Je veux être Emmanuel Macron ou rien !
On connaît cette phrase un peu prétentieuse ou folle du jeune Victor Hugo : "Je veux être Chateaubriand ou rien." Emmanuel Macron, qui n’est pas fou mais qui n’en est pas moins fier, semble se prendre pour lui-même, comme Jacques Brel dans sa chanson « Les Bourgeois ». En effet, à l’occasion d’une interview donnée au Parisien, le 12 avril dernier, Emmanuel Macron a déclaré que s’il perd l’élection présidentielle, il ne sera pas candidat aux législatives. Président ou rien. C’est à prendre ou à laisser.
Je ne me présenterai pas, je pense, moi, aux élections législatives, parce que ce n’est pas mon souhait. Je continuerai à présider le mouvement. Je n’exclus pas d’autres mandats et j’irai porter les couleurs d’En Marche ! En tout cas, je, nous présenterons des candidats dans toutes les circonscriptions et je défendrai leurs couleurs et je les aiderai à gagner.
On admirera l’art de remplir du vide avec soi-même : "Je ne me présenterai pas… parce que ce n’est pas mon souhait." Vous en connaissez beaucoup, des candidats aux législatives qui se présentent mais qui ne le souhaitent pas ? On notera aussi le "je", immédiatement corrigé d’un "nous présenterons". Histoire de rappeler que le mouvement n’est pas macrono-centré et qu’« Il » ne préside pas la commission d’investiture…
En tout cas, ce serait bien la première fois, depuis longtemps, qu’un candidat de premier plan à la présidence de la République, dirigeant un mouvement aux prétentions majoritaires, qui, battu et ayant encore quelque espoir, ne partirait pas au combat en première ligne avec ses troupes aux législatives qui suivent l’élection présidentielle.
Souvenons-nous. En 1981, Jacques Chirac, battu à l’élection présidentielle, se présente en juin de la même année aux élections législatives en Corrèze, après la dissolution décidée par François Mitterrand. Jacques Chirac conservera son siège malgré la vague rose. En 1988, de nouveau candidat à la mère des élections, de nouveau battu, de nouveau candidat aux législatives en Corrèze, de nouveau élu. On aime, on n’aime pas Chirac, mais faut reconnaître qu’il y avait du général Lasalle dans cet homme, même s’il ne partait pas à l’assaut, sabre au clair, n’importe où !
Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle de 2012, n’hésita pas non plus à se présenter dans la foulée aux élections législatives de juin dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, où elle se retrouva à affronter un autre candidat battu à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, ce hussard rouge de la République.
Et l’on pourrait remonter dans le temps et évoquer tous ces candidats malheureux à l’élection présidentielle qui briguèrent un mandat législatif après un délai de « viduité », calendrier électoral aidant : Mitterrand, Balladur, Jospin... Tiens, même Giscard, qui se prenait pour Giscard, redevint simple député après avoir été président de la République. Mais Emmanuel Macron, vous l’avez compris, ne veut pas être Giscard ou Mitterrand. Déjà qu’on lui reproche d’être la réincarnation de Hollande !
Non, Emmanuel Macron se prend pour Emmanuel Macron et veut faire de la politique autrement, nous dit-il. De la politique « deux points zéro », en quelque sorte. Se présenter aux législatives, vous n’y pensez-pas ! Lorsqu’on a presque marché sur l’eau, se retrouver à crapahuter, les pieds dans la boue ou la poussière d’une circo de 100.000 pékins… Laissons cela aux troupiers. Et puis, rien n’est jamais gagné au suffrage universel… Du reste, c’est là le hic !
S’il échoue à la présidentielle, sans une quelconque onction populaire, Emmanuel Macron devra faire face à ses lieutenants qui, eux, seront allés au carton. Le personnage passera alors du temps de viduité à celui de vacuité, dont il n’aurait jamais dû sortir. "Je veux être Chateaubriand ou rien." Cela ne dépend pas de la volonté d’Emmanuel Macron mais de celle des Français…
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