Lucas sauve la ferme familiale grâce à la solidarité et au bon sens paysan

« Je suis le plus heureux du monde », « ça représente tout pour moi ». À la sortie du tribunal de commerce le 19 juin dernier, Lucas Wafflart se félicite et se réjouit : la ferme de ses grands-parents est sauvée ! Elle était placée en liquidation judiciaire et vendue aux enchères. Le jeune homme, âgé de 18 ans, aurait bien pu ne jamais pouvoir la reprendre et voir ses grands-parents expulsés après des années d’effort et de travail au service de leur terre.
« Ça gâche mon avenir, mon rêve depuis 18 ans »
La joie du jeune homme fait chaud au cœur, surtout après avoir lu sa peine dans un article de La Dépêche publié avant la vente aux enchères. Le jeune agriculteur du Marmandais (Lot-et-Garonne), « les yeux embués de larmes », racontait que « depuis tout petit, [il] rêv[ait] de reprendre la ferme de ses aïeux ». Cette continuité semblait écrite, le grand-père de Lucas expliquait à France 3 que le petit garçon âgé de trois ans conduisait avec lui le tracteur. Mais à cause de mauvaises récoltes, de lourdes charges et d’autres aléas, cette ferme de 43 hectares située à Mauvezin-sur-Gupie a bien failli quitter la famille. Le jeune agriculteur exprimait son inquiétude et sa déception : « Ça gâche mon avenir, mon rêve depuis 18 ans... Détruire le rêve d'un jeune qui veut s'installer, c'est inadmissible, je n'ai jamais vu ça. » Un jeune qui veut travailler dur et, en plus, honorer les efforts de ses grands-parents en s’attachant à une terre, c’est assez exceptionnel. En tout cas, ce n’est pas de ce genre de jeunes-là qu'on entend d’habitude parler, dans les médias. Celui-là veut construire, redresser et assurer la continuité quand d’autres détruisent, mettent à terre et du passé font table rase.
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« La transmission du patrimoine est une valeur forte des paysans »
Pour éviter que la ferme ne soit vendue, le syndicat agricole Coordination rurale s’est rapidement levé pour aider Lucas. Sur les réseaux sociaux, c’était une véritable mobilisation : « Il serait INACCEPTABLE que cette ferme soit vendue à un tiers ! La CR47 veillera à ce que la vente se déroule dans les meilleures conditions pour Lucas. Lucas doit être prioritaire, le bien doit rester dans sa famille, ses grands-parents ne doivent pas être expulsés. Dans le cas où le prêt bancaire de Lucas et sa famille tarderait à être validé, la chambre d'agriculture se portera acquéreur afin de restituer le bien à Lucas dès qu’il s’installera ! La transmission du patrimoine est une valeur forte des paysans… il ne peut en être autrement pour cette famille ! » Dans une autre publication datée du jour de la vente, le syndicat espérait « que le bon sens de chacun fasse en sorte que la ferme reste dans sa famille ». Le fameux bon sens paysan n’a effectivement pas fait défaut, ce jour-là.
Le jour de la vente aux enchères au tribunal judicaire d’Agen, aucun potentiel acquéreur extérieur ne s’est présenté, le prix initial de la ferme fixé à 140.000 euros est ainsi descendu jusqu'à 10.045 euros. C’est la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) de Nouvelle-Aquitaine, missionnée par la chambre d’agriculture où la CR47 est majoritaire, qui a remporté la vente, rapporte La Dépêche. La ferme pourra ainsi être revendue à Lucas Wafflart à la fin de ses études. Lucas a « retrouvé le sourire » grâce à la solidarité du monde paysan, bien obligé de se serrer les coudes quand tout le monde leur tourne le dos.
L’histoire de Lucas n’est pas sans rappeler celle d’un jeune agriculteur du Nebraska qui, en 2011, espérait à peine pouvoir racheter l’exploitation familiale tombée dans de mauvaises mains et qui, le jour de la vente aux enchères, s’est retrouvé seul enchérisseur face à 200 agriculteurs silencieux. Le bon sens, la solidarité dans les épreuves, la transmission et le goût de l’effort… dommage que ce ne soit pas cette jeunesse-là qui fasse le plus de bruit dans les médias !

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24 commentaires
Ce brave gars a du mérite et courage bravo! Il travaille lui , comme les gueux et autres sans dents qui payent leurs impôts . Et les autres » jeunes » que font ils ?
le genre d’histoire » qui se finit bien » et c’est tant mieux pour Lucas à qui je souhaite le meilleurs avenir possible ! mais en effet ce n’est pas cette jeunesse qui fait la une des journaux, en même temps c’est normal, cette jeunesse là elle bosse, elle n’a pas le temps d’aller faire le mariole, casser, voler, incendier !
Lucas tu es sur le bon coté de la vie, bravo à toi.
Voici une belle histoire comme on aimerait en lire plus souvent. Malheureusement, l’actualité est ce qu’elle est. Bravo à ce jeune homme auquel je souhaite le meilleur dans son entreprise. Et merci à ceux qui ont permis un dénouement heureux à cette histoire de France, la VRAIE.
Ça fait du bien de lire ces témoignages.
Comme quoi la France connaît encore le courage constructif de certains jeunes et la solidarité. Cela fait plaisir, tenez bon!!!!
Pas le temps de faire du bruit ils bossent, eux
Bravo. Soutien aux paysans.