Un retraité surenchérit : Lucas pourrait perdre la ferme familiale

Le retraité a attendu le dernier jour : « C’est dégueulasse », réagit Lucas, la CR47 s'indigne : « Honte à lui ! »
Capture écran Sud Ouest.fr
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Pour une fois, c’était une histoire qui finissait bien que vous racontait BV, la semaine dernière : Lucas Wafflart pensait avoir sauvé la ferme de ses grands-parents grâce à l’aide de la Coordination rurale 47. Un commerçant à la retraite, ancien candidat sur la liste municipale Mieux Vivre Marmande, a attendu le dernier jour pour renchérir et tenter de rafler la mise. « C’est dégueulasse », réagit Lucas. La CR47 ne mâche pas ses mots : « Honte à lui ! »

La CR47 (le syndicat Coordination rurale) avait demandé aux agriculteurs de ne pas renchérir quand, le 19 juin dernier, la ferme de la famille Giol, à Mauvezin-sur-Gupie, était vendue aux enchères au tribunal de commerce d’Agen. « Il serait INACCEPTABLE que cette ferme soit vendue à un tiers ! La CR47 veillera à ce que la vente se déroule dans les meilleures conditions pour Lucas. Lucas doit être prioritaire, le bien doit rester dans sa famille, ses grands-parents ne doivent pas être expulsés. Dans le cas où le prêt bancaire de Lucas et sa famille tarderait à être validé, la chambre d'agriculture se portera acquéreur afin de restituer le bien à Lucas dès qu’il s’installera ! La transmission du patrimoine est une valeur forte des paysans… il ne peut en être autrement pour cette famille ! » La Coordination rurale 47 avait été claire et avait largement diffusé son message sur les réseaux sociaux. Le prix de la ferme avait été fixé à 140.000 euros, celui-ci avait baissé vingt-six fois de 10 % pour atteindre le montant de 10.045 euros, permettant ainsi à la SAFER de Nouvelle-Aquitaine de la racheter pour la revendre à Lucas quand il serait en mesure de reprendre l’exploitation familiale. Lucas avait « retrouvé le sourire », était « le plus heureux du monde », ses grands-parents ne seraient pas expulsés et il pourrait réaliser « [s]on rêve depuis 18 ans ».

Comment ne pas se réjouir à la vue de ce jeune qui se bat pour le patrimoine familial, pour travailler durement et honorer les efforts de ses aïeux ? L’affaire semblait pliée, à la sortie du tribunal de commerce d'Agen, mais il restait dix jours pour qu’un acquéreur se fasse connaître et renchérisse. Un commerçant à la retraite de Marmande a attendu le dixième jour pour faire une offre à 11.049 euros, soit 10 % de plus que celle de Lucas, annulant ainsi la première vente. La CR47 lui laisse le « bénéfice du doute », l’enchérisseur pouvait ne pas être au courant de l’affaire, explique, à BV, le syndicat, qui ne compte pas lâcher l’affaire. « Nous avons appris hier soir qu'un retraité de Marmande, M. D., ancien commerçant et candidat sur une liste aux dernières élections municipales, a surenchéri, dans le délai légal de 10 jours, sur l'offre de la SAFER et de la chambre d'agriculture. La CR47 et la chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne se mobilisent à nouveau pour ne pas que le bien échappe à Lucas ! Nous recevons énormément de messages de soutien à Lucas et d'indignation envers l’acquéreur ! Honte à lui ! La CR47 n'a pas dit son dernier mot ! », a publié, hier, la Coordination rurale 47, sur Facebook.

Lucas Wafflart réagit auprès de La Dépêche : « Je suis très mal et j’en ai ras le bol, de cette histoire. Je veux juste récupérer la ferme et que tout ça s’arrête. Mais là, on est reparti pour un tour. » Ses grands-parents risquent l’expulsion et lui de ne jamais pouvoir reprendre l’exploitation familiale. En octobre, une nouvelle vente aux enchères sera organisée, explique la CR47, mais s’il y a au moins deux enchérisseurs - la SAFER et le retraité -, rien ne dit que d’autres ne seront pas tentés par l’aubaine d’une ferme à si bas prix.

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