Vers une interdiction des lieux « No Kids » ? Enfin un peu de bon sens…

enfant pleure

Il faut savoir reconnaître les occasions dans lesquelles les socialistes font preuve de bon sens et même – osons le mot - d’intelligence. D’abord parce que nous sommes, nous, honnêtes intellectuellement – et, ensuite, parce que ces crises de lucidité sont si rares qu’elles ne bouleversent pas l’ordre des choses. En l’occurrence, c’est la sénatrice socialiste Laurence Rossignol qui est à l’origine d’une proposition de loi simple et honnête : l’interdiction, en France, des lieux « No Kids ».

Si vous ne savez pas de quoi il s’agit, une rapide recherche sur Internet vous permettra de vous apercevoir du degré d’aberration de notre société occidentale malade. Dans de nombreux pays européens, en Allemagne ou en Espagne par exemple, il existe des centaines d’établissements (hôtels ou restaurants, par exemple) qui refusent d’accueillir des enfants. C’est ce qu’on appelle des lieux « No Kids ». En France, le concept commence à arriver, notamment dans une vingtaine de campings, et ce, sans même parler des mariages, de plus en plus nombreux, où l’on est prié de venir sans enfants.

On peut expliquer cette haine de l’enfance de plusieurs manières. Tout d’abord, il est vrai que les enfants sont de plus en plus mal élevés. Hurleurs, analphabètes, capricieux et insolents, ces petits monstres empoisonnent parfois (c’est vrai) la vie des honnêtes gens. Ce n’est pourtant qu’une partie, minime, du problème de fond. Oui, les enfants font du bruit. Ils courent, ils tombent par terre, ils pleurent, ils se disputent. Ils renversent leur assiette sans faire exprès, slaloment entre les tables, refusent de faire la sieste. Ce sont des enfants, quoi ! Ils sont vivants. C’est, d’ailleurs, la deuxième partie du problème. Ces enfants sont vivants, et nous, collectivement, nous sommes morts. Ce que veulent les vieux pays d’Europe, qui râlent contre l’immigration de peuplement tout en refusant d’avoir des enfants à eux, c’est « un sommeil qui ressemble à la mort », comme dit le prince Salina, dans Le Guépard. En Europe, on veut avoir la paix. Du silence. On regarde brûler les voitures à la télé pour se donner le frisson, mais on adopte des stratégies d’évitement pour se ménager des vacances tranquilles. On se passionne pour la terrible affaire du petit Émile, mais on applaudit à la constitutionnalisation de l’avortement. Ce qu’on aime, c’est le vide, la paix, l’espace : on veut partir en vacances sur l’île des morts, avec des cyprès et du soleil, mais sans enfants. Surtout, pas d’entropie, pas de surprise et pas de continuité des générations. Cette terrifiante soif de mort n’est comparable qu’aux tout derniers temps de l’Empire romain – et encore.

Pour une fois, l’expression « interdit d’interdire » a du sens. On espère, ainsi, qu’il sera bientôt interdit d’interdire les enfants. On est obligé, pour cela, de faire confiance à une sénatrice socialiste. C’est une énième preuve que le clivage entre gauche et droite n’a plus de sens. Le seul véritable clivage opérant serait entre les gens de bon sens – il y en a dans tous les camps - et les idéologues abrutis – il y en a malheureusement aussi dans tous les camps. Si on nous avait dit que le Parti socialiste fournirait, un jour, des défenseurs du pays réel contre la dictature de l’idée, on aurait probablement ri, il n’y a pas si longtemps. La violence de notre époque médiocre nous oblige à former le carré avec tous ceux qui voient les choses telles qu’elles sont. Maigre consolation.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/04/2024 à 23:20.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Contrairement à cette sénatrice je suis pour le Nokids, supporter des enfants qui courent partout, touchent à tout dans les rayons ou hurlent comme des malades n’a rien de plaisant et il faut reconnaître que la majorité des enfants français ou autres en France actuellement sont mal élevés, mal polis et ne respectent rien. quand on en voit un bien poli, calme pour tout dire bien élevé on le remarque immédiatement. Quand je vais au restaurant ou à l’hôtel j’apprécie le calme donc je suis pour les établissements, peu nombreux, qui respectent leurs clients en appliquant le Nokids. Il y a suffisamment d’endroits ou les parents peuvent se rendre avec leur progéniture ,à eux de comprendre qu’ils sont responsables du comportement désagréable de leurs enfants donc du rejet de certains citoyen face à des gosses mal éduqués.

