémorragie dans le monde du soin et privés de visite de leur proche selon le bon vouloir de directions qui ne prennent même plus la peine d’écrire aux famille pour décrire ce qui ce passe…
    Toute les couches de la société sont inadaptées dans ce monde où l’on veut nous entrainer.

    • Bernard.
      « logés, nourris, blanchis, soignés… » Vous oubliez la possibilité de téléphoner, les jeux vidéos, les salles de musculation.. et tutti quanti. Des coqs en pâte. Mieux soignés que nos SDF.

  13. Ah non en sachant que moins de 30% de la population carcérale est vaccinée pas question de les laisser sortir sans leur  » passe sanitaire  » .Trêve de plaisanteries on ne relâche pas des criminels sous un tel prétexte .Je serai d’avis qu’on ramène dans leurs pays d’origine ces prisonniers qui n’ont pas fini de purger leurs peines dans le but d’améliorer les conditions des autres mais en aucun on ne lâche dans la nature ces individus mettant ainsi en danger la population .C’est de l’inconscience .

    • Excellent le « pass de sortie » en fait pour bien connaître le sujet, L. RIDEL a peur que les taules explosent à l’approche des élections, il ouvre le parapluie !

    • Eh oui, des criminels ou des délinquants n peuvent pas être des bêtes d’expérimentation pharmaceutique, que voulez vous, a dit ce cher ministre ancien avocat!

      Je me demande si je ne vais pas voler ou brûler une voiture pour me retrouver en prison, puis libérée avec un pass ….

      Je plaisante, bien sûr, mais c’est pour montrer l »‘incohérence de ce gouvernement de pieds nickelés.

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