  2. Les parents actuels sont les enfants et petits-enfants de la génération soixante-huitarde, auxquels on a déjà laissé tout faire, ils ne savent donc plus éduquer leurs enfants, pour le plus grand profit de l’Etat qui se mêle même de l’éducation sexuelle de leurs bambins, dès la maternelle ! Qui n’a pas déjà été victime des hurlements d’enfants dans un wagon, et de l’absence de réaction des parents, sauf quand on leur fait remarquer qu’ils ne sont pas les seuls dans ce wagon ?

  3. Du temps pas si lointain où les parents, pour la plupart, élevaient décemment leurs enfants, le problème « no kids », comme vous le dîtes en français, n’existait pas. Peut-on penser que la tolérance de l’enfant-roi insupportable a ses limites…sans être abruti ou socialement moribond pour autant ?

  4. Qu’il est loin ce slogan « interdit d’interdire ». On constate tous les jours où il nous a mené. Mais nous sommes en train de franchir un nouveau cap ou il devient « interdit de penser ». Pour une fois osons féliciter une socialiste par ce projet d’interdire d’interdire. Les enfants sont la vie, c’est aux parents de les éduquer et de leur apprendre les règles de la vie en société. Les enfants se sont que le reflet de l’éducation qu’ils ont reçu.

    • « C’est aux parents de les éduquer et de leur apprendre les règles de la vie en société. » Et s’il ne le font pas ?

  5. Je ne regarde pas les voitures brûler pour me donner un frisson, je n’ai pas la haine de l’enfance et je ne veux pas le vide et l’espace mais je veux la paix! J’ai élevé mes enfants avec le respect de l’autre et je félicite les parents dont les enfants n’empoisonnent pas l’espace public au restaurant par exemple. Non seulement ne pouvons nous plus corriger gentillement un enfant bruyant et turbulant mais nous devons faire face à des parents agressifs qui, n’ayant pas conscience de leur responsabilité première : celle d’éduquer leurs enfants, veulent nous imposer le fruit de leur laxisme. Pourquoi les campings affichent “no kids” parce que les clients ne veulent pas supporter les enfants mal élevés, des clients qui cherchent à profiter de leurs vacances sereinement. L’idée n’aurait pas même pas été considérée il y a quelques années, on en est arrivé là à cause des changements sociétaux qui favorisent l’individualisme plutôt que le bon vivre ensemble. Et non, je n’ai pas applaudi la constitutionnalisation de l’avortement que je trouvais non seulement pas nécessaire mais d’une inhumanité inacceptable compte tenu de ce qui arrive au foetus en cas d’avortement tardif.

  6. Comment peut on refuser un enfant au restaurant ? parce qu’il va faire un peut de bruit ? allez manger dans un Mac Do le midi vous verrez que les brayards ne sont pas des enfants mais des adultes qui se croient seuls et il est désagréable de les entendre non pas parler mais hurler !
    Il suffit d’expliquer à l’enfant qu’il doit rester à table ( vous pouvez très bien lui amener un coloriage )

  7. Ce sont les parents qui sont responsables du comportement des enfants. Nous sommes toujours allés partout avec les nôtres et n’avions que des compliments sur leur sagesse et politesse, ils étaient pourtant de vrais petits diables…

  8. Je dois dire que parcourir la supérette avec un braillard dans l’allée, c’est pas top. Le gamin d’en face m’agace avec sa planche à roulettes qu’il percute avec amour. Au resto, j’aime manger tranquille et savoir parler sans crier. Mais il n’y a pas là que les moutards, et les miens, des filles, ont toujours été « sages » et présentables, polies, sympa et attiraient l’attention car en plus elles étaient très jolies…( Encore maintenant, adultes).
    Pour autant, les resto avec une table de profs, habitués à hurler en classe ou des « commerciaux » habitués à aplatir les clients dans leur « show room »,une fois autour de la table, ça jacasse ferme et parfois,madame et moi, nous nous déplaçons. Par ailleurs, le bruit est partout et le bruit urbain est un fléau. Mais il semble que nous ne savons pas vivre sans bruit, d’où le bruitage d’ambiance dans les films et séries….

